be the hero.

Le soir des combats, tu l’avais passé à la planque d’Atlantide. Tu n’y étais pas resté longtemps, juste le temps de te reposer, évitant ainsi qu’un nouveau drame pour ton épaule ne se produise. Tu étais rentré chez toi à une heure raisonnable, aux alentours de minuit, demandant sur le chemin des nouvelles des combats. Nouvelles que tu ne vis pas puisqu’à peine de retour dans ton taudis, tu étais allé te coucher, profitant d’un repos bien mérité.

Ce matin fut indéniablement plus tranquille et reposant, sans le moindre basilic en vue. Tu en avais fait des cauchemars tellement ce grand con t’avait fait peur.
Tu te levas sans grande motivation, comme à ton habitude, traînant peut être une bonne heure dans ton lit à rêvasser avant de te perdre dans la lecture de tes messages, reçus dans la matinée. Tu appris  entre autre l’issue des combats de la veille, découvrant au passage que tu n’aurais pas à bouger ton fessier jusqu’à une supérette lambda pour dégoter des sushis.
A cette pensée tu arboras un petit rictus victorieux alors que tu correspondais avec un  membre d’Atlantide, dont le nom ne te revenait pas. Tu ne sais même pas comment ce type avait eu ton numéro. Tout ce que tu savais c’est qu’il ne sait pas écrire dans un japonais très correct et que tu l’avais surnommé cul de bouteille. Allez savoir pourquoi.
Mais quoi qu’il en soit le dis cul de bouteille venait également de t’apprendre que certains combattants avaient eu le droit à un aller direct pour l’hôpital. Tu pensas alors brièvement à Tirex, songeant à demander des nouvelles de ton adversaire qui avait tout de même eu le droit à trois coups de couteau dans le dos. Mais le fait qu’Aeife soit là-bas t’avait autrement plus alarmé. Du moins dans la mesure du possible chez toi. C’est-à-dire que tu avais pensé, quelque part au fond de ton cerveau, que c’était peut-être l’occasion de racheter ce qu’elle avait fait pour toi la veille.

Et c’est ainsi que tu t’étais retrouvé, mieux vêtu qu’un clochard (Un jogging taché au café, un t-shirt trop large pour le squelette que tu es et une paire de baskets trouées. Fashion victim.), devant un large choix de sushis, tous magnifiquement emballés, présentés comme aux restaurants, plein de couleurs et appétissants.
Sauf pour toi, qui avait déjà ingéré ton repas pour les prochaines 24h ce matin. Ce n’est pas faute de te forcer pourtant. Mais un repas par jour c’est déjà trop.

Tu avais choisi la boîte la plus rentable à tes yeux, celle qui ne coutait pas un prix exorbitant mais qui n’était pour autant répugnant à l’aspect. C’était un de ces nombreux mixtes d’une douzaine de sushis, garnis avec des crustacés et des poissons aux noms imprononçables.
Tu pris ensuite la direction de l’hôpital, avec ton pauvre sac plastique en main, demandant à la pauvre hôtesse l’emplacement de la chambre de la blessée. La pauvre avait dû prendre peur, vu la rapidité avec laquelle elle avait trouvé, surement à cause de ton look de cadavre tout droit sorti de sa décharge. Vaut mieux ça que les fringues plein de sang, hein.

Tu dû attendre quelques bonnes minutes avant qu’on te laisse entrer dans la chambre, découvrant la malade éveillée.
Elle est en vie, c’est un bon début.

Tu poses le sac plastique sur la table.

« Oi… Je te dérange pas j’espère. »

Tu marmonnes plus pour attirer son attention qu’autre chose. C’est bizarre tu as déjà dit ça, il n’y a pas longtemps.

HRP ∞

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Ta présence en soi pouvait paraitre tout à fait incongrue, si ce n’est improbable ou déplacée.
Après tout, tu l’avais dis toi-même, tu ne l’aimais pas cette fille. Tu ne lui vouais aucune trace de sympathie et tu ne t’étais jamais gêné pour lui faire comprendre en te montrant désobligeant avec elle. Ton esprit la définissait de garce arrogante et orgueilleuse, superficielle, matérialiste et hautaine. Rien que ça. Et pour cause les rumeurs allaient bon vent et elle n’avait rien fait, en te méprisant en retour, pour améliorer son image.

Et pourtant tu te tenais là, à son chevet, presque concerné par son état. C’est fou comme les choses changent, en si peu de temps.

Il ne faut pas se méprendre non plus, tu ne la considérais toujours pas comme quelqu’un d’extraordinaire dont la bonté en ferait pâlir les plus généreux. Tu avais simplement commencé à prendre du recul en te demandant si tu ne l’avais pas jugé trop vite. Si finalement elle n’avait pas un bon fond, comme elle te l’avait prouvé la veille en t’évitant d’être à sa place, alité dans un lit d’hôpital trop blanc et trop propre.
C’était aussi l’occasion de racheter ta dette, même si tu doutais sur la méthode. Peut-être qu’elle aurait préféré voir quelqu’un d’autre à son retour parmi les vivants. Surement même. Un sac d’os mal habillé, ce n’est pas ce qu’il y a de plus plaisant à voir.

Finalement la demoiselle semble sortir de son état comateux, alors qu’elle essayait très certainement de définir l’identité de son visiteur surprise. Il y a meilleur comme surprise, c’est sûr. Sa voix, faible, s’élève dans la pièce :

«  ... Koyomi ? Quess' ─ tu fous ─ ici ? »

Bonne question. Tu te la poses toi-même. Parce qu’en fait, tu aurais préféré rester chez toi, largement. Mais bon…
Tu hausses les épaules en te retournant, attrapant la chaise dans le coin de la pièce pour t’avachir dessus.

« Hmn… Bonne question. »

Tu désignes ensuite le sac, l’attrapant pour en retirer le contenu.

« T’as peut être pas gagné mais on va dire que c’est pour hier. Tu marques une pause. Enfin, si tu peux manger sinon ça se conservera bien jusqu’à demain. »

HRP ∞

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La boîte se retrouve finalement entre les mains de la blessée, à sa merci. Elle est sans défense, n’a aucun espoir d’échapper à l’appétit insatiable de son prédateur qui a déjà entrepris, dans un geste un peu gauche, de défaire le couvercle, laissant les appétissants petits sushis à l’air libre. Ils deviennent des proies idéales, vulnérables, sans aucune issue de secours. La fin est proche. Pour eux.

En ce qui te concerne, le devenir de ces bouts de riz avec du poisson dessus n’est pas dans tes priorités. Et étant donné que tu les as toi-même amené à leur perte, c’est normal.
Tu regardes la demoiselle en admiration béate face à la nourriture que tu lui as amené, n’imaginant pas l’ombre d’une seconde provoquée chez elle une telle réaction simplement en trainant tes 59 kilos d’os et de petites cellules dans un supermarché pour acquérir ce fleuron de la gastronomie nippone.
La jeune femme ne fait pas de manières, elle déguste avec les doigts. Ou devrais-je dire elle dévore, sans le moindre état d’âme, ces pauvres sushis qui n’ont rien demandé au monde pour finir comme ça. Elle s’applique à ne pas faire tomber la moindre miette, soigneusement, épargnant le drap immaculé de son lit du moindre grain de riz qui aurait voulu partir en cavale.

« Tnu chais tnu mdois rin. »

Les effectifs sont réduits de moitié dans la boite qui a déjà été vidé d’une bonne partie de son contenu en quelques minutes à peine. Vorace et sans pitié, le prédateur choisit curieusement d’arrêter le massacre, laissant un court répit à sa nourriture.

« Ça aurait pu être n'importe qui d'autre, mon boulot c'est de soigner, alors je soigne. Mais ça me fait plaisir que tu sois là... et que tu m'ais apporté à bouffer. Surtout que tu m'ais apporté à bouffer, en fait. »

Tu n’imaginais pas qu’elle puisse être aussi encline aux gentils paroles, même si rapidement rattraper par un soit disant intérêt. Tu n’imaginais pas non plus qu’elle puisse être si peu maniérée, si gloutonne alors qu’elle n’est guère plus épaisse qu’un fil de fer, et d’apparence si gracieuse et élégante. Cette fille est une curiosité, dépeinte d’une manière particulière : en deux facette. Une partie physique et une partie psychologique, le mensonge et la réalité.
De toute évidence, et comme beaucoup, tu t’es butté sur la coquille sans chercher à connaître ce qu’il y avait dedans : une fille simple avec un grand amour pour les choses comestibles.

« T’aurais pu ne pas le faire aussi. Tu rétorques à ses mots en haussant les épaules. Tous les médecins n’ont pas le cœur dans la main, ils ont même pour la plupart la main au porte-monnaie. Des autres. Ça doit être meilleur que ce qu’ils donnent ici en tout cas. Et puis c’est pas grand-chose à côté de ce que t’as fait pour moi. Prends ça pour un merci. »

HRP ∞ Sorry du retard, j'avais pas internet ce week end et j'ai zappé de prévenir.

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Il y a des réactions parfois difficilement compréhensibles pour le commun des mortels, dont tu faisais partie pour une fois.  
La jeune femme se renfrogne aussitôt que le mot merci sort de ta bouche, abandonnant son repas et sa bonne humeur pour un air carrément exécrable. Tu ne comprends pas vraiment pourquoi elle réagit comme ça, soudainement, te demandant bien en quoi la remercier pose un problème. Les gens les réclament, en général, les remerciements, et là elle s’énerve.

« J'en veux pas, de tes remerciements. »

Au moins tu étais fixé, c’était bien ça qui venait de lui couper l’appétit. Cette fille était horriblement lunatique il faut croire, ou alors son adversaire lui avait tapé trop fort dessus. Ou pas assez.
Toute une histoire de perspective et de nuances, comme l’histoire du verre à demi plein ou à demi vide.

Pour être honnête, tu l’avais remercié dans l’honnête, et surement naïve, volonté d’être gentil avec la fille qui t’avait sauvé la vie. Peut-être pour lui montrer que tu étais venu en paix, sans mauvaises intentions et puis tu avais été sincère. Même si lui dire merci avait brutalisé ta fierté cruellement, ça partait d’une bonne intention. Une intention un peu trop bonne il faut croire vu comment la demoiselle s’offusque.
Madame est trop importante pour être remercié, c’est ça ? Soit.
Pour le coup, ça te couperait presque toute envie de retenir ta fâcheuse tendance à beugler des insultes à tout va. Le foutage de gueule, ça va cinq minutes. Faire des efforts aussi.

Sans vraiment t’en rendre compte tes yeux rencontrent son regard si fuyant d’habituel, teinté d’or. L’échange est aussi court que brutal, si ce n’est déroutant pour toi. Au moment même où tu as commencé à la regarder fixement, ton palpitant s’est emballé sans que tu ne saches vraiment pourquoi et l’hostilité naissante dans ta tête s’est estompée pour ne laisser qu’un malaise, une espèce d’attirance pour ses orbes à la couleur si particulière. C’est peut-être ce même sentiment qui t’a fait baisser les yeux presque aussitôt, te laissant perplexe vis-à-vis de ce qui venait de se passer en quelques secondes qui t’avaient parus des heures, si ce n’est une éternité.

« D'ailleurs… Ta présence me vexe si c'en était la seule raison. Au même titre que je n'ai pas besoin de tes remerciements, je ne veux pas non plus de tes excuses. »

Des excuses ? Quelles excuses ? Non décidemment cette fille tu ne la suis plus. Tu te sens troublé et un peu perdu, bien que intimement persuadé que ce que tu venais de « subir » n’était pas l’objet d’un parfait hasard.

« Je venais aussi prendre des nouvelles mais tu as l’air de très bien te porter. »

Tu siffles entre tes dents comme un serpent, une pointe de reproche au fond de la voix. Tu es vexé qu’elle prenne tes bonnes intentions de la sorte. Sois gentil oui, c’est bien. Mais tu ne l’as visiblement pas été avec la bonne personne.
Tu gardes les yeux rivés vers la pointe de tes baskets, prenant une profonde inspiration, sans oser relever le regard de peur que ça ne recommence.

« Et d’ailleurs je ne vois pas pourquoi je m’excuserai. »

HRP ∞

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Ton regard se perd dans la contemplation penaude de tes chaussures, analysant soigneusement et  avec une méthode toute particulière chaque détail de l’objet que tu portais au pied. Tu remarquas alors que celle-ci avait un trou à l’avant, dans la semelle, que les lacets s’étaient défaits et tout un tas de broutilles comme l’emplacement de taches de çà et là.
Tu n’osais pas regarder ailleurs à vrai dire, peut-être parce que tu avais encore du mal à digérer cette poignée de secondes où tu t’étais perdu dans son regard.
Ce fut perturbant, étrange et déstabilisant. Ce n’est pas comme si tu avais eu l’impression qu’elle pouvait lire en toi, non. Ton esprit restait fermé à quiconque essayant d’y pénétrer, depuis le jour de ta naissance. En revanche tu t’étais senti désarmé, attaqué par un sentiment inconnu, chaud et dégoulinant de quelque chose que tu avais trouvé, instinctivement répugnant. De l’attirance, que l’on appelle ça. Mais dans ta tête, une telle chose ne pouvait pas t’être associé, tout simplement parce que tu te pensais, en tout bien tout honneur, immunisé par cinq ans à la côtoyer dans sa forme la plus pervertie et la plus ignoble.

Alors tu restes assis là, sur ce siège, les coudes sur les genoux et le menton sur ton poing, songeant rapidement à quitter les lieux. Tu n’étais pas lâche non, mais tu sentais bien que tu n’es pas le bienvenue ici. Preuve en est, la demoiselle avait explicitement dit que ta présence la vexait. La déranger est bien le cadet de tes soucis, mais si elle ne veut pas que tu restes, tu ne resteras pas. Parce que dans l’absolu tu n’as rien à faire de plus ici, non ?
Tu as donné ta boîte, elle va bien, vous êtes quittes.
Tu ne veux pas chercher plus loin. Après tout, tu ne l’aimes pas, elle t’énerve tout simplement.

« Pardon. »

Sa voix te sort de tes pensées, te ramène sur Terre après quelques secondes d’égarement. Hein ? Pardon ? Tu relèves la tête, pas sûr d’avoir bien compris. Aeife Nishimura, s’excuser ? Deux mots que tu croyais incompatibles jusqu’ici. Tu te serais encore trompé alors.
Tu te retrouves perdu, comme si elle t’avait déposé en plein milieu de nulle part. Tu l’avais deviné lunatique, mais tu ne te doutais pas que ça puisse être à un tel point. A moins que son adversaire ait vraiment tapé trop fort sur sa tête.
Elle grimace, alors que tu la fixes d’un air incrédule, évitant tout de même avec soin son regard. Tu te méfiais toujours de ce point-là.

Finalement elle s’explique, reprenant sur un même ton.

« ... Me remercier c'est insultant. Parce que ça fait de moi une personne faible qui attend qu'on la remercie pour ses misérables actions. Ne me rabaisse pas à ce titre. »

Tout devenait clair à vrai dire. C’était une vision de la chose, différente de la tienne à bien des égards il faut dire mais il y avait du vrai dedans et tu la comprenais, un peu.

« Je vois… Je n’avais pas vu les choses comme ça. »

Tu souffles finalement en te relevant.

Tu t’approches alors, jusqu’à ce que tes jambes entre en contact avec la bordure du lit. Tu t’assois finalement sur ce dernier, récupérant la boîte de sushis laissée à l’abandon. Tes doigts viennent en attraper un au hasard avant de le tendre vers elle.

« Vois pas ça comme des remerciements alors, simplement de la bouffe. Ce serait dommage de gâcher ça vu le prix. Tu déclares d’un ton suffisant, la boite dans une main et le sushi dans l’autre, près de la bouche de la demoiselle. Si tu les veux pas, je finirai, tant pis. »

Tu ne saurais dire pourquoi tu faisais ça. Partir aurait été plus simple à bien des égards mais il faut croire que tu aimais faire compliquer, quand on peut faire simple. Et il y avait quelque chose que tu voulais encore vérifier.

HRP ∞

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Les choses s’enchainent, se bousculent sans le moindre sens à tes yeux. Tes propres actions tendent à t’étonner, remettant en doute ce que tu croyais acquis : une haine certaine pour la jeune femme en face de toi. Tu n’avais pas dans l’intention première de lui donner la becter comme un oiseau à sa progéniture, mâchant au préalable la nourriture de ses petits. Tu lui montrais juste que ce n’était pas empoisonné, qu’elle pouvait manger. C’est comestible, c’est juste des sushis.
Elle finit par l’attraper, en avalant la moitié.

Et là, les événements prennent une tournure très… Gossip.

Tu n’aurais pas su dire ce qu’il s’était passé avec exactitude, tout s’est enchaîné sans même que tu ne comprennes dans une succession d'événements plus étranges et inédits les uns que les autres. Déjà la porte qui s’ouvre brusquement, du jamais vu à priori dans un hôpital.
Dans une analyse très brève tu dirais que le nouvel arrivant, en plus d’avoir les moyens de jouer les grandes gueules dans un lieu pareil, fait aisément une tête de plus que toi, en plus d’être bien plus large. Ce qui n’est, entre nous, pas bien compliqué. Mais le plus curieux n’est pas l’arrivée de cet homme que tu ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam, mais plutôt la venue d’un paon… Oui, un paon. Une bestiole que l’on trouve d’habitude dans les zoos, mais qui était ici en liberté en train de se pavaner dans le Tokyo Metropolitan Hiroo. What. The. Fuck.

« Aeife ma chérie comment. Qui. Es-tu. Que. Fais-tu ? »

Aeife ma chérie… AEIFE MA CHERIE. Mesdames et messieurs, nous atteignons actuellement le seuil critique du n’importe quoi. Entre nous, tu n’es à plus grand-chose de ne plus rien comprendre. Non, en fait tu ne comprends déjà plus. Qui est ce type, que fais cette bestiole ici. Et surtout. Pourquoi il a dit ma chérie ? Une fille comme ça a un amant ?! Sans déconner...
Alors là, t’es sur le cul.

« Koyomi, Tiamat. Tiamat, Koyomi. »

Tiamat. Drôle de nom. Mais tu ne t’attardes pas sur un tel détail. Tu te relèves, posant la boîte sur le lit pour te retrouver nez à nez avec le grand monsieur. Il en impose comme ça, c’est sur… Tu serais presque intimidé si tu n’avais pas fait la peau à un basilic, la veille. Cette expérience avait au moins eu le mérite de t’offrir un peu d’assurance. En temps normal tu aurais fait la grimace mais là tu restas neutre, imperturbable.

« B’jour. Enchanté. »

Tu marmonnes en hochant la tête, pas si enchanté que ça.
Décidément plus ça va et plus cette nana a le don de te faire tomber de haut, très haut.

HRP ∞

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Et le manège continuait, te laissant avec la désagréable impression que tu n’existais plus. Quelque part tu n’en étais pas mécontent, tu avais le sentiment que le grand blond ne te portait pas dans son cœur. Pas du tout. S’il t’oubliait c’était un risque en moins de finir encastrer dans le mur.
Il se précipite au pied du lit, au chevet de la blessée qui semble moins dépassée que toi par les événements. Surement a-t-elle l’habitude de supporter un homme si fantasque, endossant le rôle du prince charmant venu au secours de sa demoiselle. Et toi tu étais quoi dans tout ça ? Le ficus en décoration ?

« Si tu savais comme j'ai eu peur, quand j'ai vu ton nom dans les registres de cet hôpital ! Promis, je vais te faire transférer à la maison, on te soignera directement là-bas. Pardonne moi de t'avoir laissée te faire mal. Pardon pardon pardon. Il marque une pause, une sorte d’émotion presque écœurante dans la voix. C’est presque trop sincère pour être vrai, trop niais, trop amoureux.  Le nom était Koyomi ? Koyomi comment ? »

Euh… Oi. Je suis là. Pas que l’idée de te faire oublier te déplaise mais au point de parler de toi comme si tu n’étais pas là, poser à tout juste un mètre des deux tourtereaux… C’était vraiment bizarre.
L’amour rend con qu’on dit. Quel fabuleux spécimen. Sans arrière-pensée évidemment, cet homme est peut être brillant d’habituel mais là, à tes yeux il tourne en parfait ridicule.
Et le pire dans tout ça c’est qu’elle si met aussi, à parler de toi comme d’un autochtone à l’autre bout du globe.

« Koyomi. Ce sera suffisant comme information. Je t'interdis très sérieusement de faire ou ordonner quoi que ce soit à son propos, si ce n'est pour le remercier d'avoir été la seule personne à être venu me consoler. »

… Si tu n’étais pas là tu ne le croirais pas. Aeife Nishimura qui prenait ta défense face à ce qui semblait être son fiancé ou quelque chose du genre alors que ce dernier semblait prêt, il y a quelques secondes à peine à te faire gouter le mur. C’était la cerise sur le gâteau, la goutte qui fait déborder le vase. Le truc que jamais, dans toute une vie, tu n’avais espéré voir un jour. Tout simplement parce que c’était bien trop improbable pour que ça arrive. Et pourtant.
Il va sans dire qu’elle remontait, nettement dans ton estime. Elle n’était pas passée au stade de meilleure amie, n’abusons rien mais tu en arrivais à penser qu’elle n’était pas garce. Qu’elle était peut-être un peu comme toi au final, rongée par la faiblesse, et peut être même ce sentiment d’échec perpétuel qui te hantait tous les jours. Tu ne la connaissais pas assez pour la juger positivement mais de toute évidence pas assez non plus pour la juger négativement. Alors elle prenait un statut neutre, celui de la personne à apprendre à connaître. Alors peut être qu’une évolution serait envisageable. Tu ne sais pas.

Dans ce cas tu n’as plus grand-chose à faire ici.

« Désolé de vous déranger, hein. Tu lâches, dans l’espoir que le ficus en pot que tu es se fasse remarquer par l’auditoire. S’il y a un problème avec moi, je m’en vais, pas de soucis. »

Tu n’as pas l’intention de fuir, tu sens simplement que ta présence n’est pas désiré. Tu marques une pause avant de tourner ton attention sur le blond.

« Quoi qu’il en soit je vais pas vous déranger plus longtemps, hein. Il vaudrait peut être mieux la laisser se reposer. »

Qu’on la laisse se reposer. Tu vois le genre.

HRP ∞ S'il y a des fautes énormes je suis disoulé mais il est 4h du mat'. J'ai une excuse. Bonne nuit.

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Tu avais désormais dans l’idée de quitter la pièce, partir de cette hôpital pour reprendre tes activités. Rentrer à la maison, peut-être. Tu ne sais pas encore, tu y réfléchiras plus tard.
Alors que tu t’apprêtais à prendre la porte, tournant les talons à ces touchantes retrouvailles, on t’interpelle :

« Non, non, restez, Koyomi-san. Excusez-moi de vous avoir montré une facette de moi qui n'est pas présentable. Je m'appelle Tenryu Kurohime, et je suis le futur époux de la charmante jeune femme alitée juste ici. Alors comme ça vous l'avez consolée ? Mais de quoi exactement ? »

Koyomi-san… Tenryu ? Oh la… Tu as loupé quelque chose ? Il ne s’appelle pas Tiamat ? Et il s’excuse en te vouant un peu de respect. Et bah... Il a un peu de jugeote tout compte fait, plus que tu ne le pensais. Même si pour le coup tu ne penses pas mériter tant d’égard.

« Hein chérie, il t'arrivait quoi ? Tu aurais dû m'appeler si tu étais triste, plutôt que de déranger quelqu'un... qui choisit des sushis de si mauvaise qualité. »

Il est drôle lui. Ça se voyait pourtant à ta dégaine que tu ne pouvais pas te permettre des folies gastronomiques. Bon soit, soit, tu l’avouais tu aurais pu faire un effort. Mais il y avait pire. Franchement pire. Les surgelés par exemple.
Tu grimaces, pas sur de suivre le raisonnement du garçon même si tu imagines qu’il s’agit là d’une question… D’orgueil de type fortuné ? Ou d’orgueil de type amoureux ? Ou les deux ? Dans tous les cas ce sont des choses qui t’échappent, complètement.
Une sorte de gémissement étranglé te sort de tes interrogations, alors que tu t’apprêtais à répondre. Tu détournes le regard vers l’origine du son en question.

« Ce quelqu'un est mon ami. Et j'en veux pas de tes sushis haut-de-gamme. Ceux-ci me conviennent. »

Sur le coup tu hausses un sourcil, en grimaçant davantage, prêt à la secouer pour lui faire reprendre ses esprits. Oh la malheureuse, il a frappé si fort que ça ?! Pour qu’elle dise une chose pareille surement. Pas que cette idée t’horrifie, plutôt le fait qu’elle le pense et l’affirme de la sorte. Mais elle tourne les yeux vers toi, t’adresses un furtif regard qui en dit long. Elle te couvre mais elle ne te considère pas comme tel. Tu ravales un soupir de soulagement, reprenant ton calme olympique, plus que mis à l’épreuve en si peu de temps.

« D'ailleurs la prochaine fois que je te recouds, tu peux me rapporter les même sushis si tu as pas d'idées pour me remercier. »

Tu cherches un éventuel message derrière ses paroles, même si tu as beau te creuser la tête tu n’en vois pas. Ce n’est accompagné d’aucun regard, rien. Ça ne doit pas être de la comédie alors.

« Je ferai un sorte que tu ne te fatigues pas pour ça mais j’y penserai. Tu dis en haussant les épaules avant d’enfouir tes mains dans tes poches, reportant ton attention sur Tiamat. Vous inquiétez pas, je comptais pas rester éternellement non plus. Vous voulez surement rester seuls, vous avez beaucoup de choses à vous dire. Je crois. »

Personnellement tu n’allais pas dire un traître mot sur les combats, ni la raison de la présence d’Aeife ici. Dans le doute, au cas où elle ne veuille pas qu’il le sache. Ce n’est pas tes oignons après tout et tu n’allais pas lui faire involontairement un coup fourré alors qu’elle vient très certainement de te sauver. De quoi tu ne sais pas, mais elle l’a fait.

HRP ∞

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Tu regardes cette fin de dispute conjugale d’un air désabusé, ayant tout juste enregistré la mission que te confiais le blondinet avant de prendre congé avec sa bestiole. Bestiole dont tu imprimas vaguement le nom aussi lors de la beuglante de la blessée envers son mari/petit copain/amant (rayez la/les mentions inutiles). Le mystère demeure. Et en tout bien tout honneur tu n’en as, mais alors, strictement rien à foutre. C’est sa vie et ta dernière des ambitions est bien de t’y incruster.
Tout ce qu’il était utile de savoir c’était qu’elle était vexée par le comportement de l’OVNI et de son oiseau.
Comment tu le sais ? Déjà le ton de sa voix mais aussi le regard qui avait autant de douceur que le sec connard qu’elle lui avait lancé au visage. Intentionnellement surement, cette expression disparait bien vite pour un air tout aussi blasé que le tien quoi qu’une pointe de contrariété s’y fasse encore sentir.

« C'est pas contre toi, Hotaro, c'est juste lui... Qui est... Trop con. »

Tu te retiens d’approuver ces derniers mots, juste parce qu’il a sous-entendu que tu étais un grouillou de la banlieue. Ce qui n’est absolument pas vrai. Absolument pas. Tu es un homme civilisé qui… Vend de la drogue pour le compte du gang avec la plus mauvaise réputation de toute la capitale. Ce qui fait de toi un être humain tout à fait honorable. D’un certain point de vue, très recherché.
Bon, il n’avait peut-être pas tout à fait tort cela dit. Mais tu n’es pas le seul à être mouillé chez les bleus. Il y a ta camarade de galère, ici présente, qui venait de risquer sa peau pour apporter un peu de gloire à votre nid de déchets humains et mutants. C’était une noble action.
Bref.

Disons que tu te contentas d’hocher la tête, pour montrer que tu comprends. Tu comprends qu’elle ne t’en veut pas et puis c’est tout. C’est aussi simple que ça.

« Mais c'est gentil d'être venu. Je m'excuse qu'il ait débarqué au même moment que toi... Enfin ça va, t'as pas fini la tête dans le mur, c'est déjà ça, je suppose. »

Cette fois tu acquiesces volontiers, appréciant d’ailleurs que le blond ait retenu son envie de te faire gouter un mur d’hôpital. Le plafond d’égout t’a suffi.

« Je suis venu à l’improviste aussi. Tu soupires. Mais c’est vrai que je me serai passé de manger les murs. J’ai eu ma dose. Comme toi je suppose. »

HRP ∞

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Tu fixes le sol sans but particulier, tu te demandes ce que tu fais là encore. Voir  même pourquoi tu es venu. C’est idiot comme question, quelque part parce que tu as la réponse dans un coin de ta tête. Tu te sentais reconnaissant et puis. Et puis quelque part tu voulais te convaincre que t’avais raison en pensant que tu l’avais mal jugé. C’est égoïste sans l’être. Mais finalement tu n’avais pas tort. C’est un sentiment plaisant, quand on y repense. Croire en quelqu’un et ne pas se tromper, sur son compte. C’est une première, une grande première et franchement il était temps.
Tu te détends pour la première fois depuis le départ du grand blond, même si ton regard ne quitte pas le sol. Tu sens qu’elle te regarde, tu sens son regard sur toi et tu finis par la regarder aussi en entendant sa voix s’élevait dans la pièce.

« Ceci dit, peut-être les murs sont-ils délicieux mais tu ne le sais pas encore. »

Sa réflexion t’étonne, tu tomberais presque des nues. C’est…. C’était nul, franchement. Tu aurais voulu lui dire, t’aurais voulu rigoler parce que franchement. Tu sais pas, c’est drôle. Mais tu te contentes d’esquisser un semblant de sourire au moment où elle s’excuse.

« Pour être honnête, je n’ai pas très envie d’essayer. »

Tu accordes un furtif regard au mur à ces mots, celui-ci ne te semblant pas spécialement appétissant. Et tu doutes qu’un mur d’hôpital fasse exception à la règle.

« Je pense qu'on a été assez cons, en fait. Je veux dire, je te détestais.. et je te déteste toujours… mais moins. Et peut-être pas pour les mêmes raisons aussi. A condition qu'il y ait eu des raisons un jour. »

Son ton se fait plus sérieux, t’arrachant de ta béate observation du mur dont tu essayais de deviner le gout. Ton sourire s’efface un peu s’en disparaitre. Il semblerait que tes pensées aient rejoint les siennes… C’est vrai qu’on a été cons, réflexion faite.

« Des raisons, hein ? J’avoue que je sèche un peu mais…. Tu marques une pause en venant t’asseoir au bout du lit. Il doit y en avoir. Sinon on serait vraiment cons de se bouffer comme ça pour... Pour rien. »

HRP ∞

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