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 A Love of Shared Disasters [PV Chisame]

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FEAT : Ren Kouen - Magi
CRÉDIT : Hirose Mudoka
DATE D'INSCRIPTION : 27/06/2014

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Kazami
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Mer 9 Juil - 3:27


A Love of Shared Disasters
feat. Chisame



Ses pas le menaient, ça il le savait bien. Toutefois, ils ne faisaient que se succéder sans motif ultérieur, sans objectif à atteindre. Il vagabondait, en somme. Avait-il seulement besoin d'une direction? Encore pire, d'une raison? Non, il avait abandonné le processus exténuant de justifier ses gestes depuis longtemps et maintenant il ne faisait qu'agir, trouvant simplement réponse dans la forme plutôt que dans le fond. D'aussi longtemps qu'il se souvienne, il avait toujours préféré l'aspect pittoresque du crépuscule matinal à la nuit enveloppante, y trouvant une chaleur souvent peu appréciée. Le ciel délimitait parfaitement les deux moments de la journée, d'un côté Tokyo toujours illuminée brillait dans l'obscurité délinquante tandis que de l'autre , la ville baignait dans une teinte orangée, signifiant le début du renouveau. À mi-chemin entre ces deux mondes, il se voulait messager, prophète, mais surtout voyeur. Évidemment, les rues semblaient désertes à cette heure et pour cause. Les amants de la nuit fuyaient la lumière pour se loger sous leurs couvertures tandis que les bons citoyens entamaient déjà leur routine avant de se préparer à encore un peu plus de la même chose qu'hier. La brise fraîche le traversant, il déambulait entre les pâtés de maisons. Il affectionnait particulièrement cette sensation d'être séparé de cet univers, son corps devenu fumé se laissant conduire selon le gré du vent. Était-il vivant? Ah ça, ma foi, il se le demandait encore. Il était loin, loin de cette vie et pourtant, il y était intimement près, goûtant au réel des gens sans y verser spasme de lui-même. En cette heure et lieu, il venait de décréter qu'il était fantôme.

Profitant de cette ivresse, il ne considérait que très peu ceux qu'ils croisaient; eux-mêmes ne lui portant que vaguement attention, ceux qui décelaient les traits d'une apparence humaine dans ce miasme incongru blâmaient la fatigue. Pourtant, l'improbable était maintenant chose courante et tous ces repères servant à rationaliser ce qu'ils ne comprenaient pas venaient d'être jetés à terre. Pourquoi s'y raccrochaient-ils tous autant, alors? Embrasser l'impossible, admettre le changement. C'était la solution. Après, on trouverait des réponses. Au détour d'une ruelle, repère d'un gang de félins, une douleur éteinte vint le raccrocher à la réalité. Respiration profonde, comme une pénible remontée à la surface. La surprise le gagna plus que la douleur à vrai dire, celle-là n'arrivant à trouver appui sur son corps volatile. Une émotion jaillit soudainement, la nouant la gorge, peu importe où elle pouvait bien se trouver. Il était bien en vie. Instinctivement, il reprit une apparence humaine, celle d'avant son changement de phase. Une fois complètement à lui, il comprit. Quelque chose, quelque part, lui portait atteinte physiquement. La douleur était plus prenante lorsqu'il était matérialisé et il ne semblait pas le seul. Les chats, pris de panique, déguerpirent à l'abri de ce mal mystérieux. Nageant à contrecourant, il chercha l'épicentre. Était-ce un objet? Était-ce dangereux? Cette dernière notion n'ayant que très peu de valeur à ses yeux, il l'ignora délibérément pour se remettre à sa quête, sans trop savoir à quoi cela pourrait bien lui servir. Son caractère humain l'y poussait, inconsciemment. Pour rationaliser l'inconnu? Hum.

Derrière un complexe d'appartements, la sensation devint plus forte, presque agaçante. Il n'aimait pas cela beaucoup. Optant pour une forme semi-éthérée, il coupa la sensation de douleur tandis qu'il cherchait le responsable. Tournant le coin pour se diriger vers le fond de la ruelle, il la vit pour la première fois. Elle ne semblait pas très en forme et même si son visage n'exprimait aucune malice, il savait instinctivement qu'elle était responsable de tout ça. Pourquoi n'arrêtait-elle pas? Cela devait être dérangeant pour les autres. Elle lui apparaissait maigre, mal à l'aise. Elle titubait. Était-elle blessée? Sauf que les gens blessés vont à l'hôpital, ils ne vont pas sortir les poubelles. Il faisait le parallèle avec un animal blessé qui luttait pour sa survie. Sa voix enrouée émit un étrange son guttural monosyllabique avant de tousser un peu, pour la remettre en place.

«Pouvez-vous arrêter? Vous m'avez fait mal.»

Une douce requête, assez polie, d'ailleurs. Mais il n'allait certainement pas se montrer agressif à cet instant. Comme s'il n'avait pas tout à fait conscience de ses paroles, il ajouta.

«Vous avez fait fuir les chats, dans la ruelle.»

Son apparence pouvait surprendre et il ne pouvait pas vraiment la blâmer si elle prenait peur. Cela dit, sous l'influence de cette aura malicieuse, qui oserait lui venir en aide? Vêtu simplement, son corps était tangible même s'il paraissait vaporeux par endroits. Il trouva un siège sur un conteneur de déchets.

«Est-ce que je peux vous venir en aide? Vous avez l'air d'avoir mal.»


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Chisame K. Hoshiyo
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Mer 9 Juil - 4:57

A painful sunrise.

Dans la pénombre, une dizaine de minutes avant le lever du soleil, des caractères bleutés se reflètent contre la noirceur des murs, leur lueur laissant deviner les formes de plusieurs oreillers juchés sur une surface moelleuse, où, en leur centre, entre couvertures ambrées et draps blanchâtres, son corps assoupi reste étendu, son visage toujours paisible. Laisse s’échapper des haut-parleurs une musique douce au piano, annonçant le commencement d’une nouvelle journée. L’émeraude et le saphir ne se distinguent à peine dans la noirceur de la pièce. Son regard endormi scrute le périmètre, ne daignant se poser sur la provenance de la douce symphonie de son réveil. Il est cinq heures du matin; il ne reste plus que quelques minutes avant que la ville ne commence, elle aussi, à s’éveiller, ouvrir les yeux.

Soupir douloureux alors que le premier choc survient, lors de sa première tentative à se retourner. Elle avait presque oublié. L’inconscience la quitte, mais le sommeil reste, s’attarde. Sa nuit a été courte – elle s’est couchée plus tard qu’elle ne l’aurait voulu, finissant de réviser un document par manque de sommeil. Une fois couchée, les intervalles entre le sommeil et l’éveil se faisaient flagrantes, beaucoup trop présentes. Chisame a du mal à calculer les heures gagnées en repos, une triste réalité se faisant beaucoup trop présente depuis ses fractures. Des cavités bleuâtres se sont creusées sous ses yeux, laissant une impression presque maladive, compte-tenu de sa peau déjà pâle.

Nouveau soupir alors qu’elle glisse hors de son matelas, évitant les mouvements brusques. Mardi.

D’ici quelques heures, ceux chargés de garder Tokyo présentable, malgré toute la pourriture s’étant accaparée celle-ci, viendront chercher les poubelles et les emmener ailleurs. D’ici quelques minutes, la ville sera pleine de vie, de gens qui déambuleront, vaquant à leur routine quotidienne. Dès que le soleil sera levé, elle ne pourra plus rien faire, alors elle doit y aller, maintenant, descendre les étages et éviter tous ceux qui passeraient. Elle sait pertinemment que personne, dans l’immeuble, ne descendra à cette heure. Elle sait que personne ne passera. Elle le sait, et c’est pour cette raison qu’elle se lève, se revêtant d’une tenue aux couleurs neutres, s’emparant de l’unique sac regroupant l’ensemble des détritus laissés par les tâches quotidiennes et quitte, le plus rapidement possible, son appartement pour accomplir cette tâche obligatoire.

Elle le fait, non sans anxiété. Elle le fait, non sans appréhension. Intérieurement, un mantra répétitif nait et s’accroche à son esprit. Faites qu’il n’y ait personne. Faites que personne ne passe. Faites que je sois seule. Que quelques minutes. Que quelques minutes, et ce sera fini.

Elle doit rester concentrée.

Une concentration servant qu’à délimiter son esprit, faire fi de la douleur, bien qu’elle la ressente encore. Chaque pas, chaque mouvement. Chaque inhalation envoie maintes décharges contre ses côtes, ses poumons meurtris redoublant d’effort afin de garder son frêle métabolisme oxygéné de ses courts halètements. La souffrance est presque insupportable et elle se sait vulnérable à son assaut constant, comme elle rend vulnérable les autres goûtant de près ou de loin à son pouvoir. Elle l’aura mérité, pense-t-elle, au creux de son esprit, sans qu’une conviction ne l’habite pour autant. Elle l’aura mérité, même si son sort est incertain, même si rien n’est véritablement de sa faute.

Le sac pend mollement à quelques centimètres du sol, bougeant au rythme de ses pas inconstants. Chisame doit s’arrêter à plusieurs reprises, la douleur devenant insupportable, malgré que chaque seconde d’inertie la rapproche indéniablement d’une rencontre fortuite. Difficilement, elle franchit les derniers pas et, après une nouvelle lutte contre le couvercle difficile à soulever, se libéra de son fardeau.

Au moment même où ses mains se tendaient de nouveau vers le couvercle du conteneur s’élevait une sorte de râle suivi d’un toussotement, la poussant à ramener ses mains vers elle, comme un moyen de défense, mouvement trop brusque qui la fit grimacer momentanément alors qu’elle retournait son corps vers l’anomalie, la variable non comptée dans son calcul précis. quelqu’un.

Quelqu’un qui, malgré le danger qu’elle représentait, s’était approché d’elle, si près qu’en tendant le bras, elle aurait pu le toucher.

Ses yeux écarquillés se posent sur l’inconnu, toisant son visage, ses traits incertains. Il semble irréel, spectral, et cette vision en elle-même aurait pu sembler effrayante, mais rien ne fut comparable au choc de ses paroles, qui, susurrées avec politesse, eurent un impact magistral sur la belle.

Vous m’avez fait mal.

Sa requête n’eut que pour seul réponse un silence profond menant inévitablement à une panique s’emparant des membres de la jeune femme, la figeant sur place. La cicatrice s’ouvrir plus profondément à la mention des pauvres bêtes qui avaient fui. Son cœur saute un bond, sa gorge se serrant. Elle titube, un pas incertain en arrière révoquant sa grâce alors qu’elle lutte pour ne pas tomber.

Pourquoi ne fuit-il pas? Pourquoi n’évite-t-il pas la douleur? L’appréhension enfonce ses griffes, contre sa gorge, contre son cœur se déchaînant dans sa poitrine. S’il est ici, est-ce pour lui faire du mal? S’ils ne fuient pas, ils heurtent. Ça a toujours été ainsi. Dans ce cas, pourquoi n’est-il pas hostile? Qu’attend-il? Elle sait son pouvoir actif. Elle le sent, intuition désagréable au plus profond de son être. Elle ne peut rien y faire. Elle aimerait arrêter. Mais elle ne peut pas.

Elle ne peut tout simplement pas.

Son regard dépareillé suit l’homme alors qu’il s’improvise un banc de fortune sur l’un des plus petits conteneurs.

La confusion se mêle à l’appréhension alors que les dernières paroles tonnent.

Désolée, je.

Seuls les gens qui n’ont aucune conscience de ses capacités lui ont-ils jamais proposé de l’aide. Une aide qu’elle se voyait réfuter à chaque fois. Chisame ne peut toujours pas bouger, se voit dans l’incapacité de réguler son souffle.

Ça fait mal.

Je ne peux pas. Je. Non, vous. Vous ne pouvez pas. Elle déblatère, son débit rapide et inconstant, sa tête se secouant dans une réponse négative. La douleur est vive et le soleil montre ses traits fatigués, ses grimaces difficilement réprimées. Je vais bien, murmure-t-elle, mensonge horriblement prononcé, puant la fausseté. Partez, je. Je ne contrôle rien. Sa voix se fait suppliante. Partez, je vous en prie.
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Kazami
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Mer 9 Juil - 16:35


A Love of Shared Disasters
feat. Chisame


Pouvez-vous arrêter? Une phrase simple, peu propice à l'interprétation. Une requête formelle, propulsée par un désir tout aussi candide de mettre un terme à cette vague de malheur. Malgré tout, l'invitation se tue et ne trouve que pour réponse le silence triste d'une pauvre femme misérable. Les cernes bleus qui lui tombaient jusqu'au menton, cette propension à mettre son poids sur une jambe plus que l'autre dans l'optique de faire taire une douleur quelconque. Dans ce face-à-face muet, chacun semble assumer pleinement une inversion des rôles. Il n'est pas la victime, dans cette histoire. Autant qu'elle n'est pas l'assaillante. Il tente de regarder derrière ce visage ravagé par l'incompréhension et l'incertitude, n'y voyant que les vestiges d'une époque qui semblait déjà loin. Ces yeux tombants, ce visage terne sombre, gris. Il n'était pas spécialement beau à regarder, il devait l'admettre. Mais il ne lui dirait pas, pour ne pas la vexer. Sans pour autant la connaître, il ressentait ce besoin de lui venir en aide. Ce n'était pas que l'égoïsme implicite d'un acte d'altruisme qui le motivait, au contraire. Il y voyait quelque chose de beaucoup plus grand, derrière. Peut-être la fierté authentique d'avoir participé à quelque chose qui le dépassait, de lever ce voile sombre qu'elle portait sur le monde ou du moins, qu'elle portait sur le sien.

Alors qu'il lui tendait la main, lui proposant le luxe d'un moment de répit, elle déclinait maladroitement, se confondant déjà en excuses. Des excuses vides, même si elles provenaient d'un sentiment sincère. Sans doute avait-elle déjà trop demandé le pardon pour s'attarder à chaque fois qu'elle faisait souffrir un innocent? Que tout ceci ne faisait que s'ajouter au poids de l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Avait-elle déjà envisagé la finalité? L'hypothèse soulevée lui donna l'élan nécessaire pour se soulever de son siège improvisé, pour lui faire face. Il était plus grand qu'elle, certainement. Plus gros, sans doute, mais cela devait relever de l'exploit de faire moins. Non, la seule chose de plus qu'elle présentait par rapport à lui était une attitude résignée, abattue. Était-ce sain? Pas plus que de faire du mal aux autres involontairement et d'en porter le poids toute seule.

Ah, il ne pouvait pas l'aider. Elle ne pouvait rien y faire, ne contrôlant rien. Possédée par cette force qui émanait de sa personne, la voilà recluse, dans l'espoir qu'un jour, sans rien y faire, sans chercher d'aide, tout se règlera. Pour protéger les autres? Non, pour se protéger elle-même, avant tout. Se protéger de ceux qui jugent, de ceux qui haïssent. Il avança d'un pas, voyant que la panique s'emparait d'elle. Il planta son regard dans le sien, le contact presque tangible entre les deux parlant de lui-même. Qu'espérais-tu donc lui faire croire? Il entendit sa supplication, mais n'en retint que la partie qu'il voulait, soit un appel à l'aide déguisé sous une volonté de le faire partir «pour son propre bien». Pour toute réponse, un sourire. Le seul qu'elle a dû voir ces derniers temps. Le seul qui lui était destiné du moins. Peut-être, avec un peu de chances, aurait-il droit à un truc similaire, à un moment. Si elle en était encore capable. Se voulant envahisseur de sa bulle personnelle de sécurité, il balaya du revers de la main son invitation à partir avançant une main vers elle, visiblement concerné. Du bout des doigts, il toucha la cerne sous son œil gauche, glissant le long de sa joue, d'une douceur trop polie et étrangère à la situation. S'il s'agissait d'une marque d'affection particulière -surtout de la part d'un étranger-, cela servait avant tout à lui prouver deux choses. Qu'elle n'était pas seule et qu'il était tout aussi réel qu'elle. Si la première des deux notions constituait un plus grand choc pour elle, la deuxième confirmerait pour les deux partis que le moment présent est bien vrai. Pour lui, c'était le genre de choses importantes à vérifier. Peut-être était-il irrespectueux dans sa démarche, de provoquer le contact physique de cette façon, mais le côté surréel de la situation invitait ce genre de comportement, comme si la vie arrêtait tout autour d'eux et que l'espace de quelques instants, ils étaient en mesure de prolonger le lever du soleil dans une sphère d'intimité. À la rigueur, de lui faire voir le monde extérieur un peu plus longtemps qu'à l'accoutumée. Sa main glissa mollement jusqu'à son coeur qui battait trop vite. Il fronça les sourcils alors. Dans cet instant muet qui dura une éternité, ils revinrent tous les deux à la réalité. Ses lèvres entrouvertes s'agitèrent alors.

«Je n'ai plus mal, je vais bien. Mais vous, en revanche? Pourquoi vous tenir sur une seule jambe?»

Il recula d'un pas. Il ne voulait pas l'effrayer, non plus. Ce serait contre-productif. Les animaux apeurés sont souvent sur la défensive, par ailleurs.

«Est-ce parce que vous souffrez que vous faites le mal aux autres?»

Il pinça les lèvres, cherchant quoi lui dire.

«Je peux vous aider.»

Ça il savait faire, mais à quel point? Tout d'abord, il fallait qu'elle accepte elle-même de s'aider. Déjà, ce serait pratique.


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Chisame K. Hoshiyo
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Jeu 10 Juil - 3:44

Save me from myself.

Son mensonge aurait pu se sentir avant même qu’elle ne le prononce. Elle se sait maintenant plus vulnérable qu’elle ne l’aurait laissé juger des yeux extérieurs, son regard perçant son âme, voyant plus loin encore que cette image défaite qu’elle présente aux autres. Qu’importe qui se tient devant elle, en cet instant présent, il a su percer son secret plus vite que quiconque ne l’aura alors fait, berçant dans ses paroles des espoirs d’une main aidante, d’un renouveau incertain. Chisame, cependant, aux prises d’une anxiété s’accrochant jalousement à chaque parcelle de son corps, une terreur sans égale cherchant le moyen le plus propice de la frapper, s’entête. Elle s’entête à faire croire qu’elle n’a rien, malgré ses traits tirés, malgré son visage pâle, fatigué. Elle s’entête à ne rechercher aucune aide, car les années à le faire, accumulées sans cesse et en vain, laissent en son âme un fardeau trop lourd pour qu’elle ne puisse supporter. Elle s’entête à mentir sur son cas, quand elle sait pertinemment qu’elle ne va pas bien. Elle ne va pas bien. Tu ne vas pas bien, tu as l’air malade, heurtée, fatiguée.

Fatiguée de chercher, fatiguée de vivre. Survivre. Un monde qui ne s’adaptera jamais au sien, une collision trop brutale entre sa personne et la réalité, cruelle, qui s’éternise à lui rappeler ses malheurs. Elle a déjà trop espéré, trop cherché, pour qu’elle ne ressente de l’espoir au lieu de la peur alors qu’il sourit, s’approchant à nouveau d’elle, provoquant un nouveau mouvement de recul de sa part. Mouvement trop brusque provoquant des douleurs qu’elle balaye hors de son esprit presque aussi vite qu’elles apparaissent, son esprit tentant en vain de rationaliser les actions de l’homme. Il chasse sa requête, geste de main fatal annonçant une chute propice, faisant bouillir en elle la panique qui la ronge, qui continue de monter. Elle ne tardera pas à exploser.

Il est trop près. Il est trop près pour qu’elle ne se sente ne serait-ce que moindrement confortable. Une peur plus qu’instinctive s’abat sur elle alors qu’elle tente en vain de se tenir calme, d’apaiser les soubresauts de son esprit, qu’elle tente de soutenir son regard sans comprendre.

Ses paroles silencieuses laissent planer un vide beaucoup trop tangible. Elle aurait aimé disparaître. Elle aurait aimé ne jamais sortir. Elle aurait aimé prévoir. Chisame ne peut se perdre dans ses pensées, dans son esprit, qui ravage sa tête et dérègle son organisme – sa respiration se fait plus courte, ses pupilles se contractant, son cœur ne stoppant aucunement sa tonitruante cadence. De nouveau, elle se retrouve prise au piège, sous l’emprise de la panique, l’agrippant et se riant de son mal, l’empirant sournoisement alors qu’il s’approche, brise ses barrières.

Elle n’aurait jamais cru voir autant d’inquiétude dans un regard. Elle n’aurait jamais cru qu’un jour, elle ne reverrait un visage orné de cet air se poser sur le sien. Ça paraît si simple. Bénin. Pourtant, ça représente tant. C’est terrible comme les actions les plus simples, comme les actions les plus superficielles peuvent représenter tant quand on a tout perdu. C’est terrifiant comme tout ce qui, avant, n’avait aucun sens en gagne avec le temps. Horrifiant. Elle ne bronche qu’à peine alors que son doigt se pose sur ses cernes – son regard ne quitte pas le sien. Le contact est doux, ses doigts comme les ailes d’un oiseau effleurant ses traits, un toucher à peine palpable, mais frappant dans sa tangibilité, dans la réalité de cette situation.

Mais pourquoi ?

Ses doigts descendent, tracent comme les larmes ont si souvent tracé ses joues, descendant doucement contre sa gorge, contact coupant brutalement son souffle, avant qu’il ne s’arrête contre son torse, son cœur pulsant sauvagement contre le bout de ses doigts. Ne panique pas. Ne panique pas.

Confusion étrange entre l’apaisement et la détresse Entre l’incompréhension et la tranquillité d’esprit. Chisame rôde dans un inconnu plus puissant qu’elle n’oserait alors l’imaginer. Kizashi s’était présenté sous des mains agrippant fermement ses épaules. Cet inconnu se présentait d’un toucher presque trop familier, une étrange symbiose s’effectuant dans des gestes irréels. Vous m’avez fait mal, avait-il expiré de cette voix miasmatique, et cette mémoire revenait toujours, de nouveau, hantant son subconscient, l’empêchant de ne voir autre chose que la souffrance qu’elle devait lui infliger, même à ce moment.

Mais sa main ne tremblait pas.

Elle lui avait fait mal, mais ses traits ne s’étiraient aucunement en signe d’une douleur quelconque.

Il n’a plus mal, s’exclame-t-il alors, comme simple réponse à sa question muette. Il se questionne sur sa situation. Il recule, sa main se détachant de sa poitrine, le contact rompu l’apaisant soudainement, ses muscles délivrés d’une tension les ayant envahis la seconde d’avant.

À la mention de sa douleur, elle se fige de nouveau, machinalement, distribuant le poids de son corps frêle d’une jambe à l’autre, distribuant la douleur pour qu’elle en soit quelque peu plus endurable. Sa perspicacité l’effraie. Il semble en savoir plus sur elle qu’elle ne le sait elle-même – ses mouvements étant si instinctifs qu’elle ne l’aurait qu’à peine remarqué s’il n’en avait pas fait mention. Ça la frappe de plein fouet, épiphanie douloureuse alors qu’elle se rend compte que son secret est brisé. Déjà trop de gens ont tenté de l’aider sans que cela ne porte fruit. Déjà trop de gens auraient pu perdre leur vie à le faire. S’il savait le mal qui la rongeait, il ne voudrait plus partir. Cette idée l’effraie.

Mais la frayeur l’habitant au moment où celle-ci traverse son esprit est moindre, prenant en considération les nouvelles paroles prononcées par son interlocuteur. Une question. Une question qui aurait pu sembler si simple, aux oreilles de quiconque l’aurait posée. Une question qui peut être si logique dans une situation semblable à celle-ci, mais qui heurte sa pauvre âme déchirée considérablement.

Non. Non. Elle n’oserait jamais faire de mal. Elle n’aurait jamais osé. Sa souffrance ne vaut pas celle des autres. Sa souffrance ne sera jamais un moyen justifiant le mal. Jamais elle n’oserait. Jamais elle n’aurait osé. Comment peut-il penser ainsi? Comment peut-il émettre une telle hypothèse? Paniquée, les larmes se mettent à couler sur ses joues alors que ses mains se plaquent sur ses bras, en quête d’un réconfort qu’elle n’obtiendra pas. Elle veut retourner chez elle. Elle veut retourner. Chisame paraît plus petite, semble se recroqueviller sur elle-même, la tête basse, les épaules montées, cachant son cou comme le ferait une proie traquée d’un prédateur en quête de sa jugulaire.

Je vous en prie, arrêtez. elle secoue la tête de nouveau, reculant. J’ai mal. J’ai tellement mal. Je n’aurais jamais… Non, non, je ne veux pas. Je ne veux pas faire du mal, je n’ai jamais voulu…

Sa voix se coupe. Elle aurait aimé qu’il parte. Mais il semble tant vouloir lui venir en aide. Elle ne veut pas se faire voir donner de faux espoirs. Pas encore. Son ton s’assombrit.

Personne ne peut me venir en aide. Plus maintenant.
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Kazami
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Mar 15 Juil - 16:10


Le paradis des enchevêtrés
feat. Chisame


Lorsque mis face à l'échec, la défiance devient la seule réponse. C'est ce qui lui traversa l'esprit alors que son regard analytique cerna ses réactions, spasmes musculaires et expressions faciales. Il la mettait devant les faits. Sans doute qu'il était dans le tort, il n'avait jamais prétendu posséder la vérité absolue non plus, mais face à si peu d'informations pouvait-il vraiment se permettre l'audace de penser autrement? Son côté humain le tiraillait au fond. Même si inhibé par ce besoin de rester ferme et solide face à cette piteuse loque, il lui montrait, nerveusement, du bout du doigt, à quel point son problème s'enracinait profondément dans son malheur si bien qu'à présent elle se retrouvait clouée au sol, retenu par ses propres démons. Elle nie, encore tandis que ses yeux vitreux s'embrument, se gorgent de larmes, mais il ne réagit pas. La prendre en pitié serait lui manquer de respect. Alors il écoute, la douloureuse plainte de celle qui porte le poids du monde sur ses épaules.

Elle ne veut pas le malheur des autres, bien sûr que non. N'a-t-elle donc jamais rêvé de vengeance? Était-elle seulement assez maligne pour avoir ce genre de pensées? À l'entendre parler, il était persuadé que non. Que son âme n'était que blancheur immaculée et que par la force de ses bonnes actions, elle avait déjà gagné son paradis. Pourtant, elle se confinait dans son infortune maladive, recroquevillée comme si elle espérait pouvoir conserver l'étendue de ses maux à l'intérieur d'elle-même. Ainsi, elle se fermait à tous ceux qui étaient passés lui tendre la main et à tous ceux qui passeront faire la même chose. Parce que dans le statu quo, elle y trouvait un semblant de normalité, une routine qui, même si elle l'effrite petit à petit, lui conférait le droit de croire qu'elle a une vie normale.  

Cette ignorance crasse le dégoûtait. D'ailleurs, au fil de sa pensée, sa mine se changea drastiquement d'un sourire chaleureux en une grimace, à mi-chemin entre le rictus et l'expression de dégoût. Par son pouvoir d'autosuggestion, elle s'enlevait délibérément le droit de rêver. Cela dit, on n’échappe pas si facilement à sa nature d'être humain. Au fond, peut-être désirait-elle secrètement qu'on vienne la bousculer hors de son train de vie. Puis, il avait cette envie de faire partie de ce changement. Lui-même n'avait pas encore compris l'étendue de sa contribution dans cette histoire, mais il savait pertinemment que ce n'était pas juste pour elle, de la voir vivre dans cet état. Même si choqué par ses propos qu'elle tenait, il devinait assez bien que tout cela n'était qu'une parade visant à préserver son mode de vie autodestructeur. Il en avait l'habitude, mais il prenait toujours autant de plaisir à venir détruire cette fausse image. Son expression redevint calme, peut-être même amusée. Se moquait-il d'elle? Avait-il deviné sa vraie nature ou avait-il tout simplement décidé de nier ses paroles, pour la provoquer. L'entraîner hors de sa zone de confiance, pour lui retirer finalement cette carapace qui était déjà craquelée.

Il s'avance vers elle, imposant sa carrure. Une pratique presque invasive, qui laisserait sans doute des lésions dans ses pensées. S'approchant de son oreille, il lui souffle alors, délicatement.

«Vous avez tort»

Toutes ces paroles n'étaient que fumisterie pour l'éloigner, qu'il passe à autre chose. Mais il était quelqu'un de têtu, qui désirait avoir le dernier mot. Il ne se laisserait donc certainement pas battre par quelqu'un qui acceptait sa vie comme une fatalité. Il recule. Elle devait le regarder dans les yeux. Tout le temps qu'il parlerait. Parce que cela n'arrivait pas souvent, mais aussi parce qu'il était interdit de se défiler face à la situation. Elle devait assumer et ensuite, peut-être serait-elle apte à avoir un jugement éclairé.

«Le jour où vous ne voudrez réellement plus d'aide sera le jour où vous vous serez abandonnée. À partir de là, ce sera une finalité. Or, si vous êtes encore là, c'est que vous vous raccrochez toujours à l'idée qu'on vienne vous tendre la main, non? Avez-vous prévu de mettre un terme à tout ça, à votre vie? Si vous refusez de vous lancer dans cette entreprise, c'est que vous admettez qu'il y a de l'espoir.»

Non, puisque personne ne pouvait l'aider. Qui était-elle pour décider arbitrairement que personne ne pouvait rien faire pour elle. En continuant de décliner, elle continuait en toute connaissance de cause de faire souffrir des gens innocents, mais elle osait prétendre leur vouloir aucun mal? C'est de la foutaise.

«Pardonnez ma rudesse, mais vous ne faites pas de sens. En vous cachant à toute aide, vous assumez parfaitement le fait de faire souffrir des personnes, même involontairement. Vous devenez alors responsable de vos gestes.»

Moment de silence. Suspense.

«Si personne ne peut vous aider, je crois que je peux. Je ne suis pas suffisamment quelqu'un pour me sentir concerné par cette simple restriction. Je vous l'ai dit, je peux vous aider.»

Pas suffisamment quelqu'un pour avoir des intentions autres que sa délivrance et encore moins une personne pour espérer redevance face aux gestes qu'il décidait de faire. C'était à se demander s'il était pour vrai. Le temps jugerait de la véracité de cet acte charitable injustifié, injustifiable. Quelque part sur la ligne du temps l'action venait d'être posée et vraiment, c'était tout ce qui importait. Était-elle seulement prête à vouloir perdre ses balises, à faire confiance à l'inconnu, à se jeter les deux pieds dans le vide? À se donner une chance, pour une fois.


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Ven 18 Juil - 3:56

Save me from myself.

Et il avance de nouveau, alors qu’elle, elle aurait aimé reculer, encore, sans le faire, sans ne rien faire. Ses yeux bas distinguent ses pieds et c’est le premier signe qu’il est près. Elle voit son ombre. Sa gorge se serre. Il est trop près, trop près de nouveau pour qu’elle ne se sente à l’aise, trop près pour qu’elle puisse même respirer normalement. Elle prie intérieurement pour qu’il se recule, mais il n’en fait rien. Elle le sent se pencher, sent son souffle contre son oreille, hume l’odeur de brasier qui l’entoure avant que ses paroles ne frappent son ouïe.

Tort?

Frisson désagréable dans son échine alors qu’instinctivement, elle se cabre pour éviter son souffle contre elle, tanguant sur le côté, les yeux fermés. Elle rechigne, évite de laisser s’échapper un gémissement, car ce simple mouvement cause une nouvelle décharge contre ses côtes endommagées.

Il recule. Ses yeux se rouvrent, s’écarquillent, et elle ose de nouveau affronter son regard, son visage énigmatique, l’incompréhension sur son propre visage effaçant presque la douleur, les larmes ne semblant plus n’avoir leur place contre ses joues. Sa détresse s’intensifie, cependant, se faisant sournoise et douce. Elle le sent au plus profond de son corps, qui prend emprise sur ses muscles et son esprit, qui fait battre son cœur à cette même vitesse beaucoup trop élevée. Non, elle n’a pas tort. Non, elle le sait. Elle le sait, pour l’avoir déjà vécu trop souvent. Personne ne peut lui venir en aide, alors pourquoi veut-il tant insister?

Et le voilà qui parle de suicide, qui parle de finalité. Face à ses paroles, Chisame ne peut que se sentir plus inconfortable encore. Elle recule de nouveau, ses mains frottant contre ses bras, ses ongles ne pouvant cependant percer le tissu, mains tremblantes descendant contre ses avant-bras, caressant nerveusement les cicatrices, trop nombreuses cicatrices sur ses poignets,  trop nombreuses tentatives échouées, jamais abouties, jamais finalisées.

Il y a de l’espoir. Tu cherches de l’aide d’appels silencieux. Tu tentes en vain de te laisser partir, parce que tu ne veux pas. Tu ne veux pas, car tu l’admets. Tu admets qu’il y a, peut-être, quelque-part, une minime chance que les vents tourneront pour le mieux, que ton vaisseau aux voiles déchirées verra celles-ci engouffrées dans une brise salvatrice le déviant des rochers. Tu y crois.

Il a raison. Il a tellement raison que ça fait mal de l’entendre. Ça fait mal d’y penser, ça fait voler ses pensées dans sa tête à une vitesse énorme, ça la trouble, et elle se voit le nier, signe de tête négatif, rapide, son regard ancré dans le sien, comme si elle ne pouvait s’en détacher.  Non, mais non quoi?

Son âme atterré se débat pour s’envoler de nouveau et elle l’empêche, aussi inconsciemment puisse cette action être, de le faire, se retenant prisonnière, elle-même, d’une cage qu’elle ne peut ouvrir, se faisant croire que jamais elle ne pourra se faire aider, par peur d’une nouvelle déception, par peur d’un nouveau précipice. Se faire croire qu’elle ne pourra jamais plus s’envoler est moins douloureux que de lui donner l’espoir de le faire.

Mais il continue, ne s’arrête pas à cette prémisse.  Il lui lance les faits au visage, une fatalité dont elle se sait déjà trop consciente. Elle sait faire du mal aux autres. Elle se sait responsable de ce geste. Elle le sait, mais ne peut se permettre de retenter, encore, là où, plusieurs fois déjà, elle a échoué. Elle tremble, Chisame, elle tremble et encore, secoue la tête, même si elle le sait, elle ne le sait que trop bien, se sait responsable de la douleur causée, comprend le mal qu’elle inflige.

Elle ne le regarde plus. Ses yeux sont fermés à sa présence spectrale, ses sourcils froncés, ses paupières retenant avec tout le mal du monde les larmes qui tentent de fuir pour recommencer leur folle cascade contre ses joues, s’écrasant dans un bruit inaudible au sol. Ses mains se crispent plus fort encore sur les amples manches de son sweat grisâtre, s’enfonçant sans ne faire aucun mal à ses paumes. Elle doit se calmer, elle doit ne serait-ce que tenter de reprendre le contrôle sur elle-même, reprendre le contrôle sur ses gestes et ses pensées. Elles tambourinent. Elles l’agressent. Tu ne fais que du mal, tu ne feras jamais que du mal. Personne ne peut t’aider, Chisame, personne, même pas lui, tu le sais. Alors pourquoi, pourquoi est-ce que tu restes là, si ce n’est de ta peur, pourquoi restes-tu là, si ce n’est d’un entêtement plus profond encore que celui te poussant à te cacher du monde, te cacher de tous ceux qui viendraient, comme lui?

Cette minime lumière, phare effacé dans la plus tumultueuse des tempêtes, continue de briller en elle et la pousse à rester. Ses actes nient ses paroles comme son entêtement nie ce qui l’habite. Depuis si longtemps déjà a-t-elle hurlé silencieusement pour qu’on la sorte de cet Enfer dans lequel elle subsiste maladivement. Depuis si longtemps a-t-elle cherché à s’échapper d’elle-même, tout en sachant que trop bien que c’était une chose impossible, à force de rationaliser tout ce qu’elle faisait, à force de donner une excuse à toutes ces tentatives pour se couper du monde, ce monde qu’elle aimait tant, qu’elle a toujours adoré.

De se voir perturbée par ceux qui, bien qu’inconnus, semblent persister à lui donner une existence, est assez pour remettre en question tout ce qu’elle a entrepris depuis le drame. Mais, malgré cela, elle s’entête. Elle s’entête à rester seule.

Pour eux, pour elle, mais surtout pour eux et pour ceux qui l’ont jadis connu. Elle ne sera jamais plus qu’un vaisseau sans âme, qu’une carapace brisée contenant rien de plus qu’un cadavre.

Cet exil prend de son importance dès que l’on en comprend les motifs. Elle serait rien de plus que morte à leurs yeux, une morte qui inflige de la douleur, et de les revoir, de les voir souffrir, de souffrir de leur absence serait une plaie trop importante pour qu’elle n’ose la rouvrir. Elle en a déjà assez souffert les premières années.

Il ne la connaît pas. Il ne connaît pas la raison de son exil. Il ne peut pas comprendre.

Comme Kizashi, il ne peut pas comprendre pourquoi elle le fait. Et ça lui fait mal de devoir continuer. Sa tête se rabaisse de nouveau, la panique s’estompe et laisse place à de nouvelles larmes, à une détresse intérieure qui recommence. Ces souffrances se sont déjà trop manifestées. Elle a déjà trop pleuré sur ce même fait. Elle l’a déjà trop fait, pourquoi devait-il lui remettre cela sous le nez, comme si elle en était inconsciente?

Ses paroles lui restent énigmatiques. Son aspect fantomatique est assez pour la guider vers le fait que, oui, il n’est pas nécessairement quelqu’un, mais ne reste le fait qu’elle peut lui faire du mal. Vous m’avez fait mal, s’est-il exprimé. Elle ne l’a pas oublié, bien malgré le fait que son pouvoir ne semble plus avoir d’effet sur lui; pour le moment. Elle ne ressent plus l’étrange sentiment de son activation en elle, non plus, signe que c’est peut-être le cas. Pour l’instant.

Seulement pour l’instant.

Elle engouffre ses paroles en elle, les analyse. Inspiration tremblante. Expiration en un râle. Trop d’air. Trop d’air; ses poumons trop gonflés sont venus s’accoter contre ses côtes. C’était une mauvaise idée. Les larmes se remettent à couler dès qu’elle cligne des yeux, elle sent leur salinité contre ses narines, ressent les sanglots qu’elle étouffe pour ne pas avoir mal. Elle souffre déjà assez de ne pas pouvoir se soigner elle-même – elle ne voulait pas risquer de s’empirer.

Mais… Je peux vous faire du mal. Inquiétudes persistantes dans son esprit troublé. Elle relève les yeux vers lui, ses sourcils froncés, douloureuse grimace dans son air. Je ne voudrais pas…

Elle est calme. Semble l’être beaucoup trop compte tenu de la panique qui s’était immiscée en elle ne serait-ce que quelques secondes plus tôt. Passagère, mais destructrice. Elle ressent encore son cœur qui se débat en elle, ressent encore le désir de pleurer, de laisser ses sanglots prendre le dessus, se retient. Retient sa panique. Ravale ses larmes. Elle hésite. Elle hésite à croire en lui, pourquoi lui, pourquoi serait-il si différent des autres qui ont tenté de lui venir en aide? Elle hésite au lieu de refuser. Ses paroles l’auraient-elles tant frappée? L’auraient-elles tant fait voir ce qu’elle tenait de cacher si bien?

Il te tend la main, pourquoi hésites-tu à la prendre?

Il a percé son secret, ce que tant d’autres n’auraient pu faire autrement qu’en la connaissant depuis longtemps. Il est venu la perturber de ses paroles sans même la connaître. Chisame se redresse, difficilement, ses mains remontant sur ses bras, comme si elle tentait de se protéger, de garder une quelconque barrière contre l’inconnu.

Elle sait. Elle sait ce qu’il dira, qu’il ne ressent rien, qu’il voudra quand même l’aider. Elle le sait même avant qu’il ne le dise, anticipe ces paroles qu’elle n’aurait que trop entendu. Beaucoup trop ont essayé. Elle est fatiguée d’espoirs vains, mais décide tout de même de lui laisser ne serait-ce qu’une minime chance avant de cesser d’exister à ses yeux, comme elle aura cessé d’exister aux yeux de tant d’autres ayant tenté de faire comme lui.
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Mar 22 Juil - 5:11


Le paradis des enchevêtrés
feat. Chisame


Ses défenses venaient d'être anéanties. Sous ce bastion artificiel dernier salut contre l'hostilité du monde réel. Qu'avait-il découvert sous ce dernier rempart, cette ultime parade? Ce à quoi il s'attendait, rien de plus. Quelqu'un de brisé, de résigné à son sort comme un mis à mort qui attendait son exécution, incapable d'y procéder par lui-même. Pourtant, même mise à nue, elle refusait d'obtempérer. De quoi avait-elle donc si peur? De tout? Oui, sans doute. À force de circonstances, on finissait par perdre foi. C'est ce qu'il craignait, au fond. Que tous ses efforts ne se butent à quelqu'un qui avait presque lâché prise sur sa propre vie. Chez qui subsistait l'espoir que peut-être, quelqu'un viendrait à son secours, mais qui était trop aveuglée par les horreurs de ce monde pour faire la différence entre le bien du mal, le vrai du faux. Il savait bien qu'il ne devait pas s'entêter. Il n'était pas le sauveur, encore moins le messie, mais sa morale lui dictait de venir en aide à ceux qui ne pouvaient le faire. À redorer l'image des mutants et à changer représentation qu'ils avaient d'eux-mêmes. Tout le monde n'était pas coopératif cela dit et malgré ses bonnes intentions, il ne pouvait tout simplement pas forcer les gens. Sinon il ne s'en sortirait jamais. Pourtant, cette insistance l'agaçait, le foudroyait de chocs qui le parcouraient tout le long de l'échine. Alors il continuait, retirait une à une les couches de cette personne. Il s'était débarrassé de sa carapace, sans doute d'un peu plus. Encore un peu et il mettrait son âme à nu, cette fois.

Pouvait-il se permettre de se rendre jusque-là?

Si sa hargne lui dictait que oui, son esprit l'assurait du contraire. De l'acharnement naissait la convoitise et à partir de là, il n'œuvrait plus pour son bien à elle. Il devait être clair, suffisamment pour lui donner l'impression d'un ultimatum. En restant ouvert à sa condition, pour ne pas l'effrayer plus qu'elle ne l'était déjà. Elle pleurait, il ne devait pas aggraver son cas outre mesure.

De sa voix étouffée par un mélange de douleur et de tristesse, elle exprima sa crainte de lui faire mal. Évidemment, qu'elle ne veut pas. Elle ne veut pas blesser personne. Sait-elle seulement qu'elle doit accepter l'idée qu'elle devra faire souffrir des gens, si elle veut arrêter d'en faire. Cette douce contradiction s'expliquait simplement. À force de repousser son pouvoir, elle ne cherchait pas à le comprendre, à l'explorer et à communier avec celui-ci. De ce fait, il se manifestait de manière anarchique et surtout dans les pires moments. Que pouvait-il alors lui répondre? La vérité, simplement.

«Je sais très bien que vous pouvez me faire mal. Cela dit, vous omettez quelque chose d'important. J'ai pris ma décision en évaluant cette éventualité et je m'y suis préparé. Vous ne pouvez pas vivre recluse en pensant que votre don se taira. Il fait partie de vous. Vous êtes ce pouvoir. Tant et aussi longtemps que vous tenterez de dissocier votre personne et cette "chose" qui vous apporte du mal, vous continuerez de vous faire souffrir vous-même en plus des autres. Si je peux prendre la souffrance de ces innocents et la faire mienne pour vous aider à cheminer, alors je le ferai. Je suis suffisamment confiant pour vous donner ma parole là-dessus.»

C'était la dure réalité. Rien ne vient sans les sacrifices adéquats. Pour sa part, elle venait de faire les mauvais sacrifices et la voilà perdue dans cette spirale infernale dont elle n'en verrait la fin que lorsqu'elle cessera de respirer. En attendant, il y avait toujours moyen de s'en sortir. Mais elle devait le vouloir, avant tout.

Elle se renfermait encore sur elle-même. Il la perdait, il le savait. Cette sensation que non, elle n'avait pas besoin de son aide ou plutôt qu'elle s'y refusait, comme pour se punir de ne pas savoir comment accepter. Que ferait-elle ensuite? Sans doute qu'elle retournerait chez elle, seule, en compagnie de sa solitude pour donner raison à son existence. Peut-être qu'elle tentera de se convaincre qu'elle avait pris la bonne décision, mais au final, lorsqu'elle irait trouver le sommeil, sa seule récompense au bout de la journée, serait-elle autant en accord avec son choix? Au fond, le lendemain, il y avait de fortes chances que même sa solitude ne se lasse de sa compagnie. Elle était seule. Profondément seule. Il avait essayé, au moins. Il n'avait pas dit son dernier mot. Malheureusement, il s'épuisait et malgré un ordre du jour plutôt simple, il ne passerait pas la journée à se buter contre un mur de mauvaise foi.

De sa stature imposante, il recula de plusieurs pas. Son espace vital, il la lui redonnait. Il en avait suffisamment abusé et de toute façon, l'intimidation ne résoudrait rien. Alors qu'il s'effaçait, petit à petit, il lui donnait raison. Il partirait, comme les autres.

Il partira parce que tu n'as pas su comment dire oui.

«Je ne peux pas vous forcer à vous venir en aide. C'est une décision dure à prendre, j'en conviens et ce n'est pas tout le monde qui possède ce courage que d'admettre qu'ils ont besoin d'aide. Encore moins qui acceptent d'aller en chercher. Alors, je vous le propose une dernière fois. Après, je vous laisserai tranquille, pour de bon. Je vous le demande sincèrement; abandonnez-vous à moi. Qu'avez-vous à perdre? De quoi avez-vous peur? De la mort? Est-ce que dans votre état actuel, cela consiste une réelle menace? Peut-être avez-vous peur de changer? C'est possible, aussi. Car vous ne serez plus la même, je peux le garantir. Ou bien vous craignez que je ne vous fasse du mal. Je ne peux rien vous promettre, c'est un risque à prendre.»

Il prit place sur la benne à ordures, lui libérant le passage. Le regard rivé au ciel, il regardait la teinte orangée de celui-ci tourner doucement vers le bleu. Ce serait une belle journée. Chaude et sans nuages.

«Vous êtes libre de faire vos propres choix. Cela dit, peu importe votre décision, faites-moi une faveur et cessez de vous faire croire que votre mode de vie se veut d'être pour le bien des autres. Ce n'est que de l'égoïsme de votre part.»

Les yeux toujours rivés vers le ciel, un sourire paisible s'afficha sur ses lèvres alors qu'il ramenait ses jambes contre son torse. Quelque chose semblait le fasciner, peut-être dans la réalisation qu'il s'agissait d'un jour nouveau. Avait-il déjà passé à autre chose? L'avait-il déjà oublié? Non, il avait un bon sentiment à propos d'elle. Il espérait vraiment que ses paroles aient pu la toucher, quelque part.

«Partez. Retournez à votre vie. Cependant, si jamais vous veniez à changer d'avis et qu'au final, vous acceptiez ma proposition, vous me trouverez ici, à cet endroit exactement. Sentez-vous à l'aise de me déranger, même si je suis très occupé.»

Il ne dévia même pas son regard vers elle. Peu importe ce qu'il regardait, cela semblait l'amuser beaucoup. Était-il confiant à ce point de sa réponse ou était-il assez fou pour rester là sans rien faire, en attendant qu'elle fasse le prochain geste? Lui-même n'en savait rien. Mais ce n'était pas si important, non?


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Mar 22 Juil - 21:35

Save me from myself.

Se retrouver sous l’emprise sans nécessairement l’être.

Se retrouver face à un conflit intérieur beaucoup trop vieux pour qu’il ne cesse d’un seul coup, une vérité plus accablante encore. Au plus profond de son être, elle a toujours su que ce serait la seule issue possible. Pour réussir à contrôler ses capacités, pour ne plus faire du mal, elle devrait en faire. Elle devrait en faire, risquer à nouveau de tuer, pour que plus jamais ça ne se reproduise.

Chisame ne se souvient que trop bien. Elle se souvient du cri d’agonie, se souvient du corps s’écroulant au sol, tremblant et faible. Tentatives désespérées pour mettre fin à sa douleur. Tentatives échouées, à plusieurs reprises. Si elle avait su. Si elle avait su, elle ne serait pas restée, se serait éloignée. Le sentiment poignant qu’elle n’avait fait qu’empirer les choses, qu’elle n’avait jamais eu aucun contrôle. Il était mort.

Il était mort, et elle n’a rien pu faire pour le sauver.

Même, avec du recul, en sachant ce qu’elle sait aujourd’hui, elle n’aurait rien pu faire.

Avant, elle aurait pu avoir un semblant de contrôle. Elle a déjà essayé. Elle a déjà tant essayé. Le contrôler, au départ, était pour elle le seul moyen de redevenir qui elle était. Le contrôler, il y a de ça quelques années, aurait pu la sauver, elle, mais aurait aussi pu le sauver, lui. Il était mort par sa faute. Il était mort parce qu’il avait voulu lui venir en aide comme elle lui était venue en aide des années auparavant. Elle l’avait tué en pensant qu’elle aurait pu avoir le contrôle sur son don, en lui faisant confiance, car il voulait tant mettre fin à ses souffrances. Maintenant, ça lui semble impossible, improbable. Son pouvoir a grandi, est devenu plus fort, beaucoup plus présent, avec le temps.

Chisame ravale ses larmes et continue de l’écouter, de boire ses paroles, laissant un calme l’habiter et chassant sa panique plus les secondes avancent et se font rassurantes. Il n’a toujours pas mal, pas pour l’instant. Elle ne fait aucun mal, et ce sera peut-être le cas encore un long moment, mais ça, elle ne peut en être certaine. Elle ne peut jamais être certaine de l’ampleur de ses capacités, de l’ampleur de son pouvoir. Il pourrait frapper au pire moment comme il ne pourrait pas se manifester encore longtemps. Elle n’arrive pas à le cerner, y arrivera probablement jamais, car jamais elle n’aura eu même un soupçon de contrôle. Si seulement elle pouvait avoir un contrôle sur ses capacités sans rien faire, sans faire souffrir! Mais là n’est qu’une douce illusion, une chimère qui jamais ne prendra place. Rien n’est gagné d’avance – dans ce cas, l’espoir est même plus vain qu’elle ne pourrait y penser.

Chisame aura beau nier comme elle le voudra, elle sait qu’il a raison. Elle sait que c’est sa seule issue. Elle aurait beau se cacher encore longtemps, mais rien ne se règlera, pas pour elle. Elle continuera à mourir à petit feu, laissant les autres vivre à sa place, car elle ne peut vivre dans cette condition, pas normalement. Son seul salut réside dans les mains de cet inconnu, prêt à subir les pires tortures, seulement pour l’aider, elle.

Oh, combien comprendra-t-elle que ce qui suit déterminera le résultat du reste de son existence! Si seulement elle avait su.

Si tu avais su, peut-être l’aurais-tu cherché avant.

Même si, en ce moment, elle reste troublée, ses larmes toujours sur ses joues, l’hésitation teintant son visage pâle.

Elle devra lui faire du mal. Il accepte qu’elle lui fasse du mal pour qu’elle puisse s’en sortir. C’est redevable, c’est charitable. C’est l’altruisme à son plus haut point – une preuve, si leur lien avait en ce temps été plus profond, d’un attachement. Ça l’avait été, jadis. Par contre, cette même situation, de la part d’un inconnu… Ça semble irréel, comme un rêve inventé de toutes pièces. C’est à se demander si tout n’est pas une volute échappée de son imagination, si elle n’est pas toujours entre ses couvertures et ses éléphants, dans les bras de Morphée.

Après toutes ces années, il n’y avait que lui, parmi tant d’autres, qui comptait prendre les moyens extrêmes pour la sortir de là. Sans la connaître.

Sans pour autant la connaître.

C’est peut-être ce qui la trouble, peut-être ce qui l’empêche d’accepter, de comprendre. Depuis le début, elle tente de mettre un sens sur ses mots, de comprendre l’incompris, de percer le mystère. Plus elle tente de le faire, plus elle s’enfonce, plus confuse elle devient. Il la déconcerte d’une manière inexplicable, lui faisant vivre, de ses simples paroles, des émotions dissimulées depuis si longtemps qu’elle n’aurait jamais cru les vivre à nouveau.

Un court moment, alors qu’il lui jette sa dernière tirade, pour qu’elle réalise qu’il la détache de lui, la laisse partir. Partez, dit-il mais elle n’a pas envie de partir, se rapproche presque inconsciemment de quelques centimètres alors qu’il continue, lui assurant qu’il sera là, encore longtemps, quand elle reviendra. Mais elle n’a pas envie de partir.

Alors, elle s’approche, ose briser ses propres barrières, celles qu’elle s’est créées depuis si longtemps, osant à nouveau s’approcher d’un être humain alors que, pour si longtemps, elle s’était accoutumée à les fuir.

Je. Début hésitant, tout autant que ses pas qui s’avancent tranquillement vers l’homme, se tenant, là, inerte, un sourire aux lèvres. Il semble regarder quelque-chose de lointain, quelque-chose, peut-être, d’aussi immatériel que lui. Je le conçois. J’ai besoin d’aide. sa voix se coupe. C’est difficile de l’avouer, même s’il le sait tout autant qu’elle, il sait la détresse dans laquelle elle se trouve, peut-être mieux que quiconque. Ses mains viennent se placer contre ses côtes, tentant de faire fi de la douleur, remontant ses épaules. Elle fixe son visage alors que lui ne la fixe pas, ce qui, après un court moment d’hésitation, lui fait détourner le regard vers les bâtiments, au loin, se dévêtant de leur teinte orangée pour reprendre leur lumière immaculée, reflétant le soleil. Vous avez raison. Je n’ai plus rien à perdre – j’ai déjà tout perdu. Elle a perdu tout ce qui lui était cher; elle l’a perdu, lui, comme elle a perdu tant d’autres, sa vie en entier arrachée de ce simple geste. Vos actions sont charitables, je ne peux que vous en être infiniment reconnaissante, mais… Sachez que j’ai déjà essayé. À maintes reprises, déjà. J’ai essayé, et.

Elle n’aime mieux pas y repenser. Elle chasse de son esprit ces mémoires, mouvement de tête vif.

Doit-elle réellement révéler l’ampleur de son mal?

Je ne peux rien garantir. Je sais à peine si je peux ne serait-ce avoir une minime influence sur ses effets.

J’ai toujours cru que les autres valaient plus que moi. Leur bonheur a toujours plus importé que le mien. Mais ça n’a plus d’importance.

En quoi est-ce égoïste de cesser de vivre pour que les autres le fassent à votre place? En quoi est-ce égoïste de mourir, mourir de souffrance et de peur, afin que personne ne ressente la même chose en étant en sa compagnie? Sa vision est différente, elle ne la comprend pas. Chisame n’a jamais été égoïste; ne le sera probablement jamais. Mais, ça non plus, ça n’a plus d’importance. Peut-être, aujourd’hui, saura-t-elle se libérer de cette cage qu’elle s’est construite. Peut-être, aujourd’hui, laissera-t-elle ses ailes se déployer à nouveau afin de revivre, recommencer à vivre, retrouver ce qu’elle a pour si longtemps perdu.

Elle laisse à nouveau ses espoirs et sa vie entre les mains d’un autre, s’abandonnant à l’idée d’un demain plus doux, d’un futur apaisant.
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