Tu finis de taper le DERNIER DES DERNIERS courriels de la journée. Avec joie, avec enthousiasme, avec plaisir à peser sur…non. NON ET NON. Bordel c’était pas la bonne touche aucunement! BACK, BACK…NON ÇA C’EST LE PUTAIN DE X PAS…Eh puis merde. C’est fini. Ta vie est fichu, ton morale il est fichu, t’es paumée t’es…dévastée. Y a pas de mot à ça et surtout pas après en avoir perdu 1400. 1400 MOTS. Ces mots qui te viennent à l’esprit et qui selon toi sonnent professionnels et stylés ne pouvant être reproduit deux fois. Tu hésites entre jeter ton ordinateur par la fenêtre ou attendre le premier venu pour te demander quoique ce soit pour lui balancer l’ordinateur par la tronche. Au lieu de tout cela, tu fermes ton ordinateur et tu t’éloignes loin, loin, loin de cette machine avant de lui faire la peau.


Tu entres dans ta voiture essayant d’oublier cet événement
merdique de ta journée.  Breathe in, breathe out. Breathe in, breathe out. De manière civilisée, propre à ton image de directrice et de façon à prouver toute maturité, tu as trouvé la technique ou plutôt le lieu parfait pour oublier toutes tes préoccupations. L’alcool. Oui bon, de nos jours, il faut bien donner autres synonymes à notre « manière civilisée ». Un verre, puis deux, puis trois, puis vint la suite. Au final, tu ne sais plus si tu viens pour oublier ou tu viens te changer les idées en oubliant. Confondue, confondant, tu restes toutefois assise là, au bar. Tu ris pour un rien regardant bêtement ton verre que tu sirotes peu après. Entre la fatigue et l’alcool, les deux s’entendent à merveille pour faire de toi le cobaye de leurs conneries. Et toi, tu restes là, le sourire en coin, riant à tout va et restant insouciante de ce qu’il allait advenir de la suite.

sorry not sorry.

J'avais un rendez-vous professionnel avec un - peut-être - futur mannequin pour Paris Avenue. On ne s'était vu rapidement il y a quelques semaines et je n'ai pas pu regarder plus en détails son CV, ses mensurations, ses photos et etc. Enfin il est évident que je ne prends aucune décision, moi je me contente seulement de donner mon avis : il est intéressant, il ne l'est pas. Cela dit je ne me fais absolument aucun souci pour ça, si j'étais photographe et  que forcément je recrutais indirectement et de temps en temps certain mannequin, c'est que forcément mes conseils doivent être plutôt bons. Bon vous allez me dire qu'un rendez-vous dans un bar, c'est pas spécialement idéal. Mais je préfère mettre à l'aise la personne en l'éloignant de mon lieu de travail afin de boire un petit café par la même occasion. Avouez que je suis sympathique mine de rien haha. Je sais je sais arrêtez les fleurs.
Je m’assois à une table.

Ou peut-être je devrais éviter de l'être parce que ça se retournera forcément contre moi. Bah tiens. Ça fait plus de dix minutes que j'attends et toujours rien, aucun signe de présence. Je me racle la gorge, fronce les sourcils, joue avec mes pouces, puis regarde l'heure, tape du pied et j'en passe. Sachez que cette description montre un homme impatient, et de pas spécialement content. Ou plutôt, un homme qui préfère limite qu'on lui passe un appel pour prévenir. Ce que pas mal oublie ou ne font pas. T'as trouvé mieux ailleurs ? Bah tu préviens putain. Je décide donc de l'appeler en numéro privé. Voilà qu'il décroche et reconnait ma voix. C'est bien ce que je pensais : il était allé voir ailleurs. Je suis en colère. Très en colère, et je le lui fais bien comprendre à travers ma voix. Forcément, je le salue poliment avant de balancer un petit con puis raccrocher. Ca, c'était gratuit comme tu m'as planté gratuitement. Donnant donnant. Putain ce que j'avais envie de pleurer tellement j'en avais marre d'être pris pour un con. Le travail c'est important, le travail c'est professionnel, le travail c'est sérieux. On m'a déjà fait ce genre de coup à deux reprise ET JE COMMENCE SINCÈREMENT A RESSENTIR DES ENVIES DE MEURTRES ENVERS TOUT LE MONDE BORDEL DE MERDE. Je dois appeler ma mère.

Je m'installe donc devant le bar et commande un café d'un air assez dépressif bordel. La personne à côté de moi se met à rire pour rien. Wow. Ça c'est de la dépression. Pitié seigneur je ne veux pas finir comme cette femme là, je vous en supplie entendez-vous ma voix ? ENTENDS LA BORDEL FAIS MOI QUELQU'UN D'HEUREUX ET FAIS PAS PERDRE MON TEMPS TU PIGES C'EST QUOI TON PROBLEME TU NE M'AIMES PAS ALORS TUE MOI SI T'ES PAS CONT- wow est-ce que je serai en train de délirer avec une dépression étrange aussi vite et à ce point là. Non... je ne sais même pas ce qu'est une dépression. Je le suis, je ne le suis pas ? Ces fantômes vont me rendre fou, ces médicaments aussi, j'ai appris y'a pas longtemps que mon meilleur ami faisait parti d'un gang, et l'Homme va finir par me donner le coup de grâce. Putain. Je frappe ma tête contre le comptoir deux ou trois fois.

- Ahaaaa maman je veux parler à ma maman je veux faire un retour dans le passé et retrouver mes dix ans j'en ai maaaaarre de cette vie.

C'était presque si je pleurnichais. Attendez, JE PLEURNICHE ? REPRENDS TOI GEN OU EST PASSE TA VIRILITE, TA FIERTE, TON HONNEUR, TA CLASSE, TON TON KFDLJGJDKH ok je me redresse comme un cactus (wtf) et me racle la gorge, observant la femme aux cheveux blancs à mes côtés.

- Alors vous aussi c'est une sale journée ?

Il t’a tout d’abord regardé avec des yeux de mépris et de « oh putain moi j’dégage », comme un cactus prenant ses jambes à son cou (pardon je ne me souviens plus de l’expression…). Avant, tu l’aurais sûrement high kick pour ensuite l’enfoncer dans son siège et pour le reprendre et le frapper du plus fort que tu peux. Mais non. La coquine, elle t’a eue. L’alcool accroché au cou, tout devenait plus flou, plus calme, plus…mouvementé? Avec tout cela, tu vis bien plus clair cet homme qui se trouvait devant toi, qui se trouvait dans une situation pas mal similaire à la tienne. Une journée de merde. M-E-R-D-E. Ça te donnais l’envie de le gueuler à tue-tête parce que putain cette journée tu ne l’as referais pas deux fois, ni trois. Tu t’accotas sur le bord du bar et tournant ton entière personne vers lui. Étant sobre, il aurait sûrement compris dès le premier regard que tu lui aurais jeté. Maintenant, ça ressemble plutôt à une débile mentale aka attardée qui ne sait pas parlé en mode « bjr j’suis paumée mdr ». Bref. C’était loin d’être ta première bonne impression donnée de toi aux autres…vraiment loin…assez loin pour en avoir honte et bordel que tu croises les doigts au fond de ton esprit pour que personne ne film, se souvienne et etc. Donc oui, tu le regardes bêtement…trop bêtement…ok Tomoe tu baves, tu fou quoi là?! Avec une classe inouïe (sûrement les skills ninjas des Nakamura) tu ravales ta bave pour finalement en rire.

« Ouais hihi, en fait…JE…Tu crois toi, que les ventilateurs peuvent être en couple MÊME EN SE FOUTANT DE GRANDS VENTS POUHAHAHA ! » Dis-tu alors que six personnes quittent aussitôt le bar. « Le plus difficile, ça doit être les enfants….enfin en avoir surtout parce qu’ensuite ça pé pas être difficile si c’est…bref je disais quoi déjà?? »

On t’a perdue. Carrément. Te voilà entre la pensée et la réalité un truc ultra méga dangereux que seul les gens de ta race peuvent y arrivé (bizou Mushido & Hirohito). Tu prends donc ton temps…énormément de temps pour prendre de gran…TROP GRANDE RESPIRATION assez pour balayer le comptoir du bar de tous ses papiers. Puis, t’oublies. Ok tu ne sais même plus pourquoi tu voulais lui parler MAIS ça avait l’air intelligent et bien construit. Tu rejettes un vif coup d’œil à l’homme à tes côtés et…Ok. Tu baves. Essuie la bave là Tomoe. Il est mignon, non il est chaud, chaud comme toi en tout cas. Assez pour te rapprocher de lui de manière hyper subtile (ninja style) tu prends ton banc et l’avance d’un seul coup de façon à ce que tous entendent le grincement de ta chaise sur le plancher. Tu trempes ton doigt sur le rebord de ton ver…non dans ton verre et le regarde bêtement en souriant de façon…pédophile.

« Mais diis muaaa…AH SI! Dis-moi c’est quoii ton petit nuom au juste?? »

sorry not sorry.

....Pourquoi toutes les femmes que je rencontre en boîte ou dans un bar sont toutes étranges. Entre l'autre qui montait sur le bar et qu'a failli se défoncer la nuque & qui se renversait de l'eau dessus, et celle-là qui bavait et me regardait comme si c'était un légume. Non franchement c'est flippant. Les femmes sont effrayantes (il va devenir gay lolol quoi c'est pas ce que tu voulais). Voilà qu'elle se mettait à me parler de ventilateur jusqu'à en faire une blague. Je la regarde tellement intensément mais d'une manière de dire vas te faire interner sincèrement. Pauvre femme. Ok ok alors tu ne l'as jamais vu elle est invisible TU NE la calcules pas tout ira bien le monde est rose cette femme ne te fixe pas du tout non haha ce n'est pas du tout stressant mais non Gen c'est juste NORMAL. Je détourne alors légèrement la tête. Je crois que si j'apporte de l'attention à une ivre, elle voudra encore plus se faire remarquer et je n'ai pas envie d'être associé à ce genre de personne. Qu'est-ce que les autres autour de moi vont penser hein ? Ok jette un petit coup d'oeil pour voir ce qu'elle f- doux jésus elle bave.... Ça me dégoûte. Je ferme les yeux tandis que mon sourcil tiquait presque. Wow ahaha je sursaute, qu'est-ce qu'elle fait pourquoi elle se RAPPROCHE DE MOI J'AI PEUR une femme folle qui a la rage elle bave PIQUEZ LA. Elle va me parler je le sens. JE LE SENS.

« Mais diis muaaa…AH SI! Dis-moi c’est quoii ton petit nuom au juste?? »

Affronte son regard Gen aller, ALLER tu es un homme. Non franchement elle est creepy pour le coup. Je me racle la gorge, me redresse pour avoir l'air confiant et hautain à la fois. On m'apporte mon café et je remue la cuillère pour y mélanger le sucre. C'est pour ça que je n'aimais pas l'alcool. Parce que je dois sans doute être pire qu'elle. Ça vous rend complètement stupide, ridicule, tue votre classe, tu ne sais pas ce qu'on va faire de toi, tu vomis, et généralement tu le regrettes. Mais bon, je suppose qu'elle doit avoir la vie difficile. Une femme dans cet état, j'en ai rarement vu. Elle doit être alcoolique. Aller Gen, soit sympa avec, elle a sûrement besoin d'attention. Je bois un petit coup avant d'inspirer et expirer.

- Mioshin Gen, et vous ? C'est quoi qui vous a poussé dans cet état, votre famille ? ou peut-être votre travail est dur ? Vous ne devriez pas boire, ce n'est pas très classe et vous bavez de partout je... CA ME DONNE ENVIE DE DÉGUERPIR OUAIS. Je me recule en mode discret du moins j'essaie aha. ELLE ME REND NERVEUX BORDEL. Néanmoins je vous comprends, aller voir un psychologue si vous souffrez de votre situation, d'accord ? ......

...attends mais je ne sais même pas ce QU'ELLE A

« Pistolog…piscl…psych… » Ok t’abandonnes. Le mot psychologue est définitivement trop sophistiqué pour ton esprit en ce moment même. Tu demandes s’il ne voulait pas dire le thérapeute des pistolets, mais encore là, tu doutes que cela existe. La bave cesse et voilà la phase deux lorsque l’alcool s’empare de ton esprit. Les spasmes. Pas n’importe qu’elle spasme! Il s’agit de mini lapsus dans lesquels tu tombes dans la lune de façon INTENSE en créant d’étrange bruit de retardés mentaux, même encore là, ça en devient insultant pour eux tellement que…voilà. Trois heures plus tard dans les maritimes, tu captes finalement le réseau pour entendre les questions ainsi que le nom de cet homme à qui ton cœur et ton corps appartient en cette soirée étrange. Gen Mioshin. T’a envie de rire, t’a envie d’éclater de rire. Tu roules sur le sol. Premier geste, tu tombes de façon trop mélodramatique sur le sol, comme si tout était au ralentie. Deuxième geste, tu te roules comme un poisson hors de l’eau faisant tomber l’autre homme de sa chaise à tes côtés sur le sol.

« NYAHAHAHA GEN MIOSHIN COMME DES GANTS TU VOIS QU’ON UTILISE POUR…. » Lapsus. Lapsus. Lapsus. « Sinon, mé famillé ils sont buzarres un peu! J’ai un coussin un pe…HAHHA JE VOULAIS DIRE UN COUSIN MAIS J’AI DIT COUSSIN TU VOIS COM… »Lapsus. Lapsus. « Voula un cousin Drag Queen COMME DANS THE ROCK TRUC CHOSE HORROR SHOW! Et l’autre boh. Il est étrange. Il sort avec son grill-pain je crois?? EN GROS SI JE ME SOUV… » GROS LAPSUS.

Bref, abandonnes ça aussi. La pensée, la réponse, tout ce qui concerne l’interaction et même…ok déjà le stade trois. Le flirte ou plutôt LE COLLAGE INTENSIF. Tu viens tout d’abord l’aider à se relever sur sa chaise sans rien dire…well creepy? Ensuite, tu lui redonnes un autre verre que tu mets sur ta facture et…rapproche davantage ta…non même pas tu vas t’asseoir sur lui. Tu prends ton verre dans tes mains et sans aucune GENe tu te mets à ton aise.

« Dis-moi bel homme que manges-tu pour être beau comme cela? Hm? Tu viens souvent par ici? Cela serait bien dommage que ce ne soit pas le cas, sinon, on peut toujours s’arranger hein! Tu aimes bien visiter ce coin? Je peux te faire visiter si tu veux? Et si on couchait? »

Tomoe. Tu. Es. Horrible. Saoule. Tu. Non. Plus. Jamais. Quel. Honte. Tellement de honte que ta conscience, que tes paroles, que le reste de ton être souhaite divorcer de toi. L’alcool, ça-ne-te-fais-pas. ENCORE MOINS QU’HIROHI…NON OKAY MIEUX QU’HIROHITO MAIS MOINS QUE MUSHIDO (que tu n’as jamais vu saoul). Honte. Shame on you.

sorry not sorry.