Vendredi. 8h. Pourquoi a-t-il fallut que j’accepte un rendez-vous aussi tôt ? Je ne sais pas ce qu’il m’a pris, m’enfin si c’est pour le boulot je vais le faire. Cassandra devait se rendre au lycée Suguri pour un entretien avec le directeur qui avait besoin de costume pour une pièce de théâtre qu’ils avaient prévu de faire dans deux mois. Elle sortit de son appartement en courant de peur de louper le métro qui devait la conduire à Shibuya. Il ne lui restait plus que dix minutes alors qu’il lui en fallait quinze pour arriver là-bas. Alors qu’elle était en chemin, elle laissa tomber son sac. Rohh, non pas ça, j’ai pas le temps ! Ramassant ses affaires sur le sol, elle vit un taxi passer à côté d’elle. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ? La jeune femme piqua un sprint pour tenter de le rattraper, mais n’y arriva pas. Elle consulta alors sa montre, lâchant quelques jurons. Respirant un grand, elle reprit sa course en direction du métro. Une fois arrivée sur place, elle remarqua que celui-ci était déjà arrivé et se glissa à l’intérieur de justesse avant que les portes ne se referment.

- Ouf, j’ai eu de la chance.

Un vieil homme qui était à côté d’elle la regarda bizarrement. Elle lui lança un regard qui signifiait « bah quoi, on n’a plus le droit de parler tout seul maintenant ? », puis elle alla s’asseoir et sortit son téléphone portable. Elle avait rendez-vous à 8h50, pourvu qu’elle arrive à l’heure. La demoiselle hésita un instant à prévenir le directeur de son possible retard, cependant au moment d’envoyer l’email, elle se ravisa se disant qu’elle n’aurait qu’à piquer un sprint une fois arrivée à Shibuya. Quelques minutes plus tard, elle descendit du métro et une fois dehors serra son sac contre elle tout en courant le plus vite possible. Des gouttes commencèrent bientôt à tomber. Merde, fait chier. Je vais être complètement mouillée. La pluie se faisait de plus en plus forte, mais elle arriva devant le lycée et eût juste le temps de rentrer avant que cela n’empire. Elle était maintenant debout à l’intérieur du bâtiment avec au-dessous d’elle, une flaque d’eau assez conséquente. Il était 8h35, il lui restait une quinzaine de minutes pour trouver comment se sécher.

Et puis, se souvenant de quelque chose, elle ouvrit subitement son sac, sortant les croquis pour les costumes de la pièce de théâtre. Ils étaient eux aussi trempes, la jeune femme lâcha un juron et regarda autour d’elle pour voir s’il n’y avait pas quelqu’un qui pouvait l’aider. Malheureusement, cela faisait cinq minutes que les cours avaient commencé et donc, il ne devait y avoir personne aux alentours. Cassandra décida de marcher un peu à la recherche d’un signe de vie. Au détour d’un couloir, elle aperçu une ombre un peu plus loin. Ça doit être un élève qui est en retard, j’ai bien de la chance.

- Hé toi là, heu… jeune homme ! Tu peux m’indiquer un endroit où je pourrais me sécher, s’il te plait ? T’es déjà en retard alors quelques minutes de plus ou de moins…

Et comme pour l’inciter à accepter, elle ajouta :

- Et puis, tu ne feras pas engueuler, je pourrais dire au directeur que tu m’as gentiment aidé à trouver son bureau.

Cassandra prit ses cheveux entre ses mains et les essora. Sa nuque était froide et mouillée, c’était une sensation assez désagréable. La pluie l’avait complètement gelée, elle tremblait. La demoiselle était d’une nature assez frileuse alors ajouter à cela quelque chose de froid et elle était bonne pour tomber malade. D’ailleurs, elle éternua plusieurs fois de suite. Merde. Au fond d’elle, elle priait pour rester en bonne santé. Elle se souvenait la dernière fois qu’elle avait dû rester chez elle, parce qu’elle avait attrapé froid. Elle avait passé son temps à tourner en rond parce qu’elle voulait travailler, mais qu’elle ne le pouvait pas vu son état. La rousse chassa ce vieux souvenir en secouant la tête. Le jeune homme qu’elle avait interpelé lui avait répondu qu’il pouvait la conduire dans le hall de l’administration. Il commença à marcher et elle lui emboita le pas. Il y eût un silence assez pesant pendant quelques mètres, puis elle ne put s’empêcher de parler, trouvant cela assez ennuyeux.

- Merci. Merci de m’aider, c’est gentil de ta part. Si ce n’est pas trop indiscret, tu es en quelle année ? Tu m’as l’air assez jeune.

La jeune femme le détailla discrètement, il était un peu plus petit qu’elle et avait un visage enfantin. Et puis, il avait les cheveux verts. Était-ce son imagination, ou un effet à cause de la lumière ? Elle plissa les yeux et se concentra. Non, c’était vraiment vert. C’était certainement à cause de l’explosion d’il y a quelques années. Peut-être avait-il aussi un pouvoir ? Ou alors, elle avait tout faux. Elle hésita un instant puis demanda :

- Tu es japonais ? Enfin, il me semble que ta couleur de cheveux n’est pas celle qui typique de ce pays. Serait-ce une teinture ? Désolé si je te pose trop de questions. C’est juste que… je n’apprécie pas le silence. En dehors des moments où il est primordial en tout cas.

Là encore, elle pensait au travail. À croire qu’elle ne pensait qu’à ça. C’était presque le cas, plutôt dire qu’elle avait eût beaucoup à penser ces derniers temps, mais depuis que son patron était revenu de voyage, cela allait mieux. Même s’il fallait bosser à fond pour faire gagner de l’argent à l’entreprise. Sentant que sa veste mouillée la refroidissait de plus en plus, elle l’enleva et la posa sur son avant-bras. Il fallait qu’elle se dépêche, premièrement parce que sinon elle serait obligée de se déshabiller dans le couloir pour ne plus trembler et deuxièmement parce qu’elle allait être en retard à son rendez-vous. Elle pressa alors le pas, signifiant au jeune homme qui l’accompagnait qu’il fallait faire plus vite.

- Excuse-moi de te stresser un peu, mais j’ai pas le temps de traîner en chemin. C’est encore loin ?

Voilà qu’elle faisait son impatiente. La demoiselle détestait vraiment être en retard et faire attendre les gens. En même temps, heureusement qu’elle était tombée sur lui sinon, elle serait entrain de tourner en rond vers l’entrée avec une énorme flaque d’eau au-dessous d’elle. Elle essora à nouveau ses cheveux, ayant senti quelques gouttes sur ses épaules. Puis, elle se tourna vers le lycéen.

- Au fait, tu t’appelles comment ?