Tokyo Drift 

Aizawa te sourit et tu empoches les quelques milliers de yens qu'il vient de te donner. Tu lui retournes son sourire. Aizawa a du fric à perdre. Il est riche, chose rare en ces temps troublés, et il s'ennuie. Alors acheter des voitures, les faire modifier puis les conduire dans des courses de rues, ça l'occupe. Une chance pour toi Rei, parce que le gars n'a rien d'un vrai coureur. Il sait conduire, certes, mais ici, c'est une vraie brêle. Il n'est là que pour le show, pour se montrer, pour exhiber son pognon et sa gueule. Tu le sais, tu t'en tapes. Il te paie pour que tu dopes ses bagnoles et tu le fais. Tu le fais payer plus cher que nécessaire mais c'est pas comme s'il pouvait vérifier par lui-même c'que tu fabriques dans son moteur, ou même simplement comprendre son moteur. C'est pour ça que t'aimes pas ce type. Il se fout de sa bagnole, il veut juste qu'elle brille plus que toutes les autres. Il te court sur le système.

Aizawa s'éloigne, se dirigeant vers un groupe de jeunes adolescentes fringuées de manière excentrique et sexy. Trop tape à l'oeil pour toi, mais tu vas pas te priver pour mater ce qui passe sous ton nez. Tu t'adosses à la voiture d'Aizawa, croises les bras et t'allumes une cigarette. Ton jean noir camoufle les tâches de cambouis mais tes bras nus les exhibent, tout comme ton t-shirt autrefois blanc. T'exhibes aussi de sales bleus qui terminent de s'effacer. Ce putain de cambriolage deux semaines plus tôt s'agrippe encore à tes côtes et à ta jambe. Mais t'as d'la chance, ta sale gueule s'en tire juste avec une cicatrice à l'arcade.

Un type s'approche, commences à te poser des questions sur la voiture. Vu ton attitude, il a dû penser qu'elle était à toi. C'est tout comme, ceci dit. Minus les clefs et le contrat de vente. Tu décides de pas être trop désagréable, surtout qu'il a l'air de s'y connaître. Une course débute non loin et des rugissements de moteurs et de cris résonnent un peu partout.

Un autre groupe de fille passe et ton interlocuteur se permet une remarque graveleuse sur l'une d'entre elle, une blonde peroxydée vêtue de cuir. Mais toi, c'est une rouquine qui retient ton attention. Fronçant légèrement les sourcils,  tu la suis des yeux, l'observant quitter les donzelles pour s'approcher d'un groupe de mecs discutant devant un duo de voitures. Tu ne connais pas ces types, ne les as jamais vu dans des rassemblements de ce genre. Mais bon, c'est pas comme si tu étais un régulier non plus. Tu connais que les potes d'Aizawa et ils sont tous comme lui, insupportablement riches et insupportablement ignares. La rouquine entame une discussion avec eux, les fait rire. L'un d'eux passe un bras autour de ses épaules et tu te demandes pourquoi Mademoiselle, elle et son caractère de merde, se retrouve à faire ce genre de job quand son pouvoir lui permettrait de faire bien plus. Une teigne pareille, ça peut se trouver un job sympa dans la sécurité. Un truc du genre.

Tu souris comme un crétin en repensant à ton réveil dans la chambre. Plus aucune fringue, que dalle. Elle avait tout pris, la salope. Ca t'avait fait rire plus qu'autre chose et tu t'étais rendormi pendant une demi journée. T'avais appelé Traüma et il était venu te récupérer, fringues en prime, puis t'avais passé une semaine alité à attendre que tes côtes fassent moins la gueule et que ta jambe cicatrise. C'est pour ça que t'es là ce soir. Une semaine de perdu au boulot, c'est du fric en moins. Ici, avec Aizawa, tu te fais l'équivalent de deux mois.

Tokyo Drift 

Tu sais qu'elle t'a vu et ton sourire s'élargit tandis que tu l'observes s'approcher. Toujours aussi charmante, toujours aussi hautaine. Probablement toujours aussi chiante. Et il suffit d'attendre qu'elle ouvre la bouche pour que tu te donnes raison. Sale teigne. Le type avec qui tu discutais éclate de rire et prend congé après t'avoir serré la main et filé sa carte. Chouette, du bricolage en plus. Ravi, tu tires sur le filtre de ta clope avant de la laisser tomber par terre, l'écrasant sous ta semelle. Une fois la carte dans ta poche, tu croises les bras contre ton torse et hausses un sourcil railleur.

« Mademoiselle, jamais un plaisir de te revoir. »

Tu vas même jusqu'à exécuter une petite courbette suintant l'antipathie. En te redressant, tu remarques qu'Aizawa discute avec un autre type. Enfin, discute. D'ici cinq minutes, ils seront prêts à se marave la gueule et donc à lancer une course pour régler leur différend.

« C'est pas très gentil de dire des mensonges comme ça aux gens, tu sais. J'ai même pas besoin de voler quoi que ce soit, les voitures et l'argent viennent à moi comme des grands et en toute légalité. Enfin presque toute légalité. Trafiquer des moteurs, c'est pas forcément parmi les passes temps tolérés par les flics. »

Remarquant que l'échauffourée d'Aizawa escalade, tu décides d'effectuer quelques vérifications de dernières minutes. Tu ouvres le capot et inspectes minutieusement le bébé qui sommeille encore tranquillement, attendant son heure pour rugir comme le tonnerre. Mais ça t'empêches pas de taper la discute.

« J'm'attendais pas à te recroiser dans ce genre d'événement en tout cas. T'as pas des gars riches et cons à attraper dans tes filets ? Pas que j'apprécie pas ta compagnie hein, tu gaspilles ton temps comme tu veux après tout. »