Une porte de prison.
Il aurait pu être moins aimable, sans doute. Il n'en savait trop rien, il n'était jamais là.
Thom. Thom.
Son nom raisonnait dans son crâne à mesure que la cuillère cognait les bords de la tasse.
Thom.
Son pull était troué, son jeans déchiré. Il aurait pu avoir le même résultat en allant s'habiller chez Dog à Harajuku, ça aurait été plus propre, aussi. Mais non. Son pull était juste troué, ses genoux à nu.
L'argenterie contre la céramique tintait comme un carillon. Il avait les longs doigts des Hodge, et Sixte déglutit en silence.
_ Bonjour.
Quoi de plus, ils ne pouvaient même pas se voir.
Sixte le voyait, mais parce qu'il le regardait depuis le salon. Son fils s'évertua à ne pas le voir, s'installa autour de la table de la cuisine, fit silence. L'appartement était vide. Encore plus vide que quand il était absent.
La voix de Thom parlait pour lui parce qu'il n'avait rien à dire, rien à lui dire. Son père ne savait vraiment pas quoi faire. C'était trop tôt, encore.
_ Je pensais à aller me promener. Il fait beau aujourd'hui.
C'était sans doute assez touillé maintenant. Ses lèvres se trempèrent de café, ses mains trouvèrent sa chaleur pour en embaumer son cœur. Le soleil était timide mais les nuages gris n'étaient pas assez lourds pour le forcer à allumer les lumières. Il s'entendait respirer mieux que s'il avait été seul, trouvait cela dramatique. Sixte était incapable de tenir tête à son fils. Souriait. C'était déjà bien.
Il avait déjà tout prévu pour cet anniversaire. Le gâteau était commandé, le cadeau acheté. Tout était planifié, comme toujours, sauf la venue du principal intéressé.
Il n'était jamais là. Sa paume ramassa une mèche de cheveux et il étouffa sa gorge d'une nouvelle lampée de caféine. Il n'y avait rien à dire. Sa voix s'assura d'être audible, c'était déjà une bonne chose.
_ ... Tu... Non, fais comme tu veux, bien sûr. Est-ce que tu pourras- non, tu seras là demain soir ? J'aimerais le fêter avec toi, tout de même.
Je t'assure que j'essaye de faire de mon mieux.