« Ca ira, de toute façon c'est sans doute trop grand pour moi et ça serait ridicule. »
Sora grimaça, reculant de quelques centimètres pour s'enfoncer sous les draps. Effectivement, le français avait raison, l'intégralité de sa garde-robe taillait trop grand - et pour cause, même lui commençait à nager dans ses t-shirts -. Il était stupide.
Sébastien s'était posté devant lui, visiblement soucieux. Il paraissait complètement déplacé dans cette chambre, à l'instar d'un téléviseur au beau milieu d'un palais de la Grèce antique. Mais ce n'était pas déplaisant, au contraire. Les lieux paraissaient illuminés par sa présence, encore une fois.
L'adolescent l'observa quelques secondes alors qu'il se déshabillait à son tour, révélant à nouveau ses cicatrices. Elles lui paraissaient moins repoussantes que lors de la soirée qu'ils avaient passée au love hotel.
Son amant le rejoignit rapidement sous les couvertures, dans un lit qu'il n'avait jamais eu ne serait-ce que l'idée de partager avec quiconque, blotti contre son dos. Un baiser sur sa nuque, qui arracha un frisson au jeune brun, dans une ultime caresse, et il l'enveloppait de sa chaleur.
« Ca ira ? »
Bien sûr que ça ira, Sébastien. Ça ira tant qu'on est tous les deux. Il peut plus rien m'arriver, tant que t'es là, je le sais. Ça ira, t'as pas à t'inquiéter, tu me protèges, pas vrai ? Tout ira bien, maintenant, les choses vont s'arranger, on s'en ira. Tout va bien.
Agrippant doucement la main de l'ancien soldat entre ses doigts fatigués, Sora cessa de lutter contre l'épuisement et s'abandonna au sommeil sur ces pensées naïves.
A cet instant précis, il n'avait pas la moindre idée d'à quel point il avait tort.
A cet instant précis, personne ne pouvait briser l'utopie qu'il s'était construite.
A cet instant précis, il se croyait invincible, hors d'atteinte de la tragédie qui s'acharnait sur son sort.
Profite, Sora. Le compteur tourne.
Tu n'as plus beaucoup de temps.