White every-fucking-were.
Emmerdant...emmerdant.. tout est tellement emmerdant. Partout ou je regard, il n'y a que des merdeux bodybuildés et des salopes qui se prennent pour Amy Winehouse avec leur coupe de cheveux bird-nest et leurs proportions apocalyptiques. De temps en temps j'arrive à voir des types faiblards et lessivés, des dépressifs aussi. La seule chose à laquelle je peux penser c'est combien il aurait pu être divertissant que de faire sauter tout ce petit monde pour déverser ma frustration. Je soupirais, ravalais ma haine en déglutissant et je me laissa glisser contre le mur jusqu'à ce que mes chevilles n'abandonnent mon poids et que je me retrouve cul par terre à fusiller tout le monde du regard. Comment on avait pu se faire avoir aussi facilement? J'avais rien pu faire, peu importe comme je pouvais tenter de lancer des éclairs partout en hurlant, c'était complètement inutile... ils étaient nombreux, mes pouvoirs ne sortaient pas, je pouvais rien faire d'autre que péter la rotule de l'un d'eux, attraper son arme et commencer à tirer plus de balles que je ne saurais en compter.. et même ça c'était pitoyablement inutile : l'arme a fini par me tomber des mains parce que je tremblais trop et il n'aura pas fallu plus de quelques secondes pour qu'une douleur intense aille se loger dans ma nuque et que j'aille dormir plus tôt que prévu. Et quand je me suis réveillé.. j'étais là, avec tout ces péquenauds en blanc; avec des fringues horribles que j'ai du tailler à l'arrache au sens littéral. ça faisait combien de temps maintenant? cinq jours, six peut être? j'en avais déjà marre de compter. Tout ce que je comptait était une mauvaise nouvelle de toutes façons : combien de fois je rentre et sort de ma cellule sans but, combien de fois j'ingère cette compote noire gerbante qui pourtant arriver à me faire tenir debout; combien de fois j'ai vu des détenus se faire éclater en groupe, combien j'ai sentit des abrutis me toucher le cul ou encore combien de fois j'ai entendu les portes s'ouvrir pour laisser entrer un nouveau copain dans notre jolie maison collective où tout le monde s'amuse comme des petits fous.
Je me grattait les cheveux et je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la face de cet enfoiré.. enfin, "sa face"... plutôt le masque qu'il avait sur la tête, si seulement celle-ci était une tête humaine pour commencer. J'avais même pas la chance de pouvoir mettre un visage sur ma haine, il ne pouvait pas y avoir plus pitoyable encore comme situation. C'est pas comme si ça importait de toutes façons : j'allais maintenant devoir passer ma vie à compter les moutons - ou les détenus - et faire de mon mieux pour ne pas trop m'emmerder, même si je dois commencer à faire du traffic de bouillie noire ou quelque chose du style. Après un moment je me levais, regardait à droite et à gauche pour me faire une idée de ma prochaine destination (comme si ça allait avoir une importance) et commençait à marcher en tentant de renfoncer mes mains dans mes poches...sans succès : j'ai réalisé un peu tard que je n'avais même pas de poches de toutes façons. Tout ce que je savais sur le monde extérieur, c'était ce qu'on m'avait dit avant que j'arrive ici : ça aurait été largement trop voyant qu'une star comme moi disparaisse d'un seul coup sans laisser de traces.. et faut dire qu'on m'avait déjà prévenu dans le cas où ce genre de trucs arriverait, et l'idée venait de mon propre manager qui s'était toujours occupé de moi comme son gosse : "S'il vient à t'arriver un truc, une doublure prendra ta place afin qu'on ne perde ni nos sponsors, ni notre budget"... maintenant j'avais plus qu'à m'imaginer qu'une connasse allait se faire prendre en photo ou vivre MA belle vie à MA place pendant que je regarderais mon assiette en entrant dans une profonde réflexion, juste pour savoir de quoi peut bien être composé ce truc à l'intérieur.
J'avançais.. je ne pouvais pas réellement dire que je ne connaissait personne ici : parfois il y avait des gens que j'avais croisé une ou deux fois; d'autres fois il y avait des fans réguliers qui ne me reconnaîtraient certainement pas sans ma touffe blonde et mes fringues flashy.. parfois il y avait des gens auquel j'avais simplement entendu parler.. mais peu importe qui était en face de moi, je n'avais certainement pas envie de m'y frotter; et je n'avais pas non-plus envie qu'on n'en sache plus pour moi : c'était déjà assez compliqué de maintenir le statut féminin ici pour avoir certaines faveurs comme de la protection ou ce genre de choses... dur effort qui nécessitait de continuer à pisser assis plutôt que debout. Au moins je n'avais pas à me plaindre sur ce point là : comparé aux filles qui finissent dans des recoins vachement éloignés des cellules dans la grande place vide; je n'avais eut à endurer que quelques tentatives de drague pourries, des caresses mal-placées et seulement une seule personne qui avait voulu m'écraser la face contre une barre en métal... si j'avais pas autant de succès auprès des autres garçons, peut-être que j'aurais perdu quelques dents avant-hier.
Je soupirais, montait les escaliers et frottait une énième fois ma tête; le matelas de la cellule était aussi confortable qu'une rocher; et la couverture aussi chaude et rembourrée qu'une plaque de glace.. sans parler des douches individuelles où on avais l'impression de jouer un remake du titanic, sans Rose et sans histoire d'amour cette fois.. juste les gouttes froides qui vous font rappeler combien vous êtes fragiles. Au final tout ce qu'il me restait c'était... cet abruti pitoyable et maniaque comme moi, avec lequel j'avais pu jouer à quelques jeux marrants comme "Regarde-l'Atlantin se faire étriper" ou "Pique-Atlantin" ... le dernier jeu en date était pas mal ressemblant à un GTA, la différence étant qu'on a qu'une seule vie et qu'une fois attrapés par les flics, on sort pas de prison... même avec un Double. J'étais fatigué et les cernes étaient assez visibles sur mon visage pour qu'on puisse me confondre avec un fantôme... comme si j'en avais quelque chose à carrer dans cette situation : tant que je prenais pas 30 kilos, que des abdos n'apparaissent pas sur mon corps ou que je me mette soudainement à être poilu comme je devrais l'être; il n'y a pas de réelle raison pour que je perde la seule arme que j'ai ici : la fragilité apparente est utile, je ne pourrais pas vraiment me permettre de perdre cette immunité.
Et le voila devant mes yeux : de dos, sa tignasse aussi blanche que ces murs, ce sol, ces barres en fer, ces autres prisonniers ou ... bah, de toutes façons tout est tellement blanc ici qu'on pourrait spotter un nigérien sur trois kilomètres. Il semblait regarder en bas sans réel but.. il ne m'avait pas vu.. je me suis demandé ce qu'il projetait à fixer les gens comme une Kiryuin Satsuki dans sa jeunesse; et je me suis rapidement débarrassé de l'idée qu'il voulait fonder un mouvement tyrannique basé sur les vêtements-aux-pouvoirs-spéciaux... j'avais décidément trop d'imagination à revendre. Mais c'était la seule face un-temps-soi-peu amicale qu'il me restait outre les pervers.. il ne pouvait pas me blâmer pour qu'on se soit fait attraper; car après tout il avait été tout aussi inutile que moi à ce stade : incapable d'arrêter le temps pour stopper nos poursuivants; et moi incapable d'électrocuter quiconque s'approcherais de moi.. c'était pitoyable, ça m'énervait. Je secoua alors la tête pour me débarrasser de ces idées et joignis mes mains dans mon dos; ma main droite attrapant mon poignet alors que je marchais discrètement en sa direction.. jusqu'à arriver dans son dos. Lorsque la proximité fut favorable, je me mis à sourire et éleva mes mains jusqu'à l'enlacer par l'arrière tout doucement, posant mon menton contre son épaule.
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La douche était plutôt froide. ça t'emmerde si je reste un peu comme ça?On peut plus ou moins dire que je me foutais ouvertement de sa gueule; mais ça avait une part de vrai également : cet endroit était frigorifique et ce n'est certainement pas la couverture de la cellule qui va aider en quoi que ce soit. Remarque.. ça venait aussi certainement de moi : si je n'avais pas arraché les manches du haut pour en faire un débardeur et arraché une partie du bas pour en faire une sorte de shorts; j'aurais certainement eut moins froid... bah.. "il faut souffrir pour être belle" c'est ce que ma mère répétait tout le temps. Je m'attendais bien sûr à ce qu'il se retourne et m'en colle une ; un peu d'exercice ne ferait pas de mal.. et puis ce n'était pas comme s'il y avait une grande différence de gabarits entre nous deux : un combat d'anorexiques ça pourrait intéresser du monde en fait. Quoi qu'il en soit je me contentait de ronronner et caler ma tête confortablement tout en le serrant comme la dernière planche du radeau détruit.
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J'sent qu'on va bien se marrer ici...