On va gagner, Sébastien.
Tes yeux semblent s'être illuminés. Si longtemps ternis, tu voulais y croire. Tu n'arrivais pas à réaliser qu'il ne fallait que des mots de ton amant pour reprendre tes forces vitales et retrouver un maigre espoir qui, pourtant, demain, te semblera fou et immature, utopique. Ce bonheur était éphémère, demain tout serait différent, mais ça ne changerait rien. Tu t'es habitué au bonheur de courte durée. Regarde, Chiharu est morte alors que tu commençais à l'apprécier. Tu t'es fait démasqué au moment où tu t'installais à la place de chef d'Atlantide. Tu commençais à te sentir humain et on est venu t'arracher ton trésor.
Tes deux mains remontent lentement jusqu'au visage de ton fiancé, encadrant les traits de ce dernier alors que ton expression semble étrangement émue.

« Tu souris. »

Tu en sembles épater. Tu ne peux pas t'empêcher d'en rire nerveusement, les yeux un peu rougis.
Tu n'avais pas vu Sora sourire depuis des lustres. Pas de cette façon. C'était un vrai sourire, et ça t'avait manqué. Ca t'avait manqué parce qu'aussi loin que tu t'en souviennes, il n'avait jamais souri depuis l'épisode de la patinoire. Les jours qui ont suivi n'ont été que plus sombres et plus inquiétants, de plus en plus douloureux.
Tes lèvres s'accrochèrent avec passion à leurs comparses, tes doigts glissant jusqu'à l'entrejambe de l'asiatique que tu caressais avec fièvre et sensualité. Ton corps entier redevenait brûlant d'envie. Cette nuit, tu lui ferais l'amour autant de fois que tu le pourrais, parce que tu es passionné, parce que tu es amoureux, parce que tu veux voir qu'il t'appartient tout entier. Et pourtant.
Pourtant, tu es loin de réaliser que demain, on viendra encore te détruire.
Et détruire tout ce qui tourne autour de toi

On va gagner.