Tu le sais, tu le sens, tout au plus profond de toi, que tu ne devrais pas. Et pourtant, te voilà, arpentant de nouveau, après si longtemps, ces rues que tu connaissais tant autrefois, que tu as presque oubliées avec les mois passés dans ce manoir. Certes, Naomi, tu ne peux pas mentir. Tu t’es accoutumée aux gens qui y habitent avec toi. Tu as commencé à apprécier le cuisinier et certaines des intervenantes. Étrangement ça te rappelle un temps révolu où tu habitais une maison avec d’autres enfants comme toi. Cette maison que tu as quittée parce que tu voulais découvrir le monde, le ciel, le ciel orangé.
Il est toujours aussi orange. Tu n’as toujours pas percé son mystère. Tu aimerais le faire. Alors pourquoi ne le fais-tu pas?
Tu es sortie par une fenêtre alors qu’ils te croyaient endormie.
Tu t’es réveillée, traînant ta guitare avec toi, ton éternelle guitare, qui ne te quitte toujours pas, car tu ne saurais trop quoi faire sans elle.
Il fait noir, mais les lumières rendent tout plus clair.
Ils ont laissé ton masque à l’usine. Tu aurais voulu aller le chercher plus tôt. Là, tu as l’occasion de le faire. Tu as l’occasion de retourner chez toi, même si tu sais que tu ne pourras pas y rester longtemps. Tu pourrais te cacher, Naomi, rester dissimulée dans l’ombre, dans ton monde pendant un moment infini, le temps qu’ils partent, mais tu sais que tu as quelque-chose à accomplir. Tu es une super-héroïne, maintenant. Et bientôt, tu devras sauver le monde. Tu n’auras pas le choix de le faire, parce que c’est important, ils te l’ont répété souvent.
Tu as grandi depuis ces derniers mois. Tu sais mieux lire. Tu sais mieux écrire. Tu te souviens des choses que tu avais oubliées lorsque tu n’avais que sept ans. Tu comprends mieux le monde et il te fascine avec sa grandeur et ses secrets. Tu voudrais en apprendre plus, mais ils t’apprennent lentement. C’est triste, qu’ils t’apprennent lentement, parce que toi, tu apprends plus vite.
Ils ne le savent pas. Et toi, tu ne sais pas pourquoi.
Tes pas résonnent contre le pavé et tu regardes les voitures passer. Ils t’ont tous connu comme Little Naomi. Tu te connais toi-même par ce nom. C’est le nom qu’ils t’ont donné, ceux qui arpentaient ces rues comme toi tu le faisais. Tu te demandes s’ils se demandent, eux aussi, où tu es passée. Tu as tant changé, depuis. Tes cheveux sont propres. Ta peau est propre. Tu ne portes plus ces vieux vêtements trouvés de par l’usine. Tu es différente, et ce mot-là, bien qu’ils te répètent que c’est bien, tu trouves qu’il sonne mal, comme si de changer était mauvais. Tu ne comprends pas pourquoi. Ma pauvre, si tu savais à quel point tu as raison.
C’est à ce moment, après quelques heures de marche, pantoufles aux pieds, pyjama rose sur le corps, que tu prends conscience d’à quel point l’usine est loin de ton point de départ. Tu aurais cru que ça aurait été rapide. Tu n’y es toujours pas arrivée.
Tu as de l’endurance, Naomi, mais ça fait déjà quelques heures et tu sens avoir perdu ce que tu avais avant. La ville te fait plus peur qu’elle ne te faisait avant. Tu regardes les grands bâtiments allumés de partout et tu te sens soudainement très petite, trop petite.
L’angoisse te prend.
Le ciel orangé te nargue. Il aura encore eu raison de toi.
Tu t’assois sur la rambarde de béton, séparant le parc de la route, prenant ta guitare alors que tu le fais pour ne pas qu’elle touche le sol. Nouvelles cordes. Elles ne sont pas brisées. Elles sonnent mieux. Elles sonnent mieux quand elles sont accordées.
Et tu grattes quelques accords en attendant que tes jambes soient moins fatiguées et te permettent de continuer.
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Dim 10 Aoû - 5:24
TRAÜMA majuscule, il apparaît toujours quand on s'y attend le moins. Fantôme blanc à masque de loup, il passe sa main sur son visage, triturant son bridge, puis jouant avec son piercing. En réalité, il n'a jamais de raisons d'être là. Ou alors elles sont complètement mauvaises. Il s'en fiche un peu. Il aime bien marcher la nuit. Les chats sont gris, la nuit, quand l'or du ciel a perdu de son éclat pour devenir mer d'encre au dessus de nos têtes.
Et au détour d'une route, alors qu'il ne sait pas où il est, il entend des choses. Ce ne sont pas ses cauchemars, ni ceux des autres ; c'est de la guitare. Elle semble vieille. Et la fille qui la tient semble si jeune. Elle doit lui arriver à la hanche. Ses sourcils se haussent, il panique un peu. Un pyjama rose, des pantoufles. Un fugue ?
Sans bruits, le loup s'approche du chaperon rose.
Spoiler:
je ne sais pas si le RP est vraiment d'actualité, mais je réponds. si tu ne veux plus car ton propre rp a avancé, no problem.