MUSIQUE

Je vais te dire un grand secret Toute parole
A ma lèvre est une pauvresse qui mendie
Une misère pour tes mains une chose qui noircit sous ton regard
Et c'est pourquoi je dis si souvent je t'aime
Faute d'un cristal assez clair d'une phrase que tu mettrais à ton cou
Ne t'offense pas de mon parler vulgaire Il est
L'eau simple qui fait ce bruit désagréable dans le feu

Hier c'était un chemin robuste.
Aujourd'hui c'est une allée dans un jardin fleuri qui mène jusqu'à une grande maison.
La maison dans laquelle vous trouvez un refuge, une place où vous n'avez pas besoin de vous empêcher de respirer. Parce qu'ici on ne vous punira pas pour aimer. Car la vérité c'est que personne ne peut s'imaginer ce qu'il se passe entre les quatre murs de cette douche, les promesses de toute une vie qui y sont dévoilées, le recensement  d'un passé sanguinolent. Il n'y a jamais eu personne pour vous aider réellement, tous les deux à la fois. C'était vous et le reste du monde, et tu étais heureux que ça soit le cas, car, désormais, tu ne laisseras personne éclater la bulle épaisse et opaque qui se matérialisait tout autour de vous, vos souffles s'enchevêtrant et vos corps s'accolant pour ne faire plus qu'un.
On a l'éternité, pour nous. Oui, l'éternité nous appartient.

« Je veux juste me remettre sur pied rapidement pour pouvoir te caresser le visage... Tu souris. Te tenir la main... Et tu lèves les yeux vers lui. Et te faire l'amour, aussi. »

Tu ris un peu, t'imaginant déjà combien Sora pouvait paniquer dans sa petite tête. Tu étais joueur et le fait que tu sois handicapé aujourd'hui ne te changera pas. Tu as subi suffisamment de traumatisme pour ne pas te laisser abattre ; maintenant tu n'es plus à ça près. La seule chose que tu peux regretter serait de perdre ton fiancé d'une façon ou d'une autre. Ton trésor que tu gardes jalousement, que tu crains de te voir enlever par quelqu'un de plus fort, plus stable. Quelqu'un qui réaliserait à quel point il est l'incarnation du mort perfections et ce, même dans les détails les plus imparfaits. Mais qui s'en soucie, quand on aime ?

Je vais te dire un grand secret Je ne sais pas
Parler du temps qui te ressemble
Je ne sais pas parler de toi je fais semblant
Comme ceux très longtemps sur le quai d'une gare
Qui agitent la main après que les trains sont partis
Et le poignet s'éteint du poids nouveau des larmes

« Chaque chose en son temps ceci dit »

Tu glisses sur le côté, à ton tour ton dos se repose contre le mur, sentant l'eau dégouliner le long de ton corps. Tu ne sais même plus depuis combien de temps vous êtes là maintenant.

Je vais te dire un grand secret J'ai peur de toi
Peur de ce qui t'accompagne au soir vers les fenêtres
Des gestes que tu fais des mots qu'on ne dit pas
J'ai peur du temps rapide et lent j'ai peur de toi

Tu tournes la tête vers lui en faisant la moue.

« Et t'as plus intérêt à prendre ta douche avec ton boxer bon sang. Je t'ai déjà vu nu plein de fois. »

Je vais te dire un grand secret Ferme les portes
Il est plus facile de mourir que d'aimer
C'est pourquoi je me donne le mal de vivre
Mon amour

MUSIQUE

J'ai regardé devant moi
Dans la foule je t'ai vue
Parmi les blés je t'ai vue
Sous un arbre je t'ai vue

Tu avais fermé les yeux depuis quelques secondes déjà, ne pouvant entendre que l'éclatement des gouttes aqueuses sur ta peau et le carrelage chauffée par votre présence. Tu ne remarques même pas que la main de ton amant a effleuré la tienne, tu es incapable de le sentir, et ça te brise le cœur. Il t'a fallut ouvrir les paupières et baisser les yeux pour pouvoir te rappeler combien tu aimes la douceur de sa peau et le simple fait de te l'imaginer te rend comblé. Tes joues s'enflamment avec délicatesse, tes lippes tremblent un peu, arraché entre l'émotion et la gêne. Mais tu n'as rien besoin de plus. Il te suffit de te concentrer pour que tu oublies que tu es un hybride jonchant à l'intérieur d'une douche minuscule. Dans votre cocon. Je crois qu'on est en train d'épuiser l'eau chaude.
Tu lèves ton regard vers le pommeau accroché à la paroi, comme si cela ne t'avait pas semblé évident. Tu hoches la tête.

« Oui. »

Tu n'en avais peut-être rien à faire – même si la facture risque d'être moins amusante. Tu te redresses un peu, assis face à Sora désormais et allant appuyer ton genoux contre son bas-ventre, arrachant un sourire bienveillant et à la fois malicieux.

« Mais même s'il n'y en a plus je suis capable de te réchauffer. »

Au bout de tous mes voyages
Au fond de tous mes tourments
Au tournant de tous les rires
Sortant de l'eau et du feu

« ... Tu me rends vraiment détraqué bordel, il s'est passé quoi en cinq mois ? Tu appuies ta tête contre son épaule et embrasse cette dernière. Allez, sortons de là, tu vas attraper froid. »

Tu serres doucement ses doigts entre les tiens, du mieux que tu le peux.
Tu quittes ce petit endroit clos, tirant maladroitement ton amant par la main, un geste qui te semble aujourd'hui si difficile. Tu te mets face au miroir et puis il est derrière toi. Et tu souris, parce que tu trouves que vous êtes magnifiques une fois réunis.

L'été l'hiver je t'ai vue
Dans ma maison je t'ai vue
Entre mes bras je t'ai vue
Dans mes rêves je t'ai vue

Je ne te quitterai plus