MUSIQUE - Il y a des jours comme ça où l'on ferait mieux de rester chez soi.
Ce genre de matin où vous vous réveillez avec la boule au ventre et les nerfs à vif. Ce genre de matin où la lumière du soleil vous fatigue déjà, ce genre de matin où vous souhaiteriez juste vous rendormir en attendant demain. Pour toi, Sébastien, ta vie ne s'était alors résumé qu'à la souffrance, et enfin, un bonheur auquel tu ne t'attendais pas ; l'amour. La confiance mutuelle, les promesses et les sourires. Le cœur qui bat, l'esprit qui vit, c'était ce que tous les êtres humains se devaient de connaître un jour pour ne pas mourir idiot.
C'était ainsi, que tu te résonnais. C'était ainsi que tu semblais heureux malgré ton expression un peu aigrie et vieillie.
Jusqu'à aujourd'hui, rien ne t'avait achevé. Ni ta mère, ni tes vieux démons, ni les traqueurs, ni Atlantide, ni la guerre, ni Arisa, ni James Winchester, ni la trahison, ni le mensonge, ni les remords, ni la solitude, ni
rien. Les coups de feu, les coups bas, ce n'était pas ça qui t'avait fait baisser les épaules.
Et pourtant, il n'avait fallut que d'une voiture pour que tout vole en éclat.
Tu es là, allongé sur le bitume, yeux grands ouverts.
Ta respiration s'arrête doucement.
Disparaît.
Tu es là, la joue collée sur le sol à cause de ton propre sang. Tu ne peux ni entendre ni voir ce qu'il se passe autour de toi. Tu ressens de brèves secousses, celles des pas qui s'agitent autour. A cet instant-là, tu n'es plus Sébastien de Nivral, lieutenant et très certainement assassin. Non, à cet instant-là, tu es une victime. Victime d'un accident d'un type qui roulait trop vite et qui allait devoir vivre avec une mort sur la conscience. Sora a réussi à survivre ce jour terrible, endormi pendant trop de temps.
Mais toi, ce soir, tu ne pourras pas rentrer.
On ne t'attendra pas à l'hôpital.
On regardera ta dépouille à la morgue.
Tes os se sont craquelés sous le choc, tu as la sensation d'être un pantin démembré. Pourtant, la douleur semble fantôme. Parce que dans tes derniers instants de conscience, tu penses.
Tu penses à cette vie que tu aurais dû t'offrir avec le seul homme que tu n'as jamais aimé.
Tu penses à ces vies que tu as gâché.
Tu penses qu'il est trop tard pour regretter ce qui n'a jamais été vécu.
C'est triste, n'est-ce pas, Sébastien ?
Plus de trente ans de lutte. Trente ans à te battre avec rage pour survivre et il n'avait fallut que d'un malencontreux hasard au coin de la première rue. Un hasard, une fatalité.
Il n'y a rien à dire sur toi. Tu n'es pas un homme bon, avec un passé peu glorieux et plus de sang sur les mains que n'importe qui.
Même ton esprit est souillé par tes crimes. Ta punition est telle que tu ne pourras même pas faire un point sur tout ce que tu as vécu. Tu t'endors lentement. Pourtant, l'image du sourire de Sora persiste.
Sora.
Sora.Pardonne-moi.
Pardonne-moi, je t'en supplie.
Pardonne-moi pour tout le mal.
Pardonne-moi de partir avant de t'avoir donné le bien.Ce que tu as toujours craint venait tout juste d'ouvrir ses portes.
La mort.
Bam.
Fin.