Il était là, dans les rues d'Ikebukuro. Il avançait sans chercher une réelle destination, il avançait. Il hésitait à aller dans des bars, il ne pouvait pas aller partout à cause de son âge. Il glandait, il s'emmerdait. Ses heures de cours passaient lentement. Sorti de cet enfer intellectuel, la vie extérieur paraissait aussi chiante qu'intéressante. Que faire, hein ? Que faire.

Faire comme d'habitude, glander à n'en plus finir. Faire un tour où Taiga pouvait aller. Pourquoi pas sa librairie habituelle ? Oui, là où il va récupérer les oeuvres à lire pour ses études. Des oeuvres parfois intéressantes ou chiantes, au choix. Mais Taiga avait déjà tout lu, il connaissait les histoires par coeur. Après avoir redoublé une seconde fois sa première année, il savait tout. Si il n'avait pas été emporté dans ce piège tendu par les traqueurs, il aurait pu avoir son année, il aurait continué sa vie comme si de rien n'était. Il aurait vécu comme un bon enfant. Mais c'est juste impossible. La libraire n'était donc pas une bonne idée. Les vielles rues sombres étaient les meilleures amies de Taiga. Il pouvait trouver un bar caché assez sympathique, mais pour le trouver ... Il faut bien chercher. Ikebukuro n'est pas un petit quartier, il est rempli de gens cons et sans cervelles. Mais Taiga s'en fichait, il pouvait s'y perdre ... Au final, tous les chemins mènent à Rome. Mais le chemin qu'il venait de prendre était lugubre, le bruit des voitures est étouffé, c'est comme si l'on venait à pénétrer dans une forêt. Le silence est maître du son. Seuls les pas de Taiga résonnait dans cette ruelle ... Mais d'autres pas faisaient exactement le même son que ceux du jeune homme : on le suivait. Quelqu'un le suivait juste derrière. Tokyo est Strong World, le plus fort est le roi du terrain ... Qui est le plus faible entre deux personnes ? Il suffit juste de juger cela par un combat sanguinaire ou non. Mais actuellement, Taiga tenait à sa vie ... Mais pas à celle de l'inconnu qui le suivait. Le jeune homme sortait un couteau suisse de sa poche, tendant la lame tranchante vers la personne qui se trouvait à quelques mètres de lui. Taiga n'avait pas peur.

« A quoi bon me suivre, si ce n'est que pour avoir la gorge tranchée ? »

Menaçant, froid et distant, c'est ce qu'il était devenu à présent. Pouvait-il prendre plaisir à tuer quelqu'un ? Si il pouvait ... Peut-être que sa vie serait plus palpitante. Est-ce bien de tuer quelqu'un ? Non, ce n'est pas bien de tuer un enfant. As-tu pris plaisir à tuer Chiharu ? Aucun.

On venait d'hurler son nom, cette voix qui avait hurlé le nom de Taiga, une voix qui lui disait étrangement quelque chose mais impossible de se rappeler quoi. Cette voix l'avait mis en garde concernant cet homme qui menaçait l'Eldorado. Celui-ci possède le pouvoir de lancer des piques empoisonnées. Pas mal comme pouvoir. Bon ce n'est pas le moment d'être impressionné par ça et si Taiga ne l'avait pas su, peut-être qu'il serait mort à l'heure actuelle. Dans tous les cas,  une autre personne venait d’apparaître dans la pénombre de la ruelle. La voix devait sûrement appartenir à celle-ci. Mais cette personne, celle qui voulait sauver la vie de Taiga maintenant, venait de se transformer en une créature incroyable, une créature gigantesque et mythique, celle qu'on appelle : dragon. Là c'était le choque total, qu'est-ce qu'un dragon fout ici, hein ? Mais non gros con, et la mutations ça te dit quelques chose ? Ouais. Et bien voilà.
Justement, c'est ça le problème, si cela était de la mutation, alors la personne qui venait de sauver la vie de Taiga est quelqu'un qu'il pensait ne plus jamais revoir de sa vie. Il se mordillait la lèvre rien qu'à cette pensée. Ça peut pas être Tara, elle a disparu, elle reviendra pas. Taiga était perdu dans ses pensées, il ne faisait plus attention à ce qu'il l'entourait, il n'aurait même pas remarqué les piques qui fonçaient sur lui. Non, il était trop impressionné par ce qu'il voyait.

Mais un cri horrifiant le sortait de son monde magique remplies d'hypothèse à la con. Ce dragon s'était transformé en humain, alors c'était bel et bien de la mutation. Incroyable, et qui se cachait derrière ce pouvoir ? Trop de choque.
Tara. Putain, c'était elle. Pas croyable, pourquoi elle était là, à souffrir horriblement et à hurler à la mort ? Putain, mais pourquoi. Trop de pourquoi tue le pourquoi. Souffrait-elle à cause de sa transformation ? C'est forcément ça. Par pur réflexe, Taiga posait sa main sur l'épaule de la demoiselle pour aspirer le pouvoir qui rongeait petit à petit son âme. Voilà. Elle était revenue simple humaine et la rage était enfermée dans le corps de Taiga. Il ne sentait rien, sûrement parce qu'il ne s'est pas transformé. Il a juste volé et n'a rien fait d'autre. Hors de question d'utiliser ce pouvoir si ça peut nuire à sa santé, il a déjà testé ça avec cet inconnu aux cheveux blancs ... Plus jamais.

Tara avait l'air d'aller mieux, la preuve : elle souriait gentiment à l'Eldorado, lui redonnant le surnom qu'elle lui avait donné il y a déjà tant d'année. Bah putain, elle avait rétrécie ou non ? Ouais non, la corpulence d'un mâle battra toujours celle d'une femelle, faut pas croire. Le jeune homme lâchait un petit rire discret avant de passer une main dans ses cheveux. Quelle retrouvaille, hein ? Mais voilà que Tara s

« Pour lui, j'en sais rien. Après je sais que je suis détesté par les Atlantide, ça c'est officiel. »

Il haussait les épaules en mettant ses mains dans son sweat bien chaud.

« Et puis ... J'ai toujours été détestable, qu'est-ce que tu crois. »

Il souriait, comme si cette mort qui le poursuivait constamment était normale. Oui, ça a toujours été normal pour l'Eldorado, même si la situation a empiré cette année. Tara se permettait de poser une main sur la joue de Taiga, il ne la refusait pas, il ne faisait juste rien du tout. Il se contentait de fermer les yeux et d'apprécier cette réelle chaleur : celle de Tara. Alors elle était bien vivante, pourquoi est-elle revenue ?

« Je t'en veux, ouais. »

Toujours aussi franc, n'est-ce pas ? Toujours. Taiga va pas jouer avec les mots, lorsqu'il a quelque chose à dire, il le dit et point barre.

« Même si Eldorado a gagné en popularité, personne n'était là pour gérer ce gang à part Dris. Je ne sais pas si tu le connais mais il est bras droit. Personnellement, je me suis toujours occupé du recrutement. Et concernant le chef ... Il y en a tellement eu que je ne les ai plus compté depuis des années. »

Haussant les épaules comme si tout ça était banal, un soupir las s'échappait de ses lèvres, ouvrant ses yeux pour pouvoir regarder Tara.

« Je ne comprend toujours pas la raison de ton départ, et ça m'énerve. »