Elle prit une douzaine de Xanax, à moitié nerveuse, moitiée frustrée. Pop le cap, avale cette merde. Avale là bien, pas de marche arrière maintenant. Elle se leva, sippa son drink vodka canneberge. Trempa son doigt dans la poudre, lécha, respira mieux. Aujourd’hui on danserait jusqu’à la mort. Elle prit sa plus belle tenue, une robe noire courte, en dentelle, peu appropriée pour son bagage, pour son âge, tant pis. Elle se mit un trait profond sur les yeux, aussi noirs que son âme. Un baiser pourpre sur ses lèvres. Son veston en cuir sur les épaules, son sac empli d’articles les plus essentiels ; portable, vernis, couteau, sang, coke, la bouteille d’anti-depresseurs, le khôl et un bâton sucré pour ses lèvres sombres. Elle ne prit même pas la peine d’y mettre ses clés, personne ne reviendrait ici ce soir.

Les lumières du train l’étourdissaient, laissant une trace mouvante devant ses yeux. Elle leva sa main pour l’attraper, mais elle ne rencontra que le vide. Les couleurs comme des traits de peintures peignaient son visage de mille couleurs, mais le noir n’avait jamais été une couleur. Elle regarda son portable, pas de message, comme toujours. La vodka goutait amer dans sa bouche, ou c’était peut-être la solitude qui la pesait. Ses milliers d’amis n’avaient pas répondu à l’appel, personne ne lisait dans ses yeux morts. Ses doigts mouillés voyagèrent la drogue jusqu’à son nez, promesse d’une caresse qui l’aimait, celle-là au moins. Elle aurait été écrivaine si elle avait give un shit, mais elle aurait n’aurait pu écrire quoi que ce soit, le vide ne goutait rien. Ses histoires finissaient toujours mal.

Devant le bar, elle rajusta son décolté horrifiant et passa devant le videur. Mais voilà que d’une main ferme il la repoussa, lui demandant son ID, qu’elle avait oublié.  Elle ne voulait pas qu'on identifie son cadavre fumant, pris entre deux mondes. Son attitude maussade, mais sure d'elle jeta un regard mauvais au bouncer, son humeur n'aidant nullement sa cause. Elle passa une main froide sur ses seins, mais il en avait vu d'autres. Elle faillit lui crier dessus, lui dire que c'était sa dernière nuit, que ce soir elle voulait essouffler jusqu'à mourir, mes ses dents ne purent que se serrer et se desserrer. Elle s'alluma une clope, une mort très lente et souffla la boucane vers ces lumières qui l'aveuglaient. Désemparée, elle essuya le frisson froid qui lui montait dans le dos à grand coup de cancer. Son rouge à lèvres laissa une trace noire sur le carton blanc et elle poussa un rire ironique. Encore une fois, rien qu'elle ne faisait pouvait être fait en paix.