Imagining the future is a kind of nostalgia. [...] You spend your whole life stuck in the labyrinth, thinking about how you'll escape it one day, and how awesome it will be, and imagining that future keeps you going, but you never do it. You just use the future to escape the present.

Tu sais bien que ce n'est pas fini, mais pour ce soir, tu préfères t'illusionner sur la question. Aujourd'hui, dans une moindre mesure, tout va bien. Tout va bien parce qu'il est à tes côtés et qu'il t'aime, tout va bien parce que pour le moment vos ennemis vous ont tourné le dos, vous accordant quelques instants de paix. Taiga Yamazaki est hors d'état de nuire et les traqueurs ne sont plus en droit de s'en prendre à ton amant - ni à toi, de fait. Tout va bien, parce que tu n'es plus l'adolescent maladroit incapable de parer et de rendre les coups, parce que vous êtes invincibles et que tu vas le prouver, à lui, à eux, à tous.

Sébastien se rapproche finalement, te repousse contre le matelas, te surplombe de toute sa superbe. Tu restes immobile, tes bras déployés sur la mousse. Tu songes une seconde que tu ressembles à ces enfants qui s'étalent dans la neige pour y dessiner des anges, souris brièvement à cette pensée. La chaleur de ton fiancé, son corps pesant contre le tien, chasse instantanément tes idées noires ; il suffit d'une caresse de sa part pour te ramener à l'état ô combien reposant de simple d'esprit, et tu serais bien le dernier homme sur terre à t'en plaindre. Et tu te perds dans son regard trop intense, une fois de plus, une fois de trop. Tu es à sa merci, déférent.

Ils ne m'auraient jamais eu.
Tu réprimes une grimace. Tu le revois, l'épaule démise et couvert de sang, avançant vers sa mort d'une démarche boiteuse. Tu te souviens de l'expression victorieuse de tes tortionnaires, de ces adieux déchirants qui résonnaient inlassablement dans ton crâne. Tu pourrais le contredire, lui rappeler à quel point ils avaient été proches d'avoir sa peau, une bonne fois pour toutes. Tu pourrais, oui, mais tu t'abstiens, comme à ton habitude. Tout va bien. Tout va bien. Je suis plus fort que n'importe qui. Ses lèvres s'étirent dans un rictus, et tu viens te coller un peu plus à son torse dénudé, ton dos s'arquant légèrement. Maintenant, je vais te protéger. Tu fermes les yeux, t'arrêtes sur la portée intemporelle de ces mots. Je vais prendre soin de toi. Tout ira bien, tout ira mieux. Je tuerai le monde entier si il le faut. Il y a quelques mois, tu aurais été horrifié par une telle menace, mais à présent, tu te contentes d’acquiescer en silence, hochant lentement la tête. Le sort du reste de cette humanité haïssable ne t'importe plus. Qu'ils crèvent, tous ; ces monstres ne méritent même pas le privilège de mourir de sa main. Un énième baiser, dans un effleurement. Tu veux rentrer à la maison ? La maison. Oui, ça sonne bien, presque trop. Ta gorge se noue instantanément, et tu te redresses, en appui sur tes avant-bras. C'est chez vous, maintenant. La genèse de votre vie à deux.

"- Oui, murmures-tu en posant ton front contre le sien, l'esquisse d'un nouveau sourire distordant tes traits. Rentrons."