C'était l'aventure d'un soir. L'aventure d'une vie. C'était quelque chose qui était apparu alors qu'elle ne l'attendait pas. Un sentiment nouveau. Un sentiment de bien être et de paix. Quelque chose qu'elle n'avait pas connu auparavant. Quelque chose qui la rendait joyeuse. Presque un peu trop d'ailleurs, il était rare de la voir ainsi.
Parce que Belladone était heureuse avec elle.

Elle, c'était Tara. Une amante et à présent une amie.
Une âme sœur.

Belladone se souvenait encore de ce jour où elles s'étaient rencontrées dans un bar. Ce soir-là, il y avait ce vide en elle. Ce manque, celui qui était toujours là. Elle avait désespérément cherché à le noyer dans un verre. Ce n'était pas quelque chose qu'elle faisait souvent, pourtant pour rien au monde elle aurait regretté la décision qu'elle avait pris ce soir-là.

Ainsi, assise au bar un verre à la main, elle ruminait. Perdue dans de sombres pensées. Et puis, poussée par une étrange force, comme si le destin c'était joué d'elle, Bella avait tourné la tête. C'était là qu'elle avait croisé son regard et là, tout c'était envolé.
Ses maux, le sens même de choses, ce pourquoi elle était venue ici. Rien. Plus rien. Juste elle, cette sublime créature. Cette brune ténébreuse.

Difficile de se souvenir qui avait fait le premier pas, elle se rappelait juste de cette attirance qu'elle avait alors éprouvait. De se désir indescriptible qu'elle avait eu, de cette envie de la toucher et de la serrer dans ses bras.
Et elle l'avait fait.

Pourtant, outre cette nuit qu'elle avait passée dans ses bras et qu'il était peu probable qu'elle oublie, ce n'était pas ce qui importait le plus aux yeux de Belladone, c'était tout ce qu'elles avaient vécu par la suite.

Elle se souvenait très bien du réveil et de Tara qui souffrait. Elle avait tout fait pour la soigner. Ce fut dur, parce que le pouvoir de la brune était exceptionnel, c'était un mal auquel elle n'avait jamais été confrontée. Jamais. Mais finalement, elle y était arrivée. Ce n'était pas tant une fierté, plutôt un soulagement. Jamais elle ne s'était inquiétée de la sorte.

Et puis, elle était partie.
Et puis, elle était revenue.

Sur son visage, un sourire nouveau s'agrandissait peu à peu. Celui qu'elle ne connaissait pas encore et qu'elle lui réservait. Celui qui montrait qu'elle était apaisée. Elles avaient parlé, elles s'étaient confiées. Elles étaient devenues proches. Des amies et plus encore. Mais arriva ce jour où Tara disparue soudainement de sa vie. Emmenée loin d'elle et plus rien n'était pareil.

Nous voilà aujourd'hui, alors que Belladone n'avait rien oublié, alors que la tristesse l'avait regagnée. Comme toujours, elle s'affairait dans sa boutique, ça marchait bien en ce moment, elle n'avait pas à ce plaindre. Elle s'occupait les mains, elle s'occupait les pensées.
Et puis soudain, une voix.

Les yeux de Belladone s'écarquillèrent. Elle avait cette mauvaise impression. Celle d'un rêve, où d'un cauchemar. Comme si c'était impossible et pourtant, elle était bien là debout. Il n'y avait pas de doute possible, alors elle déposa doucement tout ce qu'elle avait en main et se retourna. C'était bien trop calme pour que cela soit digne d'elle tout cela.

C'était presque si les larmes allaient monter. Elle sentit son cœur de réchauffer et son vide se combler. Elle était heureuse et se sourire qu'elle avait perdu, il y a bien trop longtemps, revint se figer sur son visage de porcelaine. Elle n'osait bouger ou même parler, elle voulait juste se jeter sur elle et la prendre dans ses bras, comme elle le faisait autrefois.

Belladone passa timidement une mèche de ses cheveux roux derrière ses oreilles, comme l'autre une jeune amoureuse à son premier rendez-vous. Elle était inexplicablement intimidée, malgré tout ce n'était pas une étrangère qui se trouvait, mais elle avait besoin de rassembler toutes ses pensées.
Enfin, elle se lança et s'approcha d'elle. Elle lui prit une main et la caressa. Elle lui avait tellement manqué. Elle n'en revenait toujours pas.

« Tu n'avais pas le droit m'abandonner comme ça. »

C'était un peu égoiste de lui dire ça, elle savait que ce n'était pas de sa faute...Seulement, elle s'était sentie sombrer sans elle.

« Comment vas-tu Tara ? Que sait-il passé depuis tout ce temps ? »

Elle avait envie de savoir. Pire, elle en avait besoin. Une seule chose la rassurait : elle ne l'avait pas oubliée. Elle était revenue encore une fois.
Aujourd'hui, comme avant, Belladone avait cette furieuse envie de s'occuper d'elle. De rester auprès d'elle.

Le manque. La peur. L'oubli. C'était tout ce qui avait tourmenté Belladone durant l'absence de Tara. Au début, elle s'était sentie humiliée et trahie, comme si sa belle avait choisi de l'abandonner et ce, alors même qu'elles s'étaient extrêmement rapprochées. Puis, elle avait réfléchi et elle s'était dit qu'elle ne pouvait pas avancer de telles idées. C'est vrai, comment aurait-elle pu lui faire ça ? Ce n'était tout simplement pas possible. Pas croyable. Elle préférait ne pas y penser.

Belladone avait attendu des jours durant. Tous les soirs, elle regardait par la fenêtre de sa boutique ou de sa serre, qui lui servait de labo. Tous les jours, elle espérait, mais jamais elle ne revenait. C'est dans son manque, dans sa souffrance, qu'elle avait compris. Oui, elle avait compris qu'elle tenait à Tara plus qu'elle ne le devait.
C'était un sentiment étranger qui grandissait en elle, mais il la rendait heureuse. Bien évidemment, il lui était étranger au début et puis, elle si était habituée...Sans toutefois pouvoir y mettre de mot. Elle était perdue, elle ne connaissait pas tout ça et pour la première fois, elle était heureuse dans son ignorance. Comme satisfaite de ce qui lui arrivait...Mais elle n'aurait pu désirer mieux.

Et aujourd'hui, enfin, Tara était de retour. Aujourd'hui, elle avait enfin droit à la vérité. Les larmes lui montaient aux yeux, incapables de couler. Oui, Tara était bien là et elle retrouvait ces sensations qui le lui étaient plus étrangères.
Elle retrouvait enfin de cette peau douce, de cette fragrance unique. Ce visage que Belladone adorait. Cette voix qu'elle aimait. Ces lèvres...auxquelles elle ne devait pas penser. Pas encore, c'était trop tôt. Trop compliqué.

Pourtant, elle aimait trop cette main posée tout contre elle. Elle rêvait de lui en dire plus, mais elle devait attendre de lui en avoir dit plus. De lui avoir dit la vérité et ce fut Tara qui posa la question qui fâchait. Celle que la rousse redoutait et qui la mettrait sûrement en danger. Elle ne voulait pas la décevoir, mais elle se devait d'être franche.

« Je...J'ai. Les choses ont changé pour moi. J'ai toujours mon travail, mais je ne me contente plus de ça. Enfin. C'est compliqué. »

Elle soupira un bon coup. Ce n'était pas son genre d'hésiter autant. Elle avait juste peur de la réaction de Tara.

« Je fais partie des Shangri-La. Cela s'est fait un peu par hasard et je ne prends pas part à tout, mais leurs idéaux sont les miens. Du coup, je leur rend service et je me suis fais ma place.  »

Belladone ne pouvait pas lui mentir, elle ne pouvait pas lui dire qu'elle les avait rejoint parce qu'elle pensait qu'elle ne reviendrait jamais. Non, elle était grande et elle avait pris cette décision toute seule, parce qu'elle sentait que c'était la meilleure chose à faire. Pour elle en tout cas. Toutefois, elle n'approuvait pas toujours tout.

La question à présent, c'était de savoir comme son amie allait prendre les choses, elle qui autrefois était à la tête d'un gang ennemi. Peut-être qu'elle ne comprendrait pas qu'elle avait fait ça pour rentrer dans le combat face aux entreprises, qu'elle estime coupable de bien de maux. Ce qu'elle savait dans tous les cas, c'est qu'elle serait d'accord avec elle sur un point : la chasse aux mutants devait prendre fin. C'était ces deux raisons qui l'avait poussée à entrer dans ce petit gang, parce qu'elle n'avait pas sa place dans les grands noms...Elle n'était pas comme Tara. Pas tout à fait.

Ses yeux trahissait sa crainte, mais ses mains donnaient toujours de la douceur. Que pouvait-elle rajoutait après tout ça ? Qu'allait-elle oser dire ? Oh bien évidemment, elle n'était pas du genre à éviter son regard, mais cela n'empêchait pas ses doutes.

« Est-ce que tu m'en veux ? »

Ses doigts se mirent à caresser le bras de Tara.

« Parce que tu m'as manqué toi aussi, plus que tu ne le crois. Et j'aurais voulu qu'on parle d'autre chose pour nos retrouvailles. »

Elle craignait le dragon, mais elle s'assumait. Elle lui rendit un sourire provocateur. Les choses allaient se compliquer, mais finalement elle aimait ça. C'était d'autant plus revigorant.