Je pense que cela n’est un secret pour personne. J’ai hâte de rentrer. J’ai dû annuler mes rendez-vous pour aujourd’hui. Certainement aussi ceux de demain. Je dois m’occuper d’elle, même si ce n’est que pour quelques jours. De toute façon, je ne lui laisse pas le choix. C’est comme ça et pas autrement.
J’avais donc aidé la demoiselle à quitter l’hôpital. Vous n’imaginez pas la surprise que j’ai eue en voyant un taxi juste devant l’entrée pour nous accueillir. Encore un coup de mon père. Il avait même donné suffisamment d’argent au chauffeur pour qu’il nous ramène. Je ne devrais donc pas payer la course. Je dois bien le reconnaître, entre le coup des vêtements pour Hide, les bandages et le reste, il remplit à merveille son rôle en tant que père. Mais ce qui m’étonne c’est qu’il ne semble pas gêné par le fait que sa fille ait une aventure avec une autre femme. Je ne savais pas mon paternel si ouvert d’esprit. Cela dit, bien que je me chamaille souvent avec lui, c’est une bonne personne. Même après que ma mère nous ait quittés, il a toujours été là pour moi et il a au moins essayé de jouer son rôle jusqu’à ce que je devienne indépendante comme maintenant. Je ne sais pas comment te le dire papa, mais… merci pour tout. Un de ces quatre je t’exprimerais mon remerciement. Mais pour l’heure j’ai des choses plus importantes à faire.
La course de notre chauffeur n’avait pas été longue. Il faut dire que pendant tout le trajet j’étais focalisée sur la demoiselle. Elle avait l’air de déguster quand même. En fouillant le sac j’ai même trouvé des antidouleurs assez puissants, mais faut voir comment ça te mets K.O aussi. Bon cela dit, je pense que la demoiselle a besoin de repos tout de même. Et je ne vais certainement pas l’empêcher de se reposer. J’irais même jusqu’à dire que je vais l’obliger à le faire. Bref, après quelque temps de trajet, nous y sommes enfin. Je disais alors au chauffeur de s’arrêter, ce qu’il fit. Il m’aida même à porter le sac jusqu’à la maison. Un homme très courtois, on en voit peu en ce moment. Je le remerciais en lui donnant un pourboire assez sympa avant qu’il ne s’éclipse. À l’instant même où la porte se ferma, je déposais un énième baiser sur les lippes de ma chère Hide, avant de lui dire presque avec déni :
Leiko ••• Navré ma belle, tu vas devoir déguster encore un peu, j’habite à l’étage, ma colocataire ne sera pas contente du tout si je squatte chez elle. Bon je vais t’aider à monter hein.
Et ensemble nous bravâmes l’impossible. Monter les marches. Un jour j’installerais un ascenseur. Non je déconne ça coute pas mal de pognon quand même. Mais après quelques longues secondes durant lesquelles je pouvais presque ressentir la douleur de la demoiselle, qui se voyait par ailleurs par ses grimaces, enfin nous fûmes à l’étage. Je l’emmenais alors jusqu'à ma chambre avant de l’aider à s’assoir sur le lit. Un petit soupir s’en suivit. Rude épreuve quand même. J’allais ensuite chercher le sac qui contenait tout le bordel avant de donner quelques cachets à Hide :
Leiko ••• Tiens, ça va te shooter un peu, mais bon, prends-les. Repose-toi un peu. Je reste près de toi si tu veux… je suis exténuée moi aussi.
Ouais… c’est bien le mot. Crevée, mais heureuse. Bien qu’un peu inquiète également. J’espère que ça ira pour elle. De toute façon je ne bouge pas de là.
De la chambre d'hôpital jusqu'à la chambre de Leiko, ma vie fut un enfer. Que ce soit en marchant, en attendant simplement dans la voiture ou en montant les escaliers, chaque mouvement me rabâchait que j'avais le dos découpé. Recousu, certes, mais découpé quand même. J'avais cependant eu le courage de monter jusqu'à mon appartement pour récupérer quelques fringues, des clopes et diverses autres affaires que Leiko n'avait évidement pas vu. Etre discrète, je connais. Commencer à être en manque aussi, je connais d'ailleurs.
La maison de Leiko était agréable à regarder. Aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur. Ce qui me surprit fut la séparation de la maison pour accueillir une colocataire. En fait, je n'avais pas imaginé la demoiselle vivre aussi près de quelqu'un d'autre. Mais pourquoi pas. Tant que cette personne ne vient pas nous déranger.. Voir la maison n'était pas une délivrance, loin de là. Car il y avait encore des escaliers à monter. Encore de la chair qui tiraille et donne l'impression qu'elle va se déchirer à nouveau. Chose dont je n'ai absolument pas envie. Et fort heureusement, mon infirmière personnelle était encore et toujours là pour me venir en aide. Elle était vraiment mignonne a s'occuper ainsi de moi. Me faire monter les escaliers, m'aider à m'asseoir, m'apporter des cachets... La femme parfaite dans le rôle parfait, non ? C'est pourquoi je m'appliquait à être docile et ne pas lui poser de problème. J'avalais donc les médicaments sans broncher, me pliant à sa demande.
-…Tu aurais des ciseaux ?
Pourquoi faire ? Pour couper tous les fils qui dépassent de ma peau, pardi. Non, pour me rassurer, ou le contraire. J'attendais qu'elle se mette à la recherche de l'objet que je lui avais demandé en ôtant mon t-shirt lentement et précautionneusement. Je me levais ensuite et me postais devant le miroir, observant mon corps bandé des épaules aux reins. C'était peut-être un style, mais certainement pas le mien. Et je devais savoir. Je devais voir. Quand Leiko me tendit enfin des ciseaux, je ne lui laissais pas le temps de réagir ou de protester et je découpais de haut en bas la bande qui me couvrait le corps, avant de tourner doucement le dos au miroir, tout en gardant les yeux rivés sur mon image. Et je m'arrêtais.
Tout comme mon coeur, je crois. Façon de parler, mais je pense qu'il a raté un battement ou deux à ce moment là.
A ce moment où j'ai enfin pu voir mon tatouage, mon dragon, barré par deux grandes plaies cousues. Les points avaient été faits très proprement, mais la plaie se voyait. En fait, elle me crevait les yeux. Ma fierté avait prit un sacré coup. Le chef d'oeuvre que j'avais dans le dos avait été saccagé en quelques secondes à peine. Si j'avais été un peu plus fragile, j'aurais certainement pleuré. Mais au lieu de ça, je me contentais de rester immobile, à parcourir les dégâts du regard.
-C'est affreux.
Oui, ça ne fait pas seulement mal. C'est aussi moche, dégueulasse, déprimant. Et en voyant ce dessin qui représente tant pour moi balafré de la sorte, j'ai l'impression que l'effet serait le même si c'était mon visage qui avait reçu le coup.
Tu n'es pas d'accord Leiko ? Non, je sais que tu ne serais pas d'accord.
Des ciseaux ? Je n’ose même pas demander ce qu’elle va en faire. Du moment que ce n’est pas pour me planter avec. Nah je plaisante. Sans broncher, j’allais lui chercher ce qu’elle demandait. Je savais que la vision qu’elle allait avoir allait lui déplaire. Je suis même en colère pour le fait qu’elle fasse ça. Mais bon… personne n’est parfait.
J’avais ce genre de regard en la regardant faire. Je ne sais pas si vous connaissez ce regard, mais en gros il veut dire qu’à l’instant même où tu feras ce geste, tu vas rencontrer une autre personne. Cela me déplaisait VRAIMENT qu’elle fasse cela, mais bon. J’imagine que pour cette fois je vais être magnanime et ne pas chercher les emmerdes. Je pense que ni-moi, ni elle avons besoin de cela. Elle découpait donc le bandage. Moi je ne pouvais pas regarder cela. Ça me donnait envie de me mettre en colère, à chaque fois que j’entendais le cliquetis des ciseaux qui se referment sur le tissu, j’avais envie de gueuler que cela n’est vraiment pas une chose à faire. Je n’ai pas le choix, je dois prendre mon mal en patience cette fois-ci. Même une fois de plus je devrais dire. D’autant plus que je la soupçonne de s’être dégotée des trucs pour se défoncer. Si je la chope en plein flag, je ne sais même pas de quoi je serais capable. Je suis indulgente jusqu’à une certaine limite. Mais bon, je viens à peine d’entrer dans sa vie, j’ai chamboulé pas mal de trucs, je ne peux pas tout faire non plus.
Je soupirais en ayant la vision de son tatouage, qui malheureusement ne ressemblait plus à rien. Affreux oui c’est bien le mot. Je ne trouvais rien d’autre à dire que ceci :
Leiko ••• Je suis désolé Hide… mais je ne peux pas te laisser contempler ça plus longtemps. Je vais devoir te remettre un bandage. Je n’accepterais même pas une seule contestation. Tu as suffisamment souffert. Ça suffit maintenant.
Je suis très contrarié vous vous doutez bien. Je n’aime pas vraiment la tournure que prenne les choses, mais bon. Maintenant en tout cas je dois agir et refaire le bandage, qu’elle conteste ou nom. Mais de toute façon à la moindre tentative de refus j’use de mon don pour la mettre dans les pommes et lui faire son bandage. De gré ou de force, mais ça va se faire. C’est comme ça. Je saisissais donc tout ce dont j’avais besoin pour faire mon ouvrage. Et je l’invitais à prendre place correctement pour que je puisse faire mon travail. Fort heureusement cela ne fut pas très difficile à faire. Je suis assez habile et j’y allais avec suffisamment de délicatesse pour que cela se passe bien. Je faisais extrêmement attention à ne pas lui faire mal. Je constatais par ailleurs que les antidouleurs commençaient à faire effet. Hide avait l’air un peu… ailleurs on va dire.
J’avais cette impression étrange. À chaque fois qu’un bout de tissu recouvrait une parcelle de sa peau, on aurait presque dit un coup de poignard que je lui infligeais. Pourtant même si je la blesse en faisant cela c’est pour son bien. Je ne pensais pas qu’on en arriverait là. Je maudis cette horreur de la nature qui l’a blessée. Si je pouvais, je la traquerais moi-même. Mais je ne tiens pas à mourir. Vraiment pas. Voilà donc que le bandage est parfaitement mis. Je suis assez fière de mon œuvre pour le coup.
Leiko ••• Voilà le travail. Interdiction de le retirer pour le moment. Je te promets que si tu le fais, ta colère de tout à l’heure ça ne sera rien à côté de la mienne. Alors tu restes sage. Pour moi chérie ! Je ne veux pas que tu fasses de bêtises. Allonge-toi un peu. Je vais prendre une petite douche.
Je suppose que je dois la laisser un peu seule pour le moment. Je pense qu’elle en a besoin. Il a des moments… on doit se retrouver seul avec soi-même. Mais dès qu’elle aura à nouveau besoin de moi. J’accourrais. Mais là je suis trop contrarié pour faire quoi que ce soit. Je m’éclipsais alors, laissant Hide livrée à elle même. Sois-sage.
Je ne vais pas tarder à faire une dépression. Comment passer d'une vie plus qu'active à une vie vide. Plus rien. Je ne peux plus rien faire de ce que je faisais avant. Et ça va durer un bon petit moment. Je dois trouver une solution. Mais il n'y en a pas. J'étais foutue pour un temps indéterminé. Car même si la blessure guérissait vite, il me faudrait encore attendre que les cicatrices s'effacent un maximum pour faire arranger mon tatouage. Et une fois cela fait, je pourrais enfin reprendre les affaires. Hors de question de me présenter devant des clients avec le dos balafré. C'est quand même moins sexy de regarder une fille mutilée danser, non ? C'est horrible. J'ai envie de hurler ma haine envers la monstruosité qui m'a infligée ça, sans aucune raison. Même si d'un côté, ça me rassure d'avoir été sa cible. Je n'aurais certainement pas souhaité que Leiko prenne le coup à ma place. Ah ça non. Enfin bon, voilà. Je suis au bout de ma vie. J'ai enfin vu l'étendue des dégâts. Et là, ben je n'ai plus envie de rien. Je me sens vide, plus moi-même. Je vais même jusqu'à m'asseoir docilement sur le lit pour laisser la demoiselle refaire mon bandage. Je ne proteste pas. En fait, je ne dis rien du tout. Je n'ai plus rien à dire. Leiko semble légèrement énervée par mon geste. Ça ne lui a pas plut que j'enlève mon bandage ? Mais elle peut cependant comprendre que j'avais besoin de regarder. On ne cache pas son propre corps à quelqu'un.
Alors qu'elle me refaisait patiemment et délicatement le bandage, je regardais le sol, devant moi. Je ne pensais à rien du tout. Les effets des anti-douleurs à coup sûr. Le point positif était que du coup, je n'avais pas besoin de me droguer. Je l'étais déjà, et Leiko ne pourrait rien me dire puisque c'était elle qui m'avait donné les pilules. D'ailleurs, elle me parlait à nouveau. Et tout ce que j'entendis de ses paroles était de m'allonger, et qu'elle aillait prendre une douche. Je me décalais donc vers le milieu du lit, restant cependant assise un instant. J'hochais légèrement la tête pour lui signifier qu'elle pouvait aller se doucher, en paix. Je ne bougerais pas. De toute façon, avec l'effet des médicaments, j'aurais été incapable d'aller où que ce soit à plus de trente centimètres du lit.
Une fois la jeune femme disparue en direction de la douche, je ramenais doucement mes genoux vers mon buste et les entourait de mes bras. Ça tirait un peu, mais la position était la plus réconfortante. L'avantage de mon pouvoir est que je peux aussi bien choisir en détail quels effets de quelle drogue j'inflige, mais je peux aussi les supprimer. Or avec les drogues médicales que l'on m'administrait, je ne pouvais rien faire. Je n'avais aucun contrôle sur la complexité du médical, surtout lorsque ça ne venait pas de moi. Je me prenais donc la totalité des effets dans la tronche. Je ne contrôlais absolument plus rien, même pas mes pensées qui m'échappaient parfois. Ou qui prenaient une direction que je ne souhaitais pas.
Dans des moments comme ça, le soutient des proches est important. Pour se reconstruire, pour vaincre l'angoisse ou la phobie qui peut en résulter. Qui était là ? Leiko. Et heureusement, qui aurait été là si elle ne l'avait pas été ? Certainement pas mes parents. J'aurais pu crever dans un caniveau en bas de chez eux qu'ils ne l'auraient remarqué que six mois plus tard. La seule préoccupation de ma mère était de savoir s'il lui restait assez de bouteilles pour tenir la journée. Et celle de mon père était de trouver quelle femme infidèle, ou quelle prostituée voudrait bien de lui aujourd'hui, ou bien même, de quelle façon et pour quelle raison allait-il pouvoir frapper sa femme. Un emploi du temps bien trop chargé pour penser à leur fille qu'ils n'ont jamais voulue.
Le temps passait sans que je ne m'en rende compte, et Leiko n'allait pas tarder à sortir de sa douche.. Pour me trouver là, exactement au même endroit qu'elle m'avait laissé. Dans la même position que j'avais adoptée à son départ.
Huh… je ne sais pas quoi faire. Je suis véritablement dans une impasse. J’avais fait croire à la demoiselle que j’allais prendre ma douche, mais bon. Au final me voilà sur mon balcon à réfléchir comme une idiote. Je suis égoïste pour le coup. Je ferais mieux de me dépêcher.
Je me mordais alors la lèvre inférieure de colère avant de finalement rejoindre ma salle de bain. J’enlevais alors mes vêtements avant de me poser devant la glace. Mon dieu, j’ai vraiment une mine affreuse. Et dire que les gens me trouvent séduisante même comme ça. Ils doivent avoir un petit problème cérébral. Enfin bref, la question n’est pas là. Pour le moment il faut que je me tue à chercher une idée pour remonter le moral d’Hide. Mais j’ai beau chercher je ne trouve rien. Elle est non seulement très déçue de ce qui est arrivé à son tatouage, mais elle a sans doute eu la peur de sa vie. Et puis avec moi qui lui a menti, ça fait beaucoup pour une seule journée. Je ne sais même pas comment elle fait pour tenir encore debout. Il n’y a rien à dire de ce côté-là, elle semble plus forte que je ne le serais jamais. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Je vais profiter de cette douche pour me remettre les idées en place. Je suis un génie d’inventivité selon mes clients, alors il est temps d’en faire preuve pour la bonne cause cette fois.
Je me glissais donc dans ma douche, laissant l’eau couler le long de ma peau. Tout comme elle glissait le long de moi, mon flot de pensées vient se mêler à elle. Je m’évadais complètement, laissant la chaleur de la pièce ainsi que de l’eau presque me brûler. Je ne crains pas la chaleur, mais j’avais besoin de suffoquer un petit peu. On dit que c’est dans les moments critiques qu’on est le plus lucide, parce qu’on a pas d’autres choix. Pour moi en tout cas, ça marche comme ça. Je soupirais une nouvelle fois, je commençais peu à peu à me détendre. Je devrais commencer à voir le côté positif de la chose, les idées claires me viennent peu à peu. Je me sens presque prête à affronter Hide de nouveau. Faire face au malheur et la douleur qui la ronge. Je dois trouver une solution. N’importe quoi. Mais je pense que j’ai une petite idée. Essayer de détourner son attention. Ça ne sera pas mince affaire, mais bon, j’ai connu pire. Je sortais donc de la douche, prenant le soin de me sécher le corps avant d’enfiler un peignoir.
Je sortais alors et faisait quelques pas vers ma chambre. Elle n’avait pas bougé d’un iota. J’ai de la peine rien qu’à la regarder. PENSÉES POSITIVES S’IL VOUS PLAIT !
Leiko ••• Bon… prenons le bon côté des choses ma belle. Je peux prendre quelques jours de congé pour m’occuper de toi. Je ne suis rien qu’à toi pour les jours suivants. Alors… essaye de te détendre je sais pas.
Détourner son attention, détourner son attention. OH JE SAIS ! Bon c’est pas très intelligent, mais bon ça fera l’affaire, je pense. Je me mettais alors face à elle, défaisant mon peignoir pour lui permettre de voir ma poitrine dénudée. Je m’approchais alors de son visage avant de lui glisser d’une voix sensuelle :
Leiko ••• Embrasse-moi… tout de suite.
Je suis désolé Hide. Je ne peux rien faire pour toi. Je peux tenter quelques trucs cependant. Je me dis que détourner ton attention uniquement sur moi. C’est peut-être une solution. Alors, évade-toi avec moi. Embrasse-moi comme jamais. Respire un grand coup. Pour moi…
Il faudrait peut-être réagir, à un moment ou un autre. Je ne sais même pas depuis combien de temps je garde la même position, assise sur le lit. Dix minutes ? Un quart d'heure ? Je ne sais même plus à quoi je pensais, il y a quelques secondes. Vive les effets des médicaments hein. Et après on ne veut pas que je me drogue ? Même avec une drogue un peu dure, j'ai plus la pêche que ça. Enfin bon, Leiko était revenue. Lorsqu'elle m'adressa la parole, je levais les yeux vers elle, comme si je venais de me réveiller. Elle sortait à peine de sa douche, et sa peau semblait encore un peu humide. Je pense qu'elle voulait m'aider à penser à autre chose, me rassurer. Elle me promettait d'être là, quitte à oublier tout le reste. J'étais un peu sans voix face à elle. Je n'avais rien à dire, même pas une petite provocation. MOI, je n'avais rien à lui dire pour la chercher. Allo Hide, on se réveille !
Leiko eu la technique parfaite pour me sortir de ma léthargie.
Elle s'était approchée de moi, découvrant le haut de son corps sans gêne, me fixant avec ce regard à tomber par terre. J'avais envie de tendre une main, de caresser sa peau si douce, et sûrement agréablement chaude grâce à la douche, mais c'aurait été lui accorder cette première victoire.
Pardon ? Elle a déjà gagné en fait, puisqu'elle a réussit à m'en donner l'envie. Son visage s'étant rapproché du mien, l'ordre vint. Sensuel, doux, mais un ordre quand même. Et à vrai dire, je ne pouvais pas faire autrement que de lui obéir. Elle était plus que charmante, le savait très bien, et savait aussi parfaitement user de ses charmes. Et j'étais sa victime, sa cible. Non sans plaisir, évidemment. Ma main droite se leva, allant jusqu'à se poser sur sa nuque pour attirer son visage un peu plus près du mien. Je lui offrais alors un baiser du bout des lèvres, cherchant à la provoquer un peu, afin qu'elle vienne chercher elle-même ce qu'elle voulait. Evidemment, elle ne manqua pas à l'appel et se fit plus pressante. Je laissais alors glisser mes jambes de chaque côté d'elle de manière à pouvoir l'attirer un peu plus vers moi, ajoutant plus de profondeur à notre baiser. J'avais l'impression que mon cerveau venait de recevoir un électrochoc. Je commençais à penser à nouveau de manière correcte, et surtout, je relativisais un peu. J'avais peut-être provisoirement perdu tout ce qui faisait ma vie. AVANT que je ne la rencontre. Maintenant, il me restait encore une chose : Elle. Et elle n'était rien qu'à moi pour quelques jours.
Leiko Özilis était mienne.
Ma main gauche avait inconsciemment rejoint son visage, se posant sur sa joue avec douceur. Je reculais alors légèrement mes lèvres, appuyant un instant mon front contre le sien.
- Ton père ne risque pas de faire une soudaine apparition comme à l'hôpital, mh ? Parce que vu ta tenue...
Je parvenais enfin à esquisser un sourire. Et même a effectuer un rapide aller-retour du regard, de son visage à son buste. Ben quoi ? Si elle a fait ça, c'est bien pour que j'en profite non ?
La monstruosité qui m'avait agressée avait en quelque sorte arraché mon âme. Elle m'avait laissée, vide, meurtrie, et seule dans le noir. Mais une personne s'était accrochée à cette âme, l'empêchant de se perdre, dans le seul but de me la ramener. Et cette personne était à genoux devant moi, à demi-nue, à moi.
Merci Leiko. Merci d'être entrée dans ma misérable vie.
Une petite provocation suivit d’un ordre. Je n’avais qu’une seule envie, la faire réagir. Je pense que pour le moment c’est la seule solution possible. Je me doute bien qu’une partie de jambes en l’air n’est pas spécialement envisageable. Mais je peux au moins détourner son attention de la douleur qui la ronge.
Je sentais qu’elle commençait cependant à se détendre un petit peu. Ses gestes étaient moins hésitants, elle arrivait même à agir dans une certaine sensualité. Je sais que cela n’est pas forcément la meilleure des choses à faire, mais bon. La problématique en plus c’est que je suis en plein pic dans ma carrière, je suis en train de réaliser des chiffres vraiment bons. Et je vais devoir ralentir cette activité pour elle. Mon instinct me dit que cela n’est pas une bonne chose, mais mon cœur en revanche lui n’est pas de cet avis. Le cœur a ses raisons que la raison ignore c’est bien connu. Je ne veux pas non plus passer pour une salope sans cœur. Mais si je devais être honnête quelques instants, je dirais que je pense qu’Hide est sans aucun doute et bien malgré moi, bien plus qu’un coup d’un soir. Elle est forte, mais elle a besoin qu’on la protège mine de rien. Elle a certainement connu des événements au moins aussi difficiles que moi. Nous n’avons pas le même passé bien entendu, mais nous avons peut-être un avenir à court terme ensemble pour le moment. Je ne m’avance pas et je ne m’emballe pas bien entendu. Mais j’ai cette sensation.
Et c’est alors qu’elle m’interrompit dans mes pensées. Elle me demanda notamment quelque chose qui m’arracha un petit sourire amusé. Bon elle n’a pas perdue son sens de l’humour c’est déjà ça. Je suis certaine qu’elle ira mieux dans peu de temps. Je n’ai qu’à jouer mon rôle pour cela. Vous le connaissez ce rôle. Je le joue à la perfection. Je dirais même que c’est si naturel, que c’est tout simplement ma façon d’être. Mais je ne me suis pas totalement découverte encore. Elle non plus. Fin, je parle de mon passé hein, pas de mon corps. Hide commence à le connaître celui-ci. Mais elle ne se lasse pas de le regarder, la preuve en image. Oui j’ai vu ce petit regard qui bifurque ma belle. Mes émeraudes ne captent pas tout, mais ça c’est flagrant. Je répondais alors à la demoiselle en ces termes :
Leiko ••• … J’ai eu une pensée un peu sale pour le coup. Bien malgré moi je vous l’assure. Nah je déconne. J’éclatais alors de rire avant de reprendre : Non je plaisante beauté. Mais si ma tenue te perturbe tant tu sais… je ferais mieux de la remettre.
Je suis une garce bonjour ! J’aime ça et je suis sûre qu’Hide n’est pas insensible à mon humour. Bon ça doit un peu l’embêter compte tenu du fait qu’elle aimerait bien en voir plus, mais… je m’en tape. J’esquissais un sourire provocateur alors avant de remettre bien en place mon peignoir, avant de l’attacher. Je reculais alors un petit peu dans un clin d’œil amusé pour finalement revenir vers elle et lui voler un bref baiser, pour m’éclipser à nouveau. Je jouais un peu au jeu du chat à la souris avec elle pour le coup, mais, comme je sais qu’elle ne peut pas venir me chercher, j’en profite. Oui c’est un peu cruel, mais je suis sans pitié. Je fais preuve de compassion avec elle, mais je ne pense pas qu’elle réclame de la pitié. Non, je pense qu’au contraire elle aime bien que je la provoque, que je la teste un petit peu. Elle en fait de même avec moi après tout.
Je m’approchais alors de la demoiselle pour saisir son visage entre mes mains. Un baiser sulfureux s’en suivit alors. Plus passionné, plus langoureux que le précédent. Il n’avait qu’un seul but : faire littéralement fondre la demoiselle. Ainsi ma langue alla danser avec la sienne, comme nous l’avions fait précédemment toutes les deux. Un baiser empli de passion, de désir, un baiser comme elle l’aime. Cette fois ce n’est pas pour détourner son attention, car elle n’est maintenant qu’à moi. Non, cette fois c’était pour lui traduire mon envie du moment. Mais comme ci cela ne suffisait pas, j’en rajoutais en lui disant d’une voix pleine d’envie :
Leiko ••• Je te veux… je sais que ce n’est pas raisonnable… mais, j’ai envie de te prendre. Mais bon… je me dis que si tu as vraiment envie…
Et là je vais être encore un peu méchante. Je reculais encore d’elle avant de la provoquer du regard. Mon message est clair :
Leiko ••• Tu viendras me chercher neh ?
Oublie la douleur ma belle. Oublie tout ce qu’il vient de se passer. Je suis prête à m’offrir à toi une nouvelle fois. Je veux que tu ne penses plus à cela. Je te veux Hide… Même si cela n’est pas raisonnable. Je veux qu’on puisse mettre tout ça derrière nous. Vient chérie. Si tu en es capable.
Quelle cruauté. Recouvrir sa peau nue alors qu'elle venait de faire le contraire quelques minutes plus tôt... C'était un peu comme tendre un bonbon a un enfant et refermer le poing dessus au moment où il tend la main pour l'attraper. C'est très frustrant ! Elle, par contre, semblait bien s'amuser. Elle allait et venait, tantôt proche, tantôt distante. Elle jouait, la provocation entre nous revenant petit à petit. Et moi, je la regardais faire, sans rien dire, sans bouger. Jusqu'au moment propice où je pus la saisir par le pan de son peignoir et la contraindre à rester au plus près de moi pour l'embrasser avec délicatesse. Vu qu'elle ne se débattait pas, la tenir ainsi n'était pas vraiment douloureux. Et de toute façon, elle ne ferait pas le moindre geste susceptible de me faire mal. Donc en résumé, si je la tenais assez fermement, elle était en quelque sorte à ma merci. Je pus donc écarter moi même le col de son peignoir, la défiant du regard. Le tout de manière très lente mais sûre, en effleurant de tant à autre sa peau du bout des doigts.
- En fait, ta tenue me dérange dans le sens où je préférerais la voir tomber à côté du lit.
Je lui adressais un clin d’œil avant de l'embrasser à nouveau, relâchant peu à peu mon emprise sur elle. Mes mains descendirent légèrement pour se saisir du nœud de son peignoir pour le défaire habilement. Lui en moins, elle se déshabillerait toute seule, si elle remuait trop. Donc le choix était pour elle. Soit elle restait à ma portée sagement, soit elle s'éloignait et me dévoilait tout, puisque évidement, j'avais tiré sur la ficelle pour l'ôter complètement et la jeter un peu plus loin. Mais elle me soumit au doute, tout en se reculant une nouvelle fois. Pas raisonnable hein ? Il est vrai qu'au moindre faux mouvement, les points dans mon dos risquaient de lâcher, ce qui serait non seulement douloureux, mais ce qui nous contraindrait surtout à retourner à l'hôpital pour les refaire. Argh, quel cruel dilemme ! En attendant, je me penchais pour l'attraper, l'attirant à nouveau vers moi.
- J'ai déjà la réponse à cette question...
Oui, je viendrais te chercher. Avec mes lèvres sur la peau de ton cou. Mes lèvres qui te dévoreraient de baisers. Alors que mes lèvres exploraient chaque parcelle de peau allant de son menton à sa clavicule, mes mains poussèrent le tissu qui lui recouvrait encore les épaules pour le faire glisser le long de ses bras. Voilà qui est bien mieux. Mais mon dilemme est toujours présent... Alors autant en jouer un peu, avant de vraiment prendre une décision.
- J'en ai vraiment envie... Mais est-ce prudent que ce soit aussi tôt ?
Parce que je ne voudrais pas lui infliger une nouvelle catastrophe. Ni à moi, d'ailleurs. Je ne veux plus de stress, plus de contrariété. Je veux juste un peu de bonheur dans ses bras et au creux de ses draps. Nous sommes à nouveau seules, coupées du monde. Sans qui que ce soit pour nous dire quoi faire et ne pas faire. Sans personne pour gâcher ce moment intime.
Et pourtant, il y a encore quelque chose qui nous empêche de n'en faire qu'à notre guise. Une bombe qui menace d'exploser. Juste là, sous le bandage.
Il fallait s’y attendre. Elle venait me chercher. Encore et encore. Cela ne me déplait pas du tout bien au contraire. Mais plus le temps passe, plus je me dis que cela n’est pas raisonnable. Je crois que je vais devoir canaliser mes pulsions. Hide aussi tant qu’à faire.
Oui parce que faut dire qu’elle ne m’aide pas trop aussi hein. Elle se permet de me rendre complètement folle. Me parsemant de baisers, elle s’amusait avec le nœud de peignoir avant de lui dire adieu. Puis elle s’amusa à me dénuder davantage. Ahlala, je ne peux pas être habillée plus longtemps que quelques minutes quand on est seule dans la même pièce. Mais bon, vous savez d’ores et déjà que je ne vais pas m’en plaindre. Bien que je me noyais dans ces baisers ainsi que ses caresses, il y avait une question qu’elle venait tout juste de poser. Une question à laquelle la réponse, bien que claire, nous contraignait à nous empêcher de faire ce que l’on voulait par-dessus tout. Nous ne sommes pas acro au sexe hein. Mais parfois quand le corps demande si expressément, il est très difficile de résister à cet attrait. Cette attraction physique qu’il y a entre nous… cette alchimie. D’ordinaire je ne ressens cela qu’avec ma colocataire avec qui j’ai eu quelques parties de jambes en l’air. Mais rien de sérieux. C’est une demoiselle qui aime bien tirer des coups de temps en temps, mais c’est tout. Et cela n’est pas pour me déplaire. Mais bon, elle déménagera un jour, ça m’attriste un peu.
BREF. N’en parlons plus. Pour le moment en tout cas, je devais répondre présent, ma partenaire était en train de me provoquer, mais également de me ramener un peu à la raison. Elle n’avait pas tort de poser cette question. Je panse qu’effectivement cela n’est pas raisonnable. Vraiment pas. Même si j’en meurs d’envie tout comme elle, je pense qu’il vaut mieux remettre cela à plus tard. Je vais te décevoir ma belle, mais bon en même temps c’est aussi pour ton bien. Je m’extirpais alors de l’étreinte de la demoiselle en la dévorant du regard avant de remettre mon peignoir en l’état, en y faisant un nouveau nœud. Je regardais ma partenaire, un peu déçue avant de lui dire d’une façon un peu abattue :
Leiko ••• Je pense que ce n’est pas raisonnable. Tu auras mal plus qu’autre chose. Et je refuse que cela arrive. Je crois qu’il va falloir être sage… pour le moment du moins.
Je lui lâchais alors un petit sourire, sonnant comme une excuse avant d’aller chercher ses lèvres. Et c’est alors que j’entendis quelque chose que je ne devrais normalement pas entendre. La porte de l’entrée qui se claque ? OH. NOM. DE. DIEU. Ma colocataire. Hide va m’assassiner. Je lui dis alors d’une voix hésitante :
Leiko ••• J-Je… je reviens tout de suite.
AH LA CONNE. Elle rentre maintenant, il fallait qu’elle rentre aujourd’hui de son foutu voyage je ne sais où. Espérons que l’envie ne lui prenne pas de me baiser aussi sinon je suis véritablement dans une mouise pas possible. Je dévalais alors les escaliers avant de lui dire bonjour d’une manière totalement hypocrite. Genre : HEY JE SUIS PAS CONTENTE DU TOUT DE TE VOIR, MAIS JE TE FAIS LA BISE QUAND MÊME. Bon bien évidemment elle ne remarque rien parce qu’elle a l’air fatiguée. Laissez-moi vous présenter Luna Fizgerald. Une Italienne, bien que son nom de famille n’ait aucune consonance latine. Elle posa ses yeux azur sur moi avant de me demander ceci :
Luna ••• Tu… veux qu’on ? Tu sais aujourd’hui ça va être… difficile. Leiko ••• Oh… NON NON JE NE VEUX PAS. Je passais juste te dire bonjour. Luna ••• Ah je vois… Bon elle est comment ? Leiko ••• Hein… m,-mais de qu-quoi t-tu parles ? Luna ••• Leiko Leiko Leiko… prends-moi pour une idiote. Quand t’as cette attitude-là c’est que t’as ramené quelqu’un, mais que tu ne veux pas me la présenter certainement parce que vous… vous amusez on va dire. Leiko ••• Elle est jolie. Mais il ne se passe rien pour le moment. Pas touche sinon je mords. Ne m’attends pas pour dîner. Bonne soirée. Luna ••• Je t’aime aussi petite emmerdeuse. Passe-lui le bonjour de ma part et amusez-vous bien surtout.
Je lui donnais alors une petite tape derrière la tête avant de lui balancer un juron uniquement en bougeant mes lèvres, sans émettre un seul son. Pour qu’elle seule soit au courant que je l’insulte. Putain elle choisit bien son moment elle. Je soupirais alors et revenais dans ma chambre. Une fois dedans, je dis à Hide d’une voix hésitante :
Leiko ••• J-Je… peux tout expliquer !
Oui vraiment. C’est juste un coup de temps à autre. Je suis à toi, c’est promis. Ne t’énerve pas hein. Parce que bon y’a rien à expliquer. Je suis dans la meeeeerde. Allez Hide, sois compréhensive hein. Sinon je vais me jeter par la fenêtre, je crois.
Il faut se dire que la décision vient de nous deux, histoire que personne ne soit frustré. Après tout, il y avait bien d'autres choses à faire à deux. Nous aurons tout le temps de nous rattraper quand je n'aurais plus le dos fraîchement lacéré. Et puis de toute façon, momifiée comme je l'étais, il n'y avait pas grand chose d'excitant. Enfin bon, je ne suis pas dans la tête de Leiko, hein. En parlant d'elle, d'ailleurs, elle semblait avoir entendu quelque chose. A vrai dire, je l'avais entendu aussi. La porte d'entrée. Ça ne m'inquiétait pas plus que ça car elle m'avait déjà prévenue qu'elle avait une colocataire. Je la regardais donc filer, notant tout de même son air perturbée. Qu'allait-elle encore m'apprendre, cette fois-ci ? En fait, elle ne m'apprit rien directement. L'isolation assez faible de la maison parlait à sa place. Je pense d'ailleurs que je vais finir par maudire chaque endroit moyennement isolé, car apprendre à chaque fois la vérité par moi-même en devient vite lassant. Surtout quand la vérité en question est assez désagréable à entendre. Il n'y avait pas de mots clairs, mais c'était tout de même facile à comprendre. Pas besoin d'être une lumière.
Je soupirais légèrement. C'est agaçant et relativement perturbant de savoir que le plan cul de la fille avec qui vous flirtait depuis quelques jours habite sous le même toi qu'elle. Ne me parlez plus de confiance, hein. Je me levais finalement du lit, m'approchant de mon sac pour me pencher assez douloureusement et l'ouvrir. J'en sortais une chemise que j'enfilais par dessus mon bandage. J'étais entrain de la fermer quand Leiko refit enfin son apparition dans la pièce, se justifiant avant même que je ne l'ai regardée.
- Je pense que c'était assez clair, en fait.
Je me penchais une nouvelle fois avec lenteur et saisissais mon paquet de cigarette. Cette fois-ci, ma belle, tu ne m'empêcheras pas de la fumer. Je suis patiente, mais avec certaines limites. Je me dirigeais donc vers la porte, passant à côté d'elle sans rien dire de plus. Ouais, je me traîne un peu, donc le genre "sortie ultra classe et provocante bien que je sois fâchée" ne marche pas. Une fois sortie de la chambre, je me retournais finalement. En fait, je ne pouvais pas rester sans rien dire. Il fallait que ça sorte, maintenant.
- Si la file d'attente est déjà constituée, je peux passer mon tour. Les handicapés ne concourent pas avec les autres.
J'allais continuer mon chemin vers le balcon, mais je ne pouvais pas. Non, j'avais encore quelque chose à dire, afin que les choses soient claires, et peut-être même qu'elle ouvre un peu les yeux. Je ne voulais pas vraiment le dire maintenant, mais la piste était lancée, autant aller jusqu'au bout.
- Je ne sais pas ce que tu crois que je pense de toi. Et je ne sais même pas ce que tu penses tout court d'ailleurs. Mais si je cherchais un plan cul, j'aurais trouvé plus facilement. On a bien assez de prostituées chez nous.
Bon, si tu n'as pas compris que là, je suis légèrement -pas mal, beaucoup- fâchée, il y a un soucis. Ouais, ça ne me plait pas qu'une personne ayant déjà goûté à son corps soit non seulement aussi proche de moi, mais aussi aussi proche d'elle. C'est pas mal pour la confiance. "Non, je ne suis qu'à toi, il n'y a que ma coloc' qui vient me baiser de temps à autre quand je m'ennuie, mais ne t'inquiète pas." Super, y'en a encore beaucoup des comme ça ? D'ailleurs, au passage, si elle n'a pas non plus saisit que je fais partie du gang d'Atlantide, c'est que j'ai bien de la chance. Qui ici ne sait pas qu'Atlantide est le plus grand réseau de drogue et de prostitution de la ville ?
Mais bon, elle n'a rien à me dire là dessus. Tu n'essaieras pas, hein Leiko ?
Huh... fais chier. Ne me pousse pas à bout non plus.
Je vais me faire assassiner. Je peux voir qu’elle est vraiment en pétard. Mais je n’ai aucune excuse. Ah moins que… nous ne sommes pas ensemble après tout. Mais je pense que j’aurais aussi pété un câble si jamais j’avais appris cela. J’ai un caractère très difficile. Mais soit on m’aime soit on part.
Je voyais alors la demoiselle saisir son paquet de cigarettes. C’est bien ce que je pensais elle ne peut pas se retenir plus de cinq minutes. Je me demande ce qu’elle désire le plus, moi ou sa putain de clope. Elle trouve encore le moyen de m’énerver alors que je suis juste venue pour essayer de m’excuser. Je me mordais alors la lèvre inférieure en signe de protestation. Je ne pouvais cependant pas montrer de manière ostentatoire que cela me déplaisait FORTEMENT, dans l’état actuel des choses, si je perds le contrôle maintenant, cela risque de mal se passer. Mais vraiment… je ne supporte pas qu’on fume, mais alors en plus dans MA MAISON, ça ne se passe pas comme ça. J’avais envie de l’empêcher de passer, mais bon, je ne voulais pas non plus lui faire de mal alors je me retenais bien que cela me démangeait fortement. Mais comme je m’y attendais, Hide n’allait pas en rester sur une seule déclaration. Et elle vida ainsi son sac.
J’étais un peu médusé sur le coup. Je m’attendais à me faire engueuler, mais je ne comprends pas pourquoi au final. C’est juste un coup comme ça de temps en temps et de plus, je me suis toujours dit que si je devais appartenir à quelqu’un je n’irais jamais voir ailleurs. Mais cela Hide ne peut pas le comprendre cela fait à peine quelques jours qu’elle me fréquente. Nous ne sommes pas ensemble après tout, je ne vois pas pourquoi elle s’énerve comme ça ! Peut-être qu’elle aimerait que ce soit le cas ? Ce que je peux contempler en ce moment, ce serait de la jalousie pure et dure ? Nah j’ai du mal à y croire. Hide semble être une personne comme moi, elle est capable d’avoir des aventures, mais pour ce qui est du reste c’est plus compliqué. Mais plus le discours avançait plus j’avais cette impression qu’elle me veut VRAIMENT pour elle toute seule. Sauf que je n’appartiens à personne ! Du moins pas maintenant ! J’étais à elle pour une deux nuits c’est vrai. Mais je ne sais même pas encore ce que je ressens pour elle. Cela dit… curieusement je me sens un peu honteuse. Et je n’ai surtout pas envie qu’elle parte. Mais elle vient de me vexer et de confirmer mes doutes à son sujet.
Leiko ••• Alors c’est effectivement ce que je pensais… tu fais partie d’un gang toi aussi ? Mon expression se raidit alors, mon regard se fit plus agressif. Je reprenais d’un ton du même acabit que mon regard : Tu ne ferais pas partie de cette bande de connards de chez Atlantide par hasard ? Tu veux savoir ce qu’ils m’ont fait ? Jusqu’où ils sont capables d’aller pour faire du mal ?!
Je sentais non seulement la colère, mais aussi la peine monter en moi. Je ne suis pas loin de perdre totalement le contrôle. Je sais que ça va arriver. Je ne peux pas me retenir plus longtemps. Et alors les larmes coulèrent le long de ma joue. Et alors ma voix se fit de plus en plus tremblante au fur et à mesure de mes dires suivants :
Leiko ••• Je hais ces gangs. Je déteste encore plus ceux qui en font partie ! Tu veux savoir ce que je pense ? VOILÀ CE QUE JE PENSE ! Malgré mes doutes sur toi, je t’ai laissé entré dans ma vie ! Et comme toi j’ai eu des aventures avant de te rencontrer !
C’est vrai après tout. J’ai le droit d’avoir eu quelques aventures tout de même. Mais là de toute façon j’ai du mal à penser de manière rationnelle. J’étais à la fois folle de rage et folle de chagrin. Je m’effondrais encore un peu alors que le temps avançait. Je déteste ces connards, je les hais tous autant qu’ils sont. Mais la personne… la personne… JE N’ARRIVE MÊME PAS À LE DIRE ! Je ne veux pas qu’Hide sorte de ma vie. Parce qu’elle est à la fois tout ce que j’aime et tout ce que je déteste. Mais là… elle m’a poussé à bout. Elle n’aurait jamais dû me dévoiler ça. Et c’est alors que sans me contrôler, ni ma voix ou mes gestes disproportionnés, je lui hurlais dessus :
Leiko ••• J’AURAIS PU TOUT AUSSI BIEN TE DIRE DE PARTIR ! MAIS NON ! J-JE VOULAIS QUE TU RESTES ET MÊME ENCORE JE LE VEUX… MAIS NE ME PRENDS PAS POUR CE QUE JE NE SUIS PAS ! SI JE DIS UNE CHOSE, JE M’Y TIENS !
En d’autres termes si je dis que j’appartiens à une personne alors c’est le cas. Mais je ne sais pas si elle le comprendra. Tandis que les larmes coulaient le long de mes joues, je me précipitais dans ma cuisine en claquant la porte de toutes mes forces. Oh non… ça recommence comme avant. Je pris alors le premier truc que j’avais sur la main avant de le balancer contre un meuble qui malheureusement avait une vitre en verre. Celle-ci se brisa en mille morceaux.
Je sombre peu à peu dans la colère. La tristesse. Je hais les gangs. Je hais leurs membres. Mais pas toi Hide… Je crois que toi… Je ne sais pas… Bon sang. Hide…
La tension était montée en flèche. Leiko était partie au quart de tour, me répondant assez agressivement. Ce n'était pas plaisant de la voir comme ça. Surtout que, présentement, elle m'insultait d'une certaine manière. Oui, les gangs c'est mal, je suis au courant. Mais si je suis chez Atlantide, ce n'est pas pour me la jouer badass et me la péter. Je n'aurais jamais rejoins le moindre gang simplement pour mon image. Non. Et la bande de connards n'est pas uniquement ce qu'on peut penser au premier regard. Oui, comme partout sur terre, il y a des connards, des abrutis. Mais ce gang compte aussi ses belles âmes. Et j'estime même en faire légèrement partie. Je soutenais son regard assassin, limite violent. Dans le mien se lisait la colère, mais pas d'agressivité. J'étais furieuse qu'elle pense ainsi, qu'elle en tire si rapidement la conclusion que je devais être comme ceux qui l'avaient fait souffrir. Je ne savais même pas de quoi elle parlait. Putain Leiko, calme-toi et prends au moins le temps de m'écouter. Je me suis peut-être mise en colère sans raison, mais tu m'as promis d'être à moi. Et le fait que ta coloc' pense directement que tu veux baiser ne veut pas rien dire. C'est qu'elle en a l'habitude.
- Oui, je fais partie d'un gang, et oui, je suis de chez ces connards d'Atlantide !
J'inspirais profondément, ne souhaitant pas le moins du monde me mettre à hurler. Je n'aime pas crier. Et l'envie que ce soit sur elle ne m'enchante pas du tout non plus.
- Non je ne sais pas ce qu'ils t'ont fais, parce que je ne marche pas avec eux quand ce qu'ils décident de faire ne me plais pas. Ne me mets pas dans le même sac que certaines raclures du gang !
Elle déteste tous ceux qui font partie d'un gang ? Et moi alors, elle me déteste aussi ? Je n'avais pas eu cette impression jusqu'à maintenant. Encore une fois, on faisait une majorité de cas isolés. Bon, pas si isolés que ça dans ce milieu, mais quand même. Je serrais un peu plus fort mon paquet de cigarettes dans mon poing, me rapprochant d'elle. Non, bien évidement que je n'allais pas la frapper. Je contenais juste ma colère comme je le pouvais, car me retrouver face à ses larmes me bloquait.
- Tu me détestes ? Hein ?! Je fais partie de ce gang, alors dis moi que tu me déteste aussi !
Je lui tournais alors le dos. Il fallait absolument que je sorte fumer pour faire baisser un peu la tension qui m'envahissait. Je n'avais pas fumé depuis un moment. Un peu plus d'une journée même. Nous ne parlons pas du même genre d'aventures. Toutes les miennes sont terminées. Ce qui apparemment ne l'est pas totalement pour elle. De mon simple avis.
- Elle t'a demandé si tu voulais baiser avec elle ! C'est quoi, une habitude ? Elle rentre et te saute dessus ? C'est le genre d'aventure non terminée là !
On ne dirait pas hein ? Que je suis ce genre de fille, qui s'énerve lorsqu'elle est vexée, et qui ne voit pas la concurrence comme quelque chose de bien. Je ne doute pas qu'elle tienne ses paroles, mais après ? Je ne sais pas ce qu'il se passera après, et je ne veux pas imaginer qu'une fois que je me serais un peu éloignée d'elle pour rentrer chez moi, elle se tapera simplement sa colocataire. De la jalousie ? Peut-être bien, mais là n'est pas le sujet principal. Je ne voulais pas l'écouter hurler. Elle se laissait emporter par sa colère et sa haine, et lui répondre n'aurait servit à rien d'autre que de jeter de l'huile sur le feu. C'est pourquoi je m'éloignais pour rejoindre le balcon et allumer ma clope. Qu'est ce que ça fait du bien... J'avais à peine tiré quelques lattes que j'entendais un bruit de verre qui se brise. Je soupirais alors face à l'étendue de la colère de la jeune femme. Impossible de la laisser comme ça. J'écrasais donc ma clope et la rangeais dans un paquet vide, histoire de ne pas jeter le mégot n'importe où chez elle. J'entrais ensuite à nouveau dans la maison, me dirigeant vers la cuisine où j'avais vu la demoiselle se précipiter. J'entrais et regardais un instant les morceaux de verre au sol, avant de m'approcher d'elle par derrière. Je passais mes bras de chaque côté de son corps et les refermais sur elle pour la maintenir contre moi. Si elle ne voulait vraiment pas me faire de mal, elle ne se débattrait pas trop brusquement. Dans le cas contraire, tant pis. C'était un risque à prendre.
- Si tu as tellement les nerfs contre moi, demande-moi de partir, ou alors énerve toi contre moi, pas contre ton mobilier..
J'avais fais un effort pour me contrôler et refouler ma colère. Sa détresse semblait soudainement immense, et les larmes qui roulaient sur ses joues m'insupportaient. Je n'avais certainement pas voulu la mettre dans un état pareil.
Calme-toi Leiko. Ouvre-toi. Dis-moi ce que je ne sais pas. Ne me laisse pas dans le brouillard.
Les morceaux de verre au sol. Je faisais face à la faible Leiko. Celle qui a vécu la pire époque de sa vie il y a quelques années. Celle qui était si faible qu’elle a failli mourir. Elle est de retour cette femme. Elle me fait souffrir. Elle me hante et ne me quitte pas. Malgré tous mes efforts.
Je la revois encore. Je me remets dans sa peau. La demoiselle d’il y a quelques années. Elle était faible, elle ne savait jamais comment véritablement se défendre. Et aujourd’hui encore elle ne le sait pas. Elle redevient cette faible créature, désirante d’une protection, que personne ne peut lui offrir. Je me souviens encore de tout ça. Je ne l’ai pas oublié. Tous ces événements qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Je ne savais pas quoi faire à cette époque. Mon don m’avait rendu faible, il m’avait détruit. Mais il a également été une échappatoire. Raison pour laquelle il est si dangereux, il est capable d’offrir une protection ultime, tout comme une souffrance insoutenable. Et là, je vais devoir l’utiliser. Je ne pourrais jamais raconter tout ce qu’il s’est passé à la demoiselle. Les mots ne sortiront pas de ma bouche. Ils ne peuvent pas. Pas après tout ces événements. Hide… laisse-moi. Va-t’en. Tu ne veux pas voir ce que j’ai fait. Tu ne veux pas savoir ce qui m’est arrivé. Je peux te le montrer. Mais je n’aurais alors plus aucun contrôle. Je ne veux pas que ça arrive.
Raison pour laquelle, au lieu de me débattre, au lieu de faire quoi que ce soit pour la blessée, car heureusement je suis consciente de mes actes; au lieu de faire tout cela, je lui dis d’une voix tremblante, respirant la faiblesse dont je faisais preuve :
Leiko ••• Pas contre toi… mais tu t’es engagée dans une voie dans laquelle je ne pourrais pas te suivre… à cause de ça.
Ce que je vais faire est dingue. C’est la chose la plus risquée possible avec mon pouvoir. Permettre à quelqu’un d’entrer dans mon esprit pour la laisser voir ce qu’il s’est passé. Ce n’est pas la décision la plus sage, mais encore une fois, je ne peux plus penser rationnellement. Mon esprit s’ouvrit alors. J’allais ensuite chercher celui de la demoiselle. Alors sa colère ainsi que sa douleur physique pénétrèrent mon être. Alors mes souvenirs firent leurs apparitions. Cette année passée dans cet hôpital. Cette année durant laquelle le médecin avait abusé de moi en me droguant. Cette année durant laquelle j’avais perdu tout mon contrôle. Tout ce qui a forgé mon caractère. Tout ce qui a fait de moi ce que je suis. Tu le vois Hide. La souffrance, engendrée non seulement par mon don, mais aussi par cet enfoiré de médecin. J’avais surpris une conversation avec lui. Il faisait partie d’Atlantide. Il était là uniquement pour se faire les patientes qui lui plaisaient.
Elle avait l’occasion de voir tous ses souvenirs qui m’avaient presque tué. Mais ce qu’elle avait eu le loisir de voir et ce qui va certainement lui faire peur, c’est la cruauté avec laquelle j’ai accidentellement tué le médecin en ne voulant que le faire, souffrir comme jamais personne ne l’avait fait souffert. Hide pouvait voir tout cela. Tout ce qui m’avait rendue incontrôlable. Où étais-tu quand tout cela m’est arrivé ma belle ? Tu n’étais pas là ! Mais j’aurais tellement aimé que tu le sois. Parce que malheureusement, ce que je redoutais se produisit.
Leiko ••• M-M-Merde…
Le contrôle. Perdu. Mon esprit devint complètement hors de contrôle. Il expulsa d’abord celui d’Hide.
Leiko ••• Lâche-moi… vite…
Je ne veux pas te faire souffrir, je ne contrôle plus mon être. Je t’en supplie Hide, lâche moi tout de suite. Fort heureusement, la demoiselle comprit tout cela et desserra son étreinte. Je me dirigeais alors vers ma chambre en marchant à la manière d’un zombie. Ça peut paraître drôle. Mais je vous assure que rien n’est plus horrible que de revivre ces souvenirs. Je revis toutes les émotions négatives. Toutes les pertes de contrôle. Je m’effondrais alors sur mon lit. Serrant mon oreiller de toutes mes forces. Il me faut quelque chose. Il faut que cela s’arrête.
Arrêtez. Je vous en supplie. Je ne veux plus souffrir. C’est alors qu’un hurlement transperçant les murs de cette maison retentit. Un appel au secours.
Leiko ••• HIDEEEEEEEEEEE !
Voilà ce qui arrive quand on perd le contrôle. Voilà ce qui arrive quand on vit des choses pareilles. Personne ne peut rien pour moi. PERSONNE. Hide… Fais quelque chose… N’importe quoi… JE T’EN SUPPLIE.
Elle ne me l'expliquerait pas. Elle ne prononcerait pas un mot sur ce qui la ronge.
Elle fit mieux. Elle fit pire. Sans que je ne m'y attende vraiment, je me retrouvais dans son esprit, pouvant voir ses souvenirs comme je regarderais un film. C'était comme si j'étais à sa place, et à la fois à côté d'elle. Et au final, j'aurais préféré n'être nul part. J'explorais ses souvenirs douloureux dans cet hôpital, en apprenant plus sur l'identité du médecin, et les atrocités qu'il lui avait infligées. Maintenant, j'avais envie de hurler. Ma colère s'était décuplée devant ces images, se transformant carrément en haine. Une haine si forte que la suite des images, la façon dont elle l'avait tué sans le faire exprès, ne me firent aucun autre effet que de la satisfaction. Si elle ne l'avait pas fait à l'époque, je l'aurais fais aujourd'hui. C'était insoutenable. Voir ainsi les images du passé de la jeune femme était quelque chose d'horrible. J'aurais voulu être là. Être déjà avec elle a cette époque, pour pouvoir rester auprès d'elle, la protéger... Seulement à cette époque, j'avais moi aussi besoin d'aide. J'étais perdue dans des histoires bien trop longues à raconter. Des histoires débordantes de drogue à un tel point que Leiko ne l'aurait pas supporté. Une période de ma vie où la violence régnait en maître. Mais je n'avais pas le temps de penser à ça. C'était mon passé, et là, il ne me rattrapait pas comme le faisait celui de la demoiselle. D'ailleurs, quelque chose se brisa. Sûrement le contrôle qu'elle avait sur son esprit, car je me sentis expulsée. Comme si je recevais une grande claque dans le visage. Et c'était très mauvais signe. Leiko m'intima de m'écarter d'elle, et par confiance, je m’exécutais sans broncher. Si son pouvoir avait pu atténuer mes plus profondes douleurs et angoisses, j'étais persuadée qu'il pouvait également faire beaucoup de mal. Ses souvenirs en étant témoins. Je la laissais s'éloigner en direction de la chambre. Elle avait sûrement besoin de reprendre le dessus, de se remettre les idées en place.
Et puis un cri. Son cri. Mon nom.
Je me précipitais vers la chambre, ignorant la douleur qui me déchira le dos aux premières foulées. Je pouvais ressentir sa détresse sans même la voir. Dès que je l'aperçu écroulée sur son lit, l'oreiller dans ses bras, je me jetais à ses côtés. Elle avait besoin d'aide. Et à part moi, personne ne la lui apporterait. Je passais donc mes bras respectivement sous ses genoux et derrière ses épaules pour l'attirer contre moi, l'enveloppant dans mes bras comme pour la protéger. Je ne sais pas si à ce moment là, un point n'avait pas sauté dans mon dos. Pas le temps de penser à ça. Je penchais la tête pour murmurer doucement à son oreille, histoire d'être sûre qu'elle m'entendrait malgré sa détresse.
- Leiko, écoutes-moi bien. Je vais t'aider. Ne luttes pas, et ne m'en veux pas...
En fait, je ne lui laissais pas le choix. La main passée sous ses genoux remonta pour se poser sur son front. Son esprit la tourmentait, il fallait donc agir directement à sa tête. Je fermais les yeux pour me concentrer au maximum et lâcher peu à peu mon pouvoir. Je combinais les effets de plusieurs drogues pour d'abord l'apaiser, endormant légèrement son esprit afin qu'il soit plus coopératif et moins violent, puis en lui insufflant quelques vagues de bien-être. Je venais de la plonger dans une légère léthargie, afin de l'isoler de ses pensées et de ses souvenirs. J'allais même jusqu'à lui envoyer quelques souvenirs plus agréables -ceux de nous deux, partageant complicité et provocation, échangeant baisers et caresses- sous forme d'hallucination. Je chargeais sur mon pouvoir, ne voulant laisser aucune chance à son esprit de la torturer encore. Et tant pis pour les conséquences que cela aurait sur moi. Tant pis pour le retour de flammes. Je devais l'aider.
Puis, enfin, je la libérais, emportant avec moi tous les effets que je lui avais imposé. Il fallait désormais qu'elle reprenne le dessus sur son esprit seule, en repartant de zero. J'avais réussis à stopper la folie de son esprit hors de contrôle, c'était maintenant à elle de le reprendre en main.
- Ne te laisse pas malmener par ton esprit Leiko... Tu es forte. Tout ça est terminé, c'est du passé. Maintenant je suis là et je te protège. Reprends-toi !
Tu peux le faire ma belle. C'est comme après une grosse cuite. Remets tes pensées en ordre. Ne garde que le bon en toi. Vomis le reste.
Fais quelque chose Hide. S’il te plait. Mon esprit n’est plus sous mon contrôle. Si ça continue comme ça… Je n’ose même pas imaginer ce qu’il va se passer. Je suis capable de tuer avec mon pouvoir… Alors je suis aussi capable de mourir à cause de lui. Sauve-moi…
La demoiselle était sans doute l’une des seules à pouvoir faire quelque chose sur moi. Les drogues agissent directement sur le cerveau. Or l’esprit et celui-ci ne font qu’un. Ainsi la seule chose capable de me calmer, ce n’était même pas moi, c’était elle. Vous savez parfois il y a des personnes qui vous trouvent. Peu importe ce que vous fassiez, elles resteront dans vos vies. Car elles sont indispensables. Je suis désolé ma belle, désolée de ne l’avoir pas compris tout de suite. Mais je t’en prie fais quelque chose, je n’ose même pas imaginer ce qui se passera si mon esprit décide de me faire souffrir davantage. Je n’étais même pas capable de faire quoi que ce soit. Je serrais mon oreiller de toutes mes forces, même quand la demoiselle me prit dans ses bras je ne le remarquais même pas. J’essayais de me maitriser, mais mon esprit m’avait dominé. Il m’avait infligé une humiliation de plus. Croyez-moi, l’esprit est capable de faire vraiment mal. Jamais aucune blessure physique ne peut être aussi douloureuse. Jamais. Même si Hide avait été grièvement blessée, je suis certainement en train de vivre une épreuve au moins aussi douloureuse.
Alors Hide. Quoi que tu fasses, je t’en prie, fais-le bien. Et dès lors que je sentis sa main sur mon front, il se passa quelque chose. Je passais par différents états, différentes sensations. Mais elles étaient en train de m’apaiser peu à peu. Hide était en train d’user de son pouvoir. Et je vois que celui-ci peut être véritablement efficace. Je ne sais pas exactement ce qu’il se passe. Je ne comprends rien à vrai dire. Mais peu à peu l’intensité de la douleur provoquée par mon esprit devenait plus vivable. J’eus même quelques hallucinations de nos moments passées ensemble. Mon esprit était en train de perdre son emprise sur moi. Ou du moins il cédait du terrain. Je dois reprendre le contrôle. Coûte que coûte. Je profitais alors des mots glissés par la demoiselle pour imposer mon contrôle. Les sensations désagréables s’en allaient. La douleur s’en allait. Je ne ressentais plus rien. Mais cela était suffisant pour le moment. Mon contrôle avait été rétabli. La respiration haletante, je lâchais mon oreiller des mains avant de les placer sur le lit. Ma tête se logea alors sur une épaule de la demoiselle et j’éclatais alors en sanglots.
Leiko ••• Hide… pardon…
Désolé de t’avoir imposé une scène comme cela. Désolé d’avoir douté de toi. Désolé d’avoir perdu le contrôle sur moi-même. Mais cet appel au secours exprimait une sorte de déclaration. Tu peux voir ce que je ressens pour toi via ce cri. Il t’implorait, te suppliait de m’aider. Mes larmes mêlaient deux sentiments, la rage ainsi que la joie. L’humiliation d’avoir été dominé par mon esprit ainsi que la joie d’avoir repris le contrôle se mélangeaient pour donner cet éclat de sanglots. J’avais perdu le contrôle… quelle conne. C’est alors que Luna fit irruption dans la pièce.
Luna ••• Whoa… c’est quoi ce bordel ? La cuisine pleine de morceaux de verres. Ce hurlement. Leiko… t’as perdu le contrôle ? Leiko ••• O-ouais… Luna ••• La vache… pire que l’autre fois. Heureusement qu’elle est là ta copine hein… bon je vous laisse toutes les deux. Ça ira hein ? Leiko ••• Ouais… merci, Luna, mais tu nous déranges là. Luna ••• N’en dis pas plus, prends-soin d’elle toi hein. Parce que je ne serais bientôt plus là pour le faire.
Et la demoiselle s’éclipsait alors. Je ne suis pas certaine qu’Hide ait apprécié son intervention, mais elle venait d’émettre un ultimatum assez intéressant. Ainsi qu’une allusion que je n’avais pas niée. Hide. Ma copine ? C’est… un peu trop tôt non ? Je soupirais alors, calmant finalement mes pleurs avant de rencontrer le doux visage de ma partenaire. Je la contemplais alors avant de poser mes lèvres sur les siennes. En guise de remerciement d’abord, mais aussi parce que j’étais heureuse de l’avoir à mes côtés. Merci Hide… Merci !
Leiko ••• J-Je ne sais pas comment te remercier… J-Je prendrais soin de toi moi aussi...
C’est la seule promesse que je peux te faire pour le moment. Je ne peux pas encore te promettre de t’aimer. Je ne peux pas encore te promettre de ne plus te faire souffrir. Mais je peux te promettre de tout faire pour prendre soin de toi. Alors… embrasse-moi Hide. Prends-moi dans tes bras. Grâce à toi… je me sens mieux. Merci ma belle. Merci...
Mission accomplie. Je pense que j'ai plutôt bien réussis mon coup. Elle semble soulagée.
Je la gardais dans mes bras, à genoux sur le matelas. La position n'était certes pas très confortable, mais il fallait laisser le temps à la demoiselle de reprendre ses esprits. Et de toute façon, il me serait difficile de bouger sans souffrir à nouveau. L'inquiétude soudaine m'avait permit de distancer la douleur, mais elle m'avait désormais rattrapée. Ne pas bouger était alors la meilleure solution pour le moment. Leiko avait bien supporté l'intervention de mon don, ce qui voulait dire que je l'avais plutôt bien dosé. Vois, Leiko, que suivant ses utilisations, la drogue n'est pas uniquement quelque chose de mal. Je passais une main dans ses cheveux, mêlant mes doigts à ses mèches avec délicatesse. Je devais la rassurer, afin qu'elle arrête de pleurer. Elle semblait si fragile dans mes bras, sanglotant de cette façon. Et ça ne me dérangeait pas. J'étais là pour veiller sur elle.
-Hey... Ça va bientôt faire trois fois que je te dis d'arrêter de pleurer..
Je posais mes lèvres dans ses cheveux, attendant patiemment qu'elle se calme pour de bon, amadouant ses pensées par de légères caresses sur ses bras. Reviens avec moi pour de bon Leiko. Laisse le passé au passé. C'est alors que sa colocataire fit irruption dans la chambre, assez soudainement. Je ne disais rien, ne me mêlant pas vraiment à leur dialogue. C'était sympa d'être montée voir ce qu'il se passait, vu le cri de Leiko. Mais son intervention restait quand même... Très tardive. Je ne relevais pas ses propos, et d'ailleurs, c'est à peine si je les avais écoutés. Mais quand elle s'adressa directement à moi, je lui jetais finalement un regard. Un regard pas vraiment amical et agréable, mais pas méchant non plus. Voilà, j'avais fais un effort.
Une fois la colocataire partie, Leiko sembla enfin se réveiller, allant même jusqu'à me gratifier d'un baiser du bout des lèvres. Je lui en rendais un légèrement plus appuyé, avant d'embrasser le bout de son nez, histoire de la stimuler un peu. Sortir des effets un peu brutaux de la drogue pouvait laisser un peu amorphe, désorienté, surtout les premières fois. Et je me doute bien que la belle n'est pas une grande camée de carrière...
-Tu as déjà pris soin de moi au moins à deux reprises... Alors c'est normal que je te sois venue en aide..
J'écartais légèrement le col de son peignoir pour poser mes lèvres à la base de son cou. A vrai dire, c'était le plus loin que je puisse aller sans avoir à me pencher davantage, risquant d’aggraver mon cas. Je remontais ensuite jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser avec une infinie douceur. Tu vois, je ne suis pas une brute. Tout comme je ne suis pas comme tous les "connards de chez Atlantide". Je pourrais même te présenter quelqu'un qui est bien loin de ce genre de description. Encore plus que moi.
Parce que oui, parfois, je peux être une connasse. Je peux être violente, méchante. Mais ça ne sera jamais, Jamais avec toi.
Oui c’est vrai, j’ai déjà pris soin de toi. Comme toi hier j’aurais pu y laisser la vie. Ce don me terrorise parfois. Mais il est aussi capable de me sauver la vie. J’imagine que c’est une contrepartie acceptable pour l’utiliser. Mais il ne faut pas que j’oublie celle d’Hide.
Je vais donc devoir faire face aux retours de flamme de son don. Je comprends maintenant pourquoi j’ai dû l’aider la dernière fois. Je me doute bien que dans quelques instants je vais devoir en faire de même. Essayer de calmer sa douleur comme je l’avais fait. Elle n’a peut-être pas tort. Je suis peut-être quelqu’un de fort. Mais en revanche, toute seule j’ai beaucoup de mal. Parfois j’ai besoin d’un appui, d’un second avis, d’une personne dans ma vie pour y remettre de l’ordre quand tout part en vrille. Et vous savez la sensation que j’ai ? Je suis certaine que pour Hide c’est la même chose. Je suis sûre qu’elle aussi désire une personne comme moi dans sa vie. À l’image de mon pouvoir, je suis capable de rendre le contrôle comme l’abandonner. Je suis capable du meilleur comme du pire, pareil que la demoiselle je vous dis. Je commence peu à peu à comprendre pourquoi je ressens une telle attirance pour elle. Pourquoi je n’ai pas envie qu’elle parte même quand je suis folle de rage contre elle et le monde entier. Je sais qu’au final… elle sera capable de m’aider en toute circonstance. Comme je vais le faire sans aucun doute bientôt.
La demoiselle profita alors de ce petit moment de tendresse pour atteindre mon cou de ses lèvres. Après tous ces événements, je pense qu’il va falloir que tout se calme. Et j’ai une très bonne idée pour cela. Je posais alors mes émeraudes sur elle avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres. Mon hésitation venait du fait que je n’étais pas encore totalement calmée. Je prenais une nouvelle fois Hide dans mes bras avant de lui dire d’une voix un peu plus posée, infiniment moins tremblante heureusement :
Leiko ••• Je vais faire à manger chérie. Je suis affamée et je me doute bien que toi aussi. Tu as perdu beaucoup de sang d’ailleurs, il va falloir que tu manges au bout d’un moment. Oh et dernière chose.
Je prenais alors son visage entre mes mains, mais avant de reprendre la parole, je la contemplais un petit peu. Malgré la fatigue, malgré tous ces événements, elle reste vraiment belle. Certains diraient que la beauté ne fait pas tout, moi je pense que c’est exactement comme cette expression qui avance que l’argent ne fait pas le bonheur. Non c’est vrai. Mais l’argent est un facteur au bonheur, tout comme la beauté est un facteur de l’amour. D’abord l’attirance, ensuite les sentiments. S-Sentiments ? Oh une seconde ! C’est ça que je ressens pour elle ? J’ai des sentiments pour elle ? J-Je ne suis pas certaine. BON BREF. Passons à autre chose. Je lui lançais alors un sourire béat avant de reprendre la parole en ces termes :
Leiko ••• Si jamais le retour de flamme de ton pouvoir opère. Tu me préviens tout de suite. Pas de discussion possible. Mon pouvoir est fait pour ça. Maintenant tu t’allonges et tu me laisses faire le reste. Je ne suis pas une cuisinière hors pair, mais bon… je pense que tu vas apprécier.
As-tu une possibilité de négocier ma belle ? AUCUNE. Tu fais comme ça et c’est tout. N’oublie pas ma belle. Je reste une femme à TRÈS fort caractère. En d’autres termes. Pas de discussions. Mais bon, ça tu comprends à force non ?
Il est vrai que ça faisait un moment que je n'avais pas mangé, au final. Mais je n'y avais pas pensé jusque là, car je n'avais pas vraiment faim, même maintenant. Mais bon, il n'était pas nécessaire de contrarier encore la belle. Et puis d'un certain côté, elle avait raison. Il serait peut-être mieux que je mange, vu les épreuves que nous venions de traverser. D'ailleurs, elle prévoyait déjà la suivante... Je savais très bien qu'elle allait finir par arriver, mais il était encore trop tôt pour ça. Et.. Plus tard elle arriverait, mieux ce serait. Parce que cette fois-ci, j'allais vraiment douiller. J'avais dû envoyer une grande dose de mon pouvoir sur elle pour réussir à passer au dessus de son don devenu fou. Mais le point positif était que j'avais réussis à la calmer et à l'aider à remettre son esprit en ordre. Inutile de penser à la douleur avant même qu'elle n'arrive. Leiko serait là pour m'aider, même si ça ne m'enchantait pas vraiment de lui faire utiliser son don après ce que je venais de voir.
-Oui.. Je te préviendrais..
Je l'embrassais à mon tour avant qu'elle ne se redresse pour aller vers la cuisine. Avant qu'elle ne passe la porte, je l'interpellais, en profitant pour lui glisser quelques mots.
-Montre-moi ce que tu sais faire alors... Je te fais confiance.
Puis elle disparut par la porte. Je restais alors un instant sur le lit, avant de m'étendre sur le ventre quelques instants, histoire de reposer un peu mon dos, assez lourdement sollicité dans les derniers instants. Décidément, je n'aurais jamais cru vivre autant de choses en si peu de temps avec cette femme qui n'était encore qu'une étrangère quelques jours auparavant. Outre les moments douloureux, nous avions passé jusqu'alors de très agréables moments. Je me redressais lentement, prenant garde à ne pas trop faire de mouvements brusques, et je me levais finalement du lit. Je ne pouvais pas rester en place, allongée sagement dans le lit. Je sortais donc de la pièce, rejoignant silencieusement la cuisine pour me placer derrière elle et l'enlacer avec douceur, mon menton sur son épaule.
-Avant que tu ne t’énerves... Je ne voulais pas rester seule dans ce grand lit...
Je gloussais légèrement, car c'était évidement une petite pique sarcastique. Mais si je lui avais simplement dis que j'en avais marre d'être allongée à ne rien faire, elle n'aurait pas été très coopérante.
Tu ne peux pas m'en vouloir... J'ai besoin de bouger. Même si ça fait mal. Même si tu n'es pas d'accord.
Toi alors... Tu ne tiens vraiment pas en place ma belle !
Seule. Elle me manque déjà. M’enfin c’est juste pour cuisiner après tout. Je soupirais légèrement, j’avais tout de même déjà envie de revenir vers elle. Mais avant toute chose fallait aussi que je nettoie la pièce. Satanée colère à la con.
J’avais donc enfilé des chaussons pour éviter de me rentrer des bouts de verres dans le pied. J’avais ensuite pénétré dans la pièce pour nettoyer tout mon bordel. Je pouvais constate l’ampleur des dégâts sur la vitre de mon mobilier. J’aurais sans doute dû agir plus calmement, mais bon, c’est facile de dire cela après coup. Je soupirais longuement durant mon effort pour remettre tout cela en place. Je déteste le nettoyage, d’ordinaire je ne le fais même pas. Enfin si, mais je fais toujours attention à ne rien dégueulasser pour être tranquille après. Je suis sans doute un peu maniaque sur les bords. Bon j’aime bien quand tout est en ordre c’est vrai, mais faut pas pousser non plus. Mais franchement, je ne comprends pas comment j’ai pu m’énerver autant. Hide aurait pu me prendre pour une folle. Une fois que j’eu fini de remettre tout en ordre, je commençais mon opération cuisine. Je sortais d’abord quelques légumes avant de sortir également un peu de viande au congélateur. Je saisissais alors un couteau et une planche pour découper les légumes sans en mettre partout. Ouais bon en vrai je suis quand même un peu maniaque hein.
Tandis que je découpais les aliments, je sentis tout à coup une étreinte se former autour de ma taille. Je savais que c’était elle et malgré le plaisir de savoir qu’elle était près de moi, j’étais également un peu vexée de savoir qu’elle n’avait pas écouté ce que j’avais dis. Elle essaye d’ailleurs de me le faire comprendre en s’excusant. Navré ma belle, mais quand je dis quelque chose j’aimerais bien qu’on m’écoute. Je peux le comprendre certes, mais l’accepter c’est une autre histoire. Tout en continuant mon découpage, je lui rétorquais :
Leiko ••• J’aimerais bien que tu écoutes ce que je dis de temps en temps beauté. Tu dois te reposer. M’enfin… c’est peine perdue à ce que je vois. Tiens ma belle, tant que t’es là, tu peux continuer de découper les légumes, je vais enfiler quelques vêtements.
Non en vrai je lui prépare juste une petite surprise un peu coquine, mais aussi et surtout, une provocation digne de ce nom. Je laissais alors la demoiselle s’emparer du couteau avant de lui glisser un regard plein d’envie. Je déposais ensuite un baiser sur ses lèvres avant de m’éclipser. J’allais ensuite dans ma chambre pour chercher des sous-vêtements noirs que j’enfilais rapidement. Je remettais ensuite mon peignoir par-dessus avant de finalement rejoindre la pièce. Je me tenais donc à l’entrée de la cuisine et interpella la demoiselle. Celle-ci se retourna et je défis alors mon peignoir devant elle, la laissant contempler mon corps, qui était entièrement nu avant, mais qui ne l’était plus, grâce à deux remparts que j’avais ajoutés. Je laissais alors tomber mon peignoir en avançant vers elle avant de l’embraser avec fougue. Mais avant que l’envie de me caresser lui prenne, je m’écartais d’un bond avant de lui dire :
Leiko ••• Retourne t’allonger, sinon… tu n’auras ni l’occasion de me contempler, ni même celle de me toucher. D’accord ma belle ? Je ne plaisante pas.
Oui Hide. Parfois je suis inflexible. J’agis dans ton intérêt comprend cela. Je veux que tu te reposes. Même si cela ne te plaît pas. Même si tu risques de m’en vouloir. Je ne veux plus prendre de risque. Et je ne te laisserais pas en prendre non plus.
Désolée, mais c'est plus fort que moi. Oui, je ne suis pas très docile. Les ordres, j'ai un peu de mal.
D'ailleurs, Leiko m'en fit la remarque. Je n'avais pas écouté sa demande de rester tranquille, installée dans son lit en attendant qu'elle prépare à manger. Mais rester à rien faire n'est vraiment pas mon truc. Et puis... elle était loin de moi. Enfin, il n'y avait pas plus de dix mètres entre la chambre et la cuisine, mais ne pas l'avoir sous les yeux ne me convenait pas. Je devais la voir, pouvoir la regarder, la toucher... C'était plus fort que moi. J'haussais les épaules fasse à sa remarque, avant de rétorquer en la serrant un peu plus contre moi, mes lèvres près de son oreille.
-Ecouter et faire ce qu'on me dit n'est pas mon point fort... Je suis un peu rebelle vois-tu.
Je passais le bout de ma langue sur le lobe de son oreille et relâchais finalement mon étreinte pour la laisser s'échapper. A contre cœur, certes, mais il le fallait bien. Je n'allais pas m'opposer à tout ce qu'elle me demandait tout de même. Je la remplaçais donc pour couper les légumes, m'appliquant tout en jetant de temps à autre un regard par dessus mon épaule, guettant son retour. Elle mijotait forcément quelque chose pour avoir céder à ma présence aussi facilement. Et bingo, elle refit finalement son apparition, m'interpellant depuis la porte, pour finalement laisser sensuellement tomber son peignoir, me dévoilant son corps quasi-nu, couvert de seulement quelques pièces de lingerie fine. Woaw. Ma mâchoire aurait pu m'en tomber. Ou alors, j'aurais pu me couper un doigt, absorbée par cette image divine. Heureusement, aucun accident du genre ne fut à déplorer. Elle se rapprocha simplement de moi, venant prendre mes lèvres d'assaut avec fougue. Je pris soin de poser le couteau sur la planche histoire que personne ne se blesse, et je répondais à son baiser avec envie. Mais au moment où mes mains voulurent parcourir ce corps qu'elle offrait à mon regard, Leiko s'écarta, m'opposant à un dilemme. Enfin, dans la mesure où j'aurais pu choisir une proposition ou l'autre. Mais elle savait très bien quel serait mon choix.
-Tu es quelqu'un de cruel, de sadique..
Je délaissais le plan de travail pour me diriger vers la porte, résignée. Il fallait bien que je la laisse gagner, pour avoir l'occasion de gagner à mon tour. Cependant, en passant près d'elle, le la saisissais par le bras pour l'attirer vers moi, posant simplement mes lèvres sur les siennes l'espace d'une seconde.
-Remets ton peignoir, sinon je vais m'en vouloir de t'avoir écouté et d'avoir raté ne serait-ce qu'une seule seconde du spectacle...
Je ricanais légèrement et lui adressais un clin d'oeil avant de passer la porte. Je m'arrêtais une fois l'encadrement de la porte passée, histoire de placer une dernière petite réplique.
-Étrangement, quand je te vois ainsi, je me sens relativement bien malgré mes blessures..
Je filais alors vers la chambre afin d'éviter les représailles. Je reprenais place sur son lit, m'étendant précautionneusement sur le ventre, histoire de soulager un peu mon dos. J'aurais bien été fumer la fin de clope que j'avais abrégé pour la retrouver lorsqu'elle avait brisé la vitre du meuble, mais la belle avait été formelle : Couchée, pas bouger. Alors bon, je pense qu'écouter, pour une fois, ne pourrait pas me faire de mal.
Tu as de la chance, Leiko. De la chance de n'être comme aucune autre à mes yeux. Tu es unique en ton genre. Et ça te rend encore plus irrésistible. J'attends mon repas. Mais lequel..?
Voilà, enfin raisonnable. Qu'est-ce qu'il faut pas faire !
Oui en effet ma belle. Je suis cruelle. Je suis sadique. Mais ça marche. La preuve, tu finis par obéir. Je suis plus maligne que j’en ai l’air. Ouais je suis blonde, mais je suis quand même intelligente. Et je suis une vraie blonde en plus ! Haha !
La demoiselle, bien que résignée à faire ce que je dis, profitait tout de même d’une absence passagère de ma part pour m’embrasser subrepticement. Un baiser en un éclair. Je ne sais pas exactement si elle est vexée ou pas, mais une chose est sûre, elle fait ce que je dis. Elle me demanda notamment de remettre mon peignoir, ce que je fis dès l’instant même où son dernier mot retentit dans la pièce. Elle ajouta même un petit clin d’œil auquel je répondis par la même chose suivie de ma langue que je lui tirais pour l’embêter un peu. Je dois dire que je suis bien fière de mon coup pour cette fois. En vérité je suis toujours fière de mes actes, mais là encore plus. Enfin non pas toujours, mais la majorité quoi on ne va pas chipoter hein mes chou ? Bref. Je la regardais quitter la pièce, je pensais même qu’elle n’avait plus rien à dire. Mais à contrario de ce que je pensais, elle décida de rajouter quelque chose. Qui me fit sourire. Un sourire un peu niais d’ailleurs. Hide avait la chance de contempler une fille amoureuse qui la regardait sourire. Hein ? UNE SECONDE. Amoureuse ? Non il est trop tôt pour parler d’amour, mais… Argh ! Ce n’est pas clair dans ma tête :
Leiko ••• Je ne savais pas que mon corps était un remède, mais si tu es sage, tu pourrais guérir encore plus facilement. Allez, file avant que je ne change d’avis !
Et la voilà qu’elle partait. Je me retournais alors vers le plan de travail et reprenais mon œuvre. Les légumes sont fin prêts, il ne me reste plus qu’à cuire tout le reste c’est-à-dire la viande. J’aurais du demander à Luna de faire la cuisine elle est douée pour cela. Mais bon si jamais Hide la croise une nouvelle fois, je crois que ça ne va pas lui plaire du tout. Sachant qu’elle était une amante. J’avais tout de même cette pensée que quoi que je fasse, la demoiselle serait prête à me le pardonner. Non pas parce que je suis irrésistible même s’il y a un peu de cela, mais aussi et surtout parce que je suis certaine qu’elle tient encore plus à moi que je ne veux bien le croire. J’aimerais bien voir cela. Mais en vérité j’en ai eu la preuve lors de son intervention. Ahlala... j’ai vraiment poussé le bouchon un peu loin quand même. Mon pouvoir m’a achevé. Mais bon encore un petit effort, le repas est presque prêt. Un peu de légumes, un peu de viande et une petite sauce pour suppléer le tout. C’est prêt !
Après quelques minutes de préparation, c’était enfin prêt. Je sortais alors rapidement deux assiettes avant de les mettre sur la table de la cuisine. Un petit diner en tête à tête en perspective. Je servais ensuite les parts dans lesdites assiettes avant d’aller chercher la demoiselle. Non je n’avais pas envie de seulement l’appeler pour qu’elle vienne. Je voulais venir vers elle. Je pouvais alors la contempler dans ma chambre. Elle était allongée sur le ventre. Elle m’avait écoutée. Pour une fois. Non je plaisante. Je m’approchais d’elle. Pas question de lui sauter dessus. Bien entendu. Sachant qu’elle entendait parfaitement mes pas, je me hissais sur le lit avant d’aller au niveau de sa tête. Elle me regarda alors et je déposais un doux baiser sur son front avant de lui dire d’une douce voix :
Leiko ••• C’est prêt ma belle. Tu veux un peu d’aide pour te lever ou ça ira ?
Quelques petites attentions ne font pas de mal. C’est dingue. Plus le temps passe et plus j’ai cette impression. Je me comporte comme une fille en couple. Et le pire dans tout ça, c’est que cela ne me dérange pas. Tant que c’est pour elle. M’en fiche du reste.
Un baiser sur le front. C'était tellement mignon. Moi qui avait du mal à trouver quoi que ce soit mignon. Leiko agissait étrangement avec moi. Et d'ailleurs, j'agissais tout aussi étrangement. On aurait dit un petit couple. Pourtant, nous ne l'étions pas, pas vrai ? Ce n'est pas vraiment ce qu'avait sous-entendu sa colocataire lors de sa dernière apparition. M'enfin, hein, je ne me base pas sur les avis des personnes que je n'apprécie pas spécialement. OUI je ne la connais pas, mais quand même. Simplement savoir qu'elle a pu coucher avec Leiko, et qu'elle pourrait encore le faire si Leiko le souhaitait, m'insupportais. De la jalousie ? Mais nooon, pas du tout. Je ne suis pas comme ça.
Bon en fait, peut-être bien que si, en fin de compte.
Je lui adressais un petit sourire en coin, la contemplant un instant. En fait, j'étais plutôt bien, installée sur le ventre. Pas de douleur liée à l'appui de mon dos contre le matelas, pas de douleur liée à la contraction des muscles comme lorsque je suis debout. Je ne peux pas faire, ni regarder grand chose ainsi, mais au moins, je ne souffre pas. Mais ça ne va pas durer, puisqu'il faut aller manger. Et pleine de grâce, la belle me propose un coup de main. Je n'aime pas vraiment que l'on m'aide, mais au bout d'un moment il faut savoir reconnaître qu'on en a besoin. Je me redressais donc seule grâce à la force de mes bras, non sans grimacer légèrement, et je me débrouillais pour me retrouver en position assise au bord du lit. Là, je tendais une main vers la belle pour qu'elle m'aide à me lever complètement. Chose faite, je profitais de notre proximité pour la serrer doucement contre moi, posant un baiser au coin de ses lèvres.
-Merci...
Je la relâchais finalement pour la suivre jusqu'à la cuisine, un instant absorbée par le mouvement du tissu de son peignoir. Le reste de mon imagination faisant tout, je voyais parfaitement les sous-vêtements noirs qu'elle portait en dessous. Sorcière. Elle m'avait bien eu pour le coup, et je ne sais pas comment elle faisait ça mais, elle me rendait folle rien qu'à la regarder. Enfin bon, ravalons notre bave et passons aux choses sérieuses, avant qu'elle ne capte ce regard débordant de désir. Je m'installais à la table, lentement, comme une espèce de grand-mère courbaturée et pleine de rhumatismes. Ça me faisait quand même sourire, vu comme je me trouvais ridicule à galérer ainsi pour des choses aussi simples.
-Ça sent vraiment bon...
Et aucun doute que ça l'est. Je te fais confiance Leiko. De toute façon, tu n'oserais pas m'empoisonner. Mon sale caractère et mes mauvais côtés te manqueraient trop.
La question vous semblait un tantinet rhétorique ? Normal, ça l’est. Je me doute bien que malgré le fait qu’Hide soit une femme très fière. Un peu d’aide ne peut pas lui faire de mal. Raison pour laquelle je lui propose. Et d’ailleurs une fois qu’elle fut prête à l’accepter, je l’aidais.
La voilà donc debout grâce à mon aide. Je ne me sentais pas peu fière je dois le reconnaître. Pour une fois que je peux être un peu utile avec elle. Ouais je sais quand je dis ça c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, mais voilà. D’ailleurs elle en profitait même pour me donner un bref baiser, voler aux coins des lèvres. Je la laissais ensuite me suivre, lui laissant tout le loisir d’admirer mes formes qu’on pouvait tout de même discerné surement grâce au fait que mon peignoir était assez serrer au corps on va dire. Non ne c’est pas fait exprès du tout. J’avais le choix entre le gros peignoir qui tient chaud et celui-là, allez savoir pourquoi, mon choix s’est porté sur celui-ci. Non vraiment je vous assure c’est du hasard. Oui bon d’accord on n’y croit pas une seule seconde, mais voilà. J’avais ce petit sourire aux lèvres tout à coup. Je savais que la demoiselle ne faisait que m’observer. Et curieusement j’en tirais une certaine satisfaction. Son regard ne pouvait bifurquer. Il était absorbé par ma personne. Toute femme aime être désirée même si elle ne l’avoue pas. Mais moi personnellement je ne vais pas vous mentir. J’aime être le centre des attractions.
Nous nous installèrent alors tandis que la demoiselle complimentait ma cuisine en lâchant un compliment qui alla droit au cœur croyez-moi. C’est gentil de me dire ça ma belle, mais je ne me considère pas comme une bonne cuisinière. J’ai d’autres talents on va dire. Mais comme une idiote il fallait que je réplique :
Leiko ●●● Merci chérie. J’ai fait ce que j’ai pu. Je ne pense pas que ça sera génial, mais bon, c’est toujours mieux que la bouffe de l’hôpital. Fin… j’espère.
Un petit ricanement s’en suivit. En fait je riais un peu jaune parce que j’avais un peu peur que la demoiselle me sorte une réplique du genre que finalement elle aurait préféré manger à l’hôpital. Mais bon ce n’est pas le genre d’Hide. D’ailleurs j’ai du mal à me rappeler la dernière fois ou elle m’a dit quelque chose de négatif. Ah si peut-être tout à l’heure avec Luna. D’ailleurs je me demande bien ce qu’elle fait celle-ci. C’est trop calme. Je n’aime pas trop beaucoup ça moi ! Oui je parle comme une gamine. Et oui je vous emmerde. Je laissais alors tout le loisir à Hide de goûter en première. Juste pour voir sa réaction. D’ailleurs je la fixais un peu. Un peu beaucoup. Je crois qu’elle ne va pas tarder à le remarquer. Et bah c’est fait. Je rougissais alors soudainement avant de lui dire d’une voix sonnant comme une excuse :
Leiko ●●● Euh… pardon. J-Je voulais juste voir ta réaction.
Suivi d’un petit rire jaune. Ahlala… je suis un peu conne sur les bords. Bon je vais goûter moi-même. Bon ce n’est pas mauvais. C’est même pas mal. Ouf… Et c’est alors qu’un flash d’appareil photo me fit sursauter.
Hein ? Que ? Quoi ? Qué passa ? C’est quoi ce délire ? Je relevais alors la tête. LUNA ? Mais qu’est-ce qu’elle fout avec son appareil photo cette idiote. Je lui lance alors un regard assassin avant qu’un rire ne m’échappe. J’avais même lancé un regard amusé à Hide tout en rigolant pour qu’elle évite de s’énerver. Ça m’apprendra à me mettre à côté d’elle plutôt qu’en face. Luna aurait pu avoir juste mon dos en photo, mais non. En plus je dois avoir une de ces têtes. Putain elle est chiante quand elle s’y met. Tiens d’ailleurs, la voilà qui ouvre sa bouche :
Luna ●●● Désolé. Je n’ai pas pu résister vous êtes trop mignonnes. Leiko ●●● Dégage, saloperie va. Luna ●●● Oui, tout de suite maitresse Leiko, reine du royaume de la publicité. Déesse de… OK je me casse.
Oui j’avais un objet à la main prêt à lui atterrir en pleine tronche. Je posais alors mes yeux sur Hide avant de lui dire d’une voix un peu gênée :
Leiko ●●● Désolé… elle est photographe. Elle ne peut pas résister. Elle me prend en photo tout le temps.
T’énerve pas Hide. Reste calme. Si besoin est elle l’effacera sa photo. Enfin… je ne pense pas. Mais bon bref. ENJOY YOUR MEAL BABY !
Ça sentait bon, et ça avait aussi l'air bon. Leiko, sache que je ne fais pas de compliments si je ne les pense pas.
La bouffe de l'hôpital. A vrai dire, je n'y ai pas vraiment goûté cette fois-ci. Je ne suis pas restée assez longtemps pour ça. Grâce à elle. Ou plutôt, à son père. Voir même à tous les deux. Mais pas besoin d'y avoir goûté récemment pour savoir que ce genre de bouffe est infect. J'y ai passé suffisamment de temps par le passé pour savoir que c'est un calvaire de plus que de manger ce qu'ils présentent sur leurs plateaux-repas.
"Chérie". Ça sonne assez étrangement à mes oreilles. Mais ça n'est pas franchement désagréable. Au contraire. Là, on dirait vraiment un petit couple. La façon de s'installer à table, les petites manières, les surnoms... Woa. C'est arrivé si vite. En fait, je ne m'y suis jamais vraiment habitué. Trop insupportable ou insupportée, je ne reste généralement pas aussi longtemps avec mes diverses conquêtes, aussi charmantes soient-elles.
Mais là, nous parlons de Leiko. D'ailleurs, celle-ci me fixait assez intensément depuis un petit instant. Elle attendait quelque chose, visiblement. Je levais alors les yeux vers elle, l'interrogeant du regard. La réponse vint immédiatement, ce qui eut pour effet de me faire sourire. Je la regardais alors, amusée.
-Ah ! Je vais te dire ce que j'en pense tout de suite alors.
Je lui adressais un clin d’œil, histoire de lui signaler mon indulgence face au repas, quand un flash nous arriva en pleine poire. Je plissais alors légèrement les yeux, avant de trouver la source de ce désagrément. Pourquoi diable l'avais-je cherchée, d'ailleurs ? Elle ne pouvait venir que d'une personne, décidément décidée à faire irruption parmi nous dès qu'elle en avait l'occasion. Luna se tenait face à nous, un appareil photo dans les mains. Je jetais alors un regard à Leiko qui me souriait, amusée. M'énerver encore une fois ne serait pas vraiment très sympathique, et inutile de relancer la colère, d'un côté comme de l'autre. C'est pourquoi je me raclais simplement la gorge, laissant à ma partenaire le soin de gérer la photographe. Quand la colocataire s'en retourna finalement vers ses appartements, je lâchais, avec une pointe d'ironie dans la voix :
-Il faudrait peut-être penser à lui mettre une clochette, histoire de savoir quand elle se rapproche de nous...
Ne m'en veux pas, je fais ce que je peux pour ne pas m'énerver, bien que cela m'agace. Oui, je fais un effort, pour toi ma Belle.
Enfin bon il était temps de passer aux choses sérieuses : goûter à ce repas préparer avec am-... Bien préparé. Je prenais donc une première bouchée, mimant une mastication longue et pensive, simplement pour embêter la cuisinière. Elle était impatiente, je me devais donc de la faire patienter encore un peu. J'avalais finalement et restais silencieuse, les yeux sur mon assiette. Aller, patiente encore un peu ma beauté, je sais que ça t’agace. Et puis finalement :
-C'est très bon.
Un sourire rassurant, amusé, taquin. Aller détends-toi Leiko, tu es une très bonne hôte. Dans tous les sens du terme. Mais j'espère bien que certains sens me sont réservés désormais, mh ?
Penser à lui mettre une clochette ? L’idée est conne, mais elle me plait. J’eus même un léger rictus, suivi d’un rire finalement incontrôlable. En fin de compte, je garde, c’est vraiment drôle. Je regardais la demoiselle en souriant, tentant de m’excuser à la place de Luna. Mais qu’importe. C’est passé maintenant.
Ce qui était le plus important c’était la situation. Hide devait me donner son avis sur ce que je lui avais cuisiné. Et je dois dire que je l’attendais non sans une certaine impatience. Je ne cherche pas vraiment à ce qu’elle me dise que je suis la meilleure cuisinière de tous les temps non pas du tout, je voulais qu’elle me rassure par exemple en me disant que ce qu’elle met dans sa bouche est mangeable. Quand on me connait, il est légitime de se demander si je cherche à ce qu’on me complimente ou pas. Mais là pour le coup non. Mais c’est étrange… même s’il ne s’agit que d’un simple repas, j’étais un peu anxieuse. J’ai déjà cuisiné un truc comme ça des dizaines de fois sans jamais aucune intoxication alimentaire. Je ne vois même pas pourquoi je stresse. On dirait que je prépare un repas pour ma copine. Sans déconner. Plus le temps passe et plus je me mets à penser que c’est véritablement ce qu’elle représente pour moi. Mais après réflexion, je me dis tout de même que c’est encore un peu tôt pour parler de cela. Je ne suis pas prête à avoir cette pensée pour le moment.
Bon allez Hide ! Goûte et dis-moi ce que t’en penses bon sang ! Arrête de me faire languir ! Mais elle le fait exprès en plus ! Je vais bouder ma belle ! Bon la voilà qu’elle prend une bouchée. MAIS ARRÊTE DE FAIRE CETTE TÊTE NEUTRE LÀ ! Je ne sais pas moi fais une grimace de dégoût ou bien un sourire, mais arrête de me torturer l’esprit ! Moh ! Je vais devenir folle si ça continue ! Alors, alors, alors ? C’est très bon ? VICTOIRE ! J’AI GAGNÉ ! Fin je n’ai rien remporté du tout, mais le fait qu’elle me dise cela je considère que c’est une victoire. Bon, bah je ne suis pas mauvaise merci seigneur ! D’ailleurs, maintenant que l’épisode de la nourriture était achevé, je voulais me pencher un peu plus sur le problème Luna. Et le pire c’est que j’ai la solution, mais je n’ai pas encore osé le dire à la demoiselle. Je suis vraiment étourdie quand je m’y mets. Je me lève alors d’un bond et me diriges vers les escaliers. En vérité, il ya une porte que je laisse tout le temps ouverte et qui permet donc l’accès à MES appartements. Je la fermais donc et j’allais chercher la clé pour être ENFIN tranquille avec la demoiselle. Je revenais alors m’assoir à la table avant de lui dire d’un ton taquin :
Leiko ●●● Voilà, j’ai trouvé le moyen de nous débarrasser de Luna. En fait j’avais la solution depuis le début, mais je n’y ai pas pensé sur le coup. Désolé Hide.
Parfois je devrais quand même faire attention à ce qui m’entoure. Je vois bien que la jeune femme ne veut pas recroiser le regard de mon amante occasionnelle. Enfin si les choses deviennent sérieuses entre Hide et moi, je ne peux plus parler de cela avec Luna et encore moins le faire. Je vais donc devoir me tenir à carreau. Ouhla ce n’est pas mon truc ça, mais je pense que je n’ai pas du tout le choix. Je reposais alors mes yeux sur la demoiselle avant de lui dire d’une voix un peu plus coquine :
Leiko ●●● Dis-moi ma belle… tu crois qu’avec tout ce que tu auras mangé… tu auras encore de la place pour me dévorer moi ?
Je disais cela en lui faisant les yeux doux. Hide… j’ai envie de toi. Même si ce n’est pas sage. Même si ce n’est pas recommandé. Je te veux chérie…
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