On pouvait distinguer l'odeur d'une douce fleur qui fait son apparition au printemps : les fleurs de cerisier. Ah, ce doux moment où l'on prend ce plaisir à regarder cette beauté de la nature, que de découverte et de détente, n'est-ce pas ? Pourtant, ce n'était pas l'occupation de Zeroyo-san aujourd'hui. Elle avait des choses beaucoup plus importantes à faire ... Comme rendre visite à une personne qui pouvait l'aider dans son malheur. Quelques jours plus tôt, elle avait appeler cette personne en lui laissant un message sur son répondeur :
Bonjour Basho-san, ici Zeroyo Hitotsuyanagi à l'appareil. J'espère que je ne vous dérange pas. Je souhaite vous rendre visite concernant le sujet dont nous avons évoquez durant notre dernière rencontre, je tiens à vous rendre visite vers la fin de cette semaine. Je vous souhaite une agréable journée.
... Voilà le message qu'avait laissé cette jeune femme. Actuellement, elle se tenait devant la petite maisonnette de cet homme qu'elle avait rencontré il y a déjà plusieurs mois. Aujourd'hui, la jeune femme était habillée d'une robe blanche et d'une petite veste en cuir noire. Ses longs cheveux noirs flottaient dans le vent, Zeroyo n'a pas cherché à se faire belle aujourd'hui ... Elle l'était bien naturellement et puis ce n'est pas comme si elle allait voir un homme d'affaire ... Qui sait. Elle actionna la sonnette pour attirer l'attention sur l'habitant des lieux.
Elle l'avait appelé. Enfin. Sa plus grande curiosité depuis les motivations des traqueurs. Cette femme qui lui avait affirmer connaitre une amie se transformant en dragon. Il allait en obtenir. De l'ADN de dragon. Et ça irait tout droit dans sa collection, sa collection de mutations magnifiques. Il l'aiderait. Elle n'avait pas besoin de porter le poids d'un reptile mythique sur le dos. Il s'en chargerait. Seul problème, depuis trois jours, il n'osait plus toucher à sa verrerie. Depuis trois jours, un pelage bleu sombre était apparu, ses ongles avaient poussés, sa peau avait bleuie. Il ressemblait au Fauve de Marvel, avec des cheveux longs et moins musclé. Vêtu d'un kimono noir, ses vêtements étant trop petits pour lui désormais, il attendait dans son hall d'entrée l'arrivée de cette femme. De la femme. Lorsqu'elle sonna, il sursauta, bondissant hors de la chaise en osier qui se brisa. Encore un meuble qu'il cassait. Il avait commencé à travailler sur cette nouvelle mutation, convaincu qu'il pourrait s'en soigner d'ici quelques jours. Ce n'était pas un produit comme le sien qui l'avait contaminé, la formule était plutôt aisée - pour lui en tout cas - à inverser. Doucement. Voilà. A bout de griffes, il saisit la poignée, ouvrant la porte sur Zeroyo, sa face bleue poilue souriante, dévoilant de longs crocs.
- Hitotsuyanagi-dono ! Je vous attendais. Vous excuserez mon apparence... changée, mais j'ai été exposé à des vapeurs sorties des égouts, et il se trouve que mon corps s'est un peu animalisé. Enfin, ce n'est pas ce qui vous amène. Non. N'y allons pas par quatre chemins. Montrez-le moi. Nous irons boire un thé après si cela vous convient.
Il faisait bon, il faisait chaud, la jeune femme portait des lunettes de soleil. Mais ce n'était pas la seule raison d'en porter ... Non. Il y avait comme un problème. En se réveillant ce matin, la jeune femme est tout bonnement devenue aveugle. Ce fut la panique c'est sûr ... Puis le calme, et enfin la solution et c'était Aoguro. Elle était ici pour son pouvoir mais aussi pour ce problème fortement gênant. Zeroyo ne pouvait se fier qu'aux bruits qu'elle pouvait entendre et là, c'était une porte qui s'ouvrait et la voix d'un homme qu'elle reconnaissait tout de suite. Et à l'écouter, on dirait bien que Basho avait un problème ... Un aspect animal ? Comment ça ? Zeroyo ne pouvait strictement rien dire, elle ne réagissait même pas en regardant vers cet homme sans forcément le voir.
« Pardonnez moi mais ... J'ai besoin d'être guidée. Accompagnez moi vers votre salle de séjour si cela ne vous déplaît pas. J'ai ... perdu la vue ce matin. Je ne sais pas si vous pouvez me venir en aide mais ... Je l'espère. »
Comment était-elle arrivée jusqu'ici alors ? Oh, rien de bien compliquer, cette femme avait des bonnes à tout faire et l'une d'entre elles s'était proposée pour accompagner Zeroyo jusqu'ici.
« Et je vous montrerai ce fameux pouvoir. »
Via son proche ? Via une photo ? Une vidéo ? Ou tout simplement via la jeune femme ?
Ses lunettes de soleil, sa requête un peu atypique. Aucun doute, elle était frappée de cécité. Lui prenant délicatement la main - sa paume était rêche et ses griffes la frolèrent -, il l'invita à passer dans le vestibule, la débarrassa de sa veste, qu'il accrocha dans un placard, avant de la mener vers son salon. Une porte vitrée donnait sur le jardin qui était masqué par la maison d'aspect pavillonnaire, une table étant posée à l'extérieur avec trois chaises. Impossible de rester à l'intérieur, Aoguro avait converti l'intégralité du rez-de-chaussée en laboratoire, des tuyaux jonchaient le sol, des machines métalliques grognaient contre les murs et des fioles diverses et variées étaient posées dans des bacs sur les tables et plans de travail. Il guida de son mieux la femme à travers ce chantier, pour la faire ressortir, lui indiquant de prendre place sur une chaise. Il la laissa un instant avant d'aller chercher sa bouilloire, et deux tasses de thé vert.
- Je pense que vous n'avez rien contre un thé traditionnel ? Tenez, prenez, attention c'est chaud. A propos de votre cécité, quand est-ce arrivé ? Si c'est dû à ces vapeurs récentes, vous serez heureuse de savoir que je finalise en ce moment un antidote. A voir si cela fonctionne sur vous également, puisque j'ai utilisé mon ADN pour en établir la formule.
Avalant doucement son thé, Aoguro se permit de retirer les lunettes de la femme, pour voir ces yeux qui ne voyaient plus. Blanc laiteux, comme ceux des aveugles. Espérons que ça fonctionnerait.
La jeune asiatique souriait faiblement en entendant la réponse de Basho. Posant sa main sur celle du jeune homme, Zeroyo eut un léger sursaut, puis un petit fou rire avant de se laisser guider par la même personne qui avait ... changé.
« Oh ... D'accord. Je comprend mieux ce "corps animalisé". »
Ils n'allaient pas rester à l'intérieur, il faisait vraiment beau alors autant profiter du temps. Cependant, l'odeur de ces lieux n'étaient pas rassurant pour la jeune femme. Cela lui rappelait les laboratoires scientifiques de son père. Ah, une mauvaise période comme on peut dire. Après être arrivée à destination sans s'être cassée la figure, la jeune femme s'installait tranquillement sur une chaise en prenant soin de ne pas faire de gourde en l'absence de sa vue. Basho lui proposait du thé, un sourire radieux s'étirait sur ses lèvres alors qu'elle bougeait sa tête en direction de la voix.
« Je ne peux qu'aimer ça. »
Maintenant, la partie la plus drôle allait commencer maintenant. Zeroyo posait ses mains sur ses genoux, se tenant droite comme une dame bien élevée. Basho ne se gênait pas pour retirer ses lunettes. Elle ne voyait toujours rien.
« C'est arrivé ce matin vers 6h. Je pensais qu'il faisait encore noir à cette heure là mais non ... Mes paupières étaient belles et bien ouvertes et je ne voyais strictement rien. Blanc ? Noir ? Un peu de ça. Je me suis blessée plusieurs fois ce matin à cause de ce problème. Au début j'ai pensé avoir été touchée par ce gaz qui s'est répandu il y a déjà des années mais c'est impossible. »
Un soupir las s'échappait de ses petite lèvres alors qu'elle croisait les bras et fermait les yeux.
« J'espère que cela sera temporaire. Peut-être qu'un mutant m'a retiré la vue, peut-être que c'est une maladie ... Tout est possible et cela m'inquiète énormément. »
Il avait fini son thé, écoutant l'histoire de Zeroyo. Cette dame vivait loin de la foule, et il doutait que le matin à six heures elle ait été en pleine ville, entourée de mutants. A sa connaissance, un seul mutant aurait eu la capacité de lui ôter sa vue aussi loin, puisque le domaine de cette femme n'était pas libre d'accès. Et ce matin, à 6 heures, il était en train de travailler dans le salon à concevoir un antidote à sa poussée de poils. La probabilité qu'un mutant ait un don similaire au sien, et aussi développé, était infime. En lui-même il barrait l'hypothèse du mutant. Une mutation due au gaz de l'HPR ? Impossible également. Le mutagène était là pour améliorer les vivants. Pas pour les aveugler. A moins qu'elle n'ait gagné des capacités spéciales. Enfin, quoi qu'il en fut, il allait devoir l'assister, et c'était l'occasion pour lui d'acquérir un nouveau sujet d'expérimentation. Doucement, il posa sa main sur les yeux de la jeune femme.
- Ne bougez pas s'il vous plait.
Se concentrant, il relâcha son pouvoir sur elle, dans le but de continuer l'expérimentation sur le troisième effet qu'il avait découvert il y avait peu, la capacité de rendre leurs sens à autrui. Lorsqu'il retira sa main, il sourit avec ses crocs à Zeroyo, dont les yeux avaient retrouvé leur couleur habituelle.
- Bien, à priori vous devriez conserver votre vue définitivement, j'ai volé votre cécité avec mon pouvoir. Alors, venons-en à la raison de votre venue. Où est votre amie qui devient un dragon ?
Voilà qu'une main se posait sur les paupières de la jeune femme. Zeroyo restait parfaitement calme, elle n'avait rien à craindre. Elle sentait juste une force drainer quelque chose .. A savoir quoi, elle n'en avait aucune idée. Quelques secondes après l'intervention, la jeune femme ouvrait les yeux et fut ébloui par la lumière du soleil. Aie, elle fronçait des sourcils avant de plisser ses yeux pour pouvoir fixer son sauveur. Ah. ... Zeroyo se retenait de rire alors elle se contentait de sourire. Un sourire grand, large.
« Merci beaucoup. Vous concernant ... Je ne m'attendais pas du tout à vous voir comme ça ... Une expérience aurait-elle mal tournée ? »
Où bien est-ce que cela avait un lien avec la perte de la vue de la jeune femme ? C'est fort possible mais tout est possible. La jeune japonais prenait sa tasse avant de la porter à ses lèvres, buvant le contenue lentement. Un petit soupir s'échappait de ses lèvres tandis qu'elle reprenait son sérieux.
« La personne se trouve juste devant vous. »
Zeroyo continuait de boire sa tasse doucement. Elle ne disait plus rien d'autre, attendant plutôt que ses yeux s'habituent à son nouvel environnement ... Passer d'une vue sombre à une vue totalement lumineuse ... Ça faisait mal à la rétine, et pas qu'un petit peu.
Les joues d'Aoguro s'empourprèrent lorsque Zeroyo sourit largement au recouvrement de sa vue, à la vue de son visage. Il savait bien pourquoi elle riait. Elle était humaine après tout. Enfin, il n'allait pas se formaliser parce qu'elle s'amusait de sa mauvaise fortune. Il se resservit un peu de thé, puis bu, avant de manquer de s'étrangler, brisant sa tasse dans la surprise. Le dragon, c'était elle ? Oh lord, il lui fallait son ADN.
- Vous. Vous pouvez vous transformer en dragon ? Bien, bien. Alors, sans plus tarder, s'il vous plait, procédez. Je vais juste me permettre de prélever un de vos cheveux avant cela.
S'exécutant, il tendit la main vers son oreille, attrapant entre deux griffes un cheveu, puis le tranchant. Il se leva, pour aller poser le cheveux dans une petite boite en verre circulaire. Retournant à sa place, il invita la femme à lui faire la démonstration de son pouvoir
Un choque ? A en voir la réaction de cet homme, oui. Zeroyo ne disait rien lorsqu'il prenait un de ses cheveux pour l'analyser. Ensuite, il attendait la transformation de la jeune femme.
« Plus facile à dire qu'à faire. »
Maintenant, elle n'avait plus rien à cacher. Elle sortait de sa poche une boîte de cigarette, malheureusement elle n'avait pas eu le temps de prendre son fkjhreidezf donc elle allait faire sans. Doucement, elle allumait la cigarette en soufflant une petite flamme rouge de ses lèvres, puis elle venait à aspirer cette fumée si nocive pour la santé ... Mais peut-être pas pour Zeroyo.
« Je ne maîtrise pas du tout ce pouvoir. Mes transformations sont purement aléatoire et je n'ai aucune idée de comment faire pour me transformer si j'en ai envie. »
La jeune femme regardait autour d'elle tout en étant plongée dans ses pensées. Dans quelle situation se trouvait-elle lorsqu'elle se transformait en dragon, mh ? Quelques minutes de silence passaient ... Puis Zeroyo clignait des yeux plusieurs fois avant de reposer son regard interrogateur sur Basho-san.
Hm. Elle ne contrôlait absolument pas son pouvoir. Il y a de cela six ans, Aoguro lui aurait simplement administré un stimulateur de pouvoir pour observer, mais il n'avait plus accès à ces composés ici. Et il n'avait jamais pensé à en refaire, puisqu'il n'expérimentait usuellement que rarement sur des mutants dont le pouvoir nécessitait d'être actif lors de l'expérimentation.
- C'est bien fâcheux que vous en soyez incapable.
Il agita sa main velue, un grognement bestial se faisant entendre tandis qu'il éventait la fumée qui sortait de la cigarette. Il n'aimait vraiment pas ça, le tabac. Oh, en effet, un couteau. S'il comprenait bien, Zeroyo entendait stimuler son dos en se mettant en danger. Il était exclu qu'il la menace d'un couteau cependant.
- Je vais vous chercher ça.
Rapidement, Aoguro se leva, se hâtant vers son séjour, d'où il ramena bientôt un couteau de cuisine qui servait à piler des médicaments, qu'il tendit à la femme.
- Faites votre affaire avec cet ustensile, je me chargerai de vous soigner si ça venait à ne pas fonctionner.
Avec une grande inspiration, elle aspirait la fumée qui se trouvait autour d'eux. Quelques secondes après, elle avalait cette fumée qu'elle avait à peine expirée il n'y a même pas vingt secondes. Ça ne la gênait pas ... C'était un dragon, son organisme survivait face à ça. Basho lui apportait ce qu'elle réclamait, elle prenait l'arme en main, regardant la lame avec étonnement. Et bien ... De ce qu'elle savait, si elle venait à faire cette chose, peut-être qu'elle pouvait trouver sa forme d'animal mythique ? Prenant une grande inspiration, elle se blessa la paume de sa main en la coupant avec la lame aiguisée du couteau. Zeroyo ne pouvait retenir un gémissement assez plaintif. Ça faisait horriblement mal ... Mais rien ne venait au bout d'une minute. Rien.
« Je ... Je ne compr- ... »
Sauf que quelques secondes après, des écailles apparaissaient sur son visage ... Puis sur toute sa peau et lentement ... Elle prenait transformation. Lâchant le couteau ensanglanté de ses mains, elle laissait la transformation faire son boulot mais la jeune femme criait. Faire ce genre de chose lui faisait horriblement mal.
Et la voilà. Au bout de quelques longues minutes, elle s'était transformée en un dragon de ... Même pas un mètre. Oui. C'était un long petit reptile semblable aux serpents, cependant ses écailles étaient d'une couleur bleue argentée, elle avait 2 pattes avants et 2 pattes arrières. Sa ressemblance était proche d'un dragon oriental. Doucement, l'animal regardait à droite et à gauche, commençant à éternuer du feu sans pouvoir s'arrêter. Ola, qu'est-ce qui se passait ?
Aoguro la regarda faire avec un certain dégoût. Se forcer à saigner pour forcer son pouvoir. C'était se mettre en danger pour activer son pouvoir. La même chose qui était arrivée à Aoguro lors de l'explosion, et qui avait ôté toute chance de survie à chaque personne dans cette tour de malheur. Et rien que s'en rappeler lui faisait mal. D'autant plus que rien ne se passait vraiment. Zeroyo se contentait de gémir, parce que ça devait affreusement faire mal. Soupirant, Aoguro reprit une gorgée de thé, avant de se lever, pour aller chercher des bandages. Lorsqu'il fut debout, cependant, des écailles apparurent sur la femme, figeant Aoguro. Il resta muet, d'admiration, devant la transformation. Ca devait être atrocement douloureux. Il la plaignait. Et le résultat fut un peu décevant. Il s'attendait à un monumental dragon oriental, sur un nuage contrôlant la pluie. La discussion sur le Namazu l'avait fait rêver de légendes. Enfin, il avait tout de même un dragon devant lui. La créature avait l'air perdue, et regardait avec insistance autour d'elle. Doucement, sans quitter les flammèches des yeux, Aoguro se baissa, ramassant la robe blanche et les sous-vêtements qui étaient au sol, pour les poser sur sa chaise. Pas la peine que ça traine. Puis il se releva, fixant de son regard abyssal les yeux de la bête. Il avança doucement une main vers elle.
Il fallut quelques minutes à Zeroyo pour remettre ses idées en place. Il fallait juste se calmer, elle s'était tout simplement changée en dragon, non ? Basho lui demandait si elle était conscience, le reptile posait son regard doré sur celui de l'humain tout poilu avant de baisser son regard.
« Je ... Je pense. »
Disait-elle d'une voix treblante. Elle était au sol, le monde paraissait énorme vu d'ici. Elle fixait le jeune homme avant de monter sur la chaise comme un lézard.
« C'est bizarre ... Je me sens beaucoup plus grande que la dernière fois. »
Disait-elle en regardant ses petites griffes, aussi tranchante qu'un couteau de bébé. Elle regardait son corps, elle n'aimait pas ça. Elle préférait sa forme humaine. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur elle ce pouvoir, hein ? Pourquoi ? Elle voulait juste avoir une vie normale ... Impossible.
« Dès que je me blesse ... Je me transforme automatiquement. Cette situation m'insupporte. En quoi est-ce bien de se transformer en une telle créature ? »
Le dragon était conscient. Tant mieux, sa maison ne brûlerait pas. Il n'aurait pas aimé perdre son laboratoire. Cependant, avoir une conversation avec un dragon, c'était assez inhabituel. Inhabituel, spécial, mais amusant.
- La moindre blessure vous transforme ? Je note. Et je comprends bien votre désarroi face à cette mutation. Vous n'avez aucun moyen de redevenir humaine ? Enfin, je vous demanderai de vous tenir tranquille, je vais devoir vous arracher une écaille.
Il se leva, alla prendre une pince dans le salon, avant de s'approcher doucement du dragon.
- Ca risque de faire mal. Evitez s'il vous plait de me brûler ma maison, j'ai besoin du matériel dans ces pièces pour vous soigner. Je le ferai. Maintenant, allons-y.
Il pinça une écaille, avant de l'arracher sèchement. L'objet qu'il avait désormais alla également dans un petit récipient en verre.
Cet homme avait l'air émerveillé, c'était à la fois effrayant et tout à fait normal. Qui n'a jamais rêvé de voir un dragon en vrai ? Pas Zeroyo en tout cas. Mais les expériences n'allaient pas s'arrêter là, Basho voulait absolument une écaille de la jeune dragonne ... Soit, elle n'était pas contre mais elle allait devoir souffrir une deuxième fois. Décidément, elle ne passait pas une bonne journée.
Un cri aigu résonnait dans les lieux. Zeroyo souffrait, elle en avait marre de souffrir mais bon ... Si elle veut être guérie, il va bien falloir faire quelque chose pour arranger son problème. Elle s'écroulait sur sa petite chaise tandis qu'elle reprenait sa respiration.
« Me re-transformer ? Ça dépend. Ca peut prendre du temps comme être très rapide, je n'en ai aucune idée. Pour tout vous dire, j'ai découvert l'existence de ce pouvoir que depuis sept mois. »
Elle n'avait aucune idée de comment se retransformer ? Fichtre, sa mutation avait vraiment l'air incapacitante. Aoguro se leva, invitant la bête à le suivre, pour rentrer dans la maison. Il déposé les coupelles cristallines contenant le cheveu et l'écaille dans des ouvertures adaptées, à l'intérieur d'une machine. Une gigantesque colonne métallique, froide au toucher, allant du plafond au sol, et semblant s'enfoncer au delà du carrelage de la salle. Un écran et un clavier étaient à côté, reliés à cet artefact étrange. Aoguro tapa quelques commandes sur le clavier, et la machine, qui ronronnait jusqu'alors doucement, se mit à vrombir sans crier gare, commençant à analyser les échantillons, à les stocker, à les reproduire.
- Ma chère, d'ici cinq minutes, j'aurai votre ADN, et je pourrai commencer à travailler dessus. Vous devriez pouvoir prendre congé, cependant, dans votre forme actuelle, je doute qu'il soit prudent pour vous de quitter ma demeure. Si cet état venait à persister, je vous laisserai volontiers ma chambre à l'étage, puisque je n'ai pas l'intention de l'utiliser avant d'avoir un peu avancé avec votre problème. Maintenant, racontez-moi, que faisiez-vous lorsque vous avez été exposée aux vapeurs mutagènes, libérée il y a cinq ans ?
Zeroyo le suivait rapidement, sa taille lui permettait d'exercer une marche très rapide et cela ne la fatiguait pas plus que ça. Alors qu'il commençait à travailler sur l'adn de la jeune femme, Zeroyo regardait autour d'elle. Un vrai bazar .... Mais moins que chez la jeune femme, c'est sûr. Voilà que Basho la questionnait sur ce qu'elle faisait il y a cinq ans, le jour de l'attentat, le jour de la décadence.
« J'étais en voyage à l'étranger. A Paris plus exactement. »
Elle se souvenait qu'à ce fameux décembre, elle devait effectuer un défilé de mode d'une grande marque française. Qui pouvait refuser cette offre ? Pas Zeroyo en tout cas. Montant sur une table non loin d'elle, elle continuait son petit discours comme si de rien n'était.
« Je suis revenue un mois après le drame, je n'avais pas mis un pied à Tokyo, la situation était beaucoup trop dangereuse pour moi ... Mais on dirait bien que je n'ai pas échappé à cette malédiction. Si j'en crois mon évolution ... Plus je me transformerai et plus ma forme grandira. »
Installée sur une petite table, Zeroyo contemplait ses petites griffes qui n'apportaient aucun danger à autrui. Ah, si elle pouvait revenir à sa forme humaine, ça l'arrangerait.
Zeroyo n'avait pas assisté à l'explosion. Tant mieux, c'était vraiment un triste spectacle que ce bâtiment en feu, dont la fumée couvrait le ciel. Ao s'en rappelait, il voyait la ville entière en rouge et orange à travers les flammes. Qu'elle ait été à l'étranger valait mieux pour une femme de son rang. Aoguro jeta un oeil à son écran. La transcription en était à 34%. D'ici quelques minutes, il serait en mesure de voir quels gènes avaient muté, et de travailler à la fabrication d'un produit annulant ces mutations temporairement. Sa mutation était évolutive ? Aoguro était passionné. Les possibilités infinies que semblait offrir ce produit. Pourquoi. Pourquoi cette explosion. Avec le produit fini et sous contrôle, l'humanité aurait pu bondir dans l'évolution, elle aurait pu conquérir toute sa planète, elle aurait pu coloniser son système solaire. Mais non, il avait fallu que le laboratoire explose. Qu'un produit fini mais expérimental soit répandu dans Tokyo, faisant de chaque habitant un cobaye. Aoguro soupira. Il s'en voulait, il s'en voulait tellement.
- Je vous proposerais bien encore un peu de thé pour attendre, mais je ne sais pas si votre forme vous permet de boire. Oh, quoi que je dois avoir une paille quelque part.
Le chercheur se leva, alla récupérer dehors les deux tasses, les rempli de thé, déposant une paille dans celle de la femme-reptile. Il recommença à boire doucement, regardant le dragon puis l'écran tour à tour.
Cet homme était bien gentil. Poilu mais gentil. Il apportait une paille à la jeune dragonne alors qu'elle n'avait même pas répondu à sa remarque. Elle n'avait pas soif du tout, bizarrement ... C'était plutôt quelque chose de très chaud qu'elle avait envie de manger. La soif ? C'est comme si son corps actuel ne connaissait pas ça. Elle hochait sa tête.
« Ca ira ça ir-. »
Pof. Une fumée blanche venait de faire son apparition. Cela donnait un effet "disparition ninja" sauf que personne n'avait disparu à ce moment là. Quoi que si ... Le petit dragon avant disparu, faisant place à la jeune femme belle et bien humaine, aux formes féminines et à la peau blanche lisse. En parlant de peau, elle était nue comme Eve, installée sur la petite table où elle avait pris place il y a quelques minutes.
« ... Mes vêtements, où sont mes vêtements ? »
Elle cachait tant bien que de mal ses parties intimes, parce que quand même ... Se retrouver dans un tel état devant Basho, c'était ... Honteux. Sur son visage blanc comme la neige se trouvait de petites traces rouges, des joues rouges, l'intimidation, la gêne tout simplement.
Le thé passa de travers, Aoguro manquant de s'étrangler tandis que la fumée blanche se dissipait rapidement, laissant apparaitre la femme qu'il aidait aujourd'hui, nue cette fois, complètement exposée. Son visage vira du bleu au violet, tandis qu'il détournait rapidement le regarde, avant de se précipiter dehors, là où il avait plié les affaires de la demoiselle. La robe et les sous-vêtements récupérés, il rentra à reculons dans la salle où l'attendait Zeroyo, avant de lui tendre, se basant sur son pouvoir pour la localiser sans la voir, ses effets personnels.
- Je suis vraiment confus, rhabillez-vous je vous en prie.
Soudain, un bip? Oubliant la femme qui se changeait devant l'ordinateur, il se précipita devant celui-ci, ignorant royalement le corps blanc en mouvement tandis qu'il enfilait sous-vêtements et robe, se concentrant sur ce que lui indiquait l'ordinateur.
- C'est merveilleux Hitotsuyanagi-dono, je vais pouvoir commencer dès maintenant à travailler sur un sérum pour vous soigner !
Il leva la tête, cherchant à sourire à la femme, pour se retrouver face à une poitrine encore nue. Le sourire se figea, tandis que sa face bleue devenait violette, et qu'il baissait à nouveau les yeux vers son moniteur.
Décidément, ce n'était pas le jour de Zeroyo. Elle qui ne croyait pas à l'horoscope, ça n'avait pas loupé pour aujourd'hui. "Mauvaise journée pour vous, dommage!". Un soupir désespéré s'échappait de ses lèvres tandis qu'Aoguro lui donnait ses vêtements sans porter son regard sur la jeune femme. Sauf qu'un bruit attirait l'attention du jeune homme. Et là ? Il n'avait pas hésité à se retourner pour se diriger vers son ordinateur, et Zeroyo se trouvait encore nue face à lui. Elle se retenait de le baffer mais à la place, elle continuait à cacher son corps. Mais ça ne durait pas longtemps, la joie que se faisait Aoguro dépassait toutes les limites. Il se retournait une seconde fois, le sourire aux lèvres pour lui annoncer la bonne nouvelle. Mais Zeroyo était encore nue, rougissant de gêne.
« ... »
L'asiatique sortait silencieusement de la salle pour se retrouver dans un quelconque couloir. Sans fouiller, sans s'éloigner de plus, elle commençait à se rhabiller, ses joues étaient toujours aussi rouges que la camélia. Elle revenait quelques minutes après, sans sourire ni rien sur ses lèvres qui pouvaient la ravir.
« Vraiment ? Je suis rassurée. »
Elle s'installait sur une chaise non loin d'elle, son corps tremblait encore de l'expérience vécue il n'y a même pas quelques minutes. Le corps nu, devant un homme, c'était ... impossible. Zeroyo remettait correctement sa robe et ses cheveux avant de porter son regard sur l'homme toujours aussi poilu .. Mais elle l'esquivait en quelques secondes à peine. Comment regarder un homme en face, comment ? Alors ses yeux se posèrent sur le jardin et sa verdure.
« ... Est-ce que les traqueurs existent vraiment ? »
Ce groupe l'inquiétait énormément, même si rien ne paraissait sur son visage jusqu'à maintenant.
Gêné. Horriblement. Gêné. Comment avait-il pu omettre la possibilité que la transformation inverse ne lui rende pas une tenue. On n'était pas dans un anime, il n'y avait pas de filtre censurant les images. Ce qu'il avait vu, il l'avait vu, sa mémoire l'avait gravé. Maintenant, il ne fallait plus y penser, et continuer à converser avec la femme dont il avait entrevue un nouveau pan, si on pouvait appeler ça comme ça. Tandis qu'elle s'éclipsa pour passer ses vêtements, il fit de son mieux pour chasser de son esprit toutes les images que la vue imprenable lui avait offertes, sans succès. A son retour, il ne devait son salut qu'à sa peau bleue, qui masquait si bien sa peau rougissante. Zeroyo, qu'il évitait de regarder de peur que son esprit ne cherche à voir sous la robe, lui posa une question qui coupait court avec tout ce moment gênant. Les traqueurs hein ?
- Et bien, Hitotssuyanagi-dono, je dois avouer que les rumeurs sont troublantes. MAis à priori, ils en veulent uniquement aux mutants qui violent la loi non ? Alors vous comme moi n'avons rien à craindre, je crois. Après...
Il fut coupé dans sa phrase par une sonnerie stridente, un bip qui se répétait. Sa décoction était prête. Il se déplaça donc derrière Zeroyo, pour récupérer dans un appareil une fiole de 100 mL, pleine d'un liquide transparent. Il vida d'une traite le récipient. Avant de tousser fortement, une toux qui ressemblait plus à des rugissements. Puis il tomba à genoux, avant de s'étaler sur le côté, et de perdre connaissance. Ses poils se rétractaient, sa peau redevenait blanche. Le retour de l'homme.
Zeroyo ne savait pas si elle devait être rassurée ou être encore plus inquiète. Les traqueurs existaient, sinon il n'y aurait pas eu cette guerre opposant les deux premiers gangs de la capitale. Sébastien de Nivral est un traqueur ... Eldorado a su le prouver grâce à ses informations de qualité, maintenant, toute la population est au courant. Faut-il fuir ou rester ? Que l'on soit un mutant inoffensive ou agressif ... Nous sommes des mutants. Un autre bip-bip retentissait dans la salle, mais Zeroyo n'y prêtait pas vraiment attention.
« Je doute fort. Je reste un dragon, un dragon qui grandit de jour en jour. Si je me transforme, je peux perdre le contrôle et tuer des innocents ... Alors à quoi bon, les traqueurs restent une menace pour no-. »
Et là, c'est le bruit sourd d'une chute qui coupait net la jeune femme. Zeroyo se retournait pour voir Aoguro, écroulé au sol.
« Basho-san ... ? Basho-san ! »
Panique, que venait-il de boire ? Serait-ce une potion qu'il aurait lui-même concocter pour redevenir humain ? C'est sûrement ça ... Mais cela ne mettait pas sa vie en danger ? Il venait de s'évanouir soudainement, ce n'est pas nocif pour son corps ? Tant de questions posées, mais ce n'était pas le moment de chercher les réponses. Zeroyo tentait de porter l'homme mais ... Il pèse, la jeune femme devait le traîner jusqu'au canapé non loin d'eux. Elle tentait de bien l'installer avant de lâcher un long soupir et de regarder autour d'elle.
« Qu'est-ce que vous me faites faire ... »
Il a l'air d'être vivant, c'est déjà ça. Si il pouvait se réveiller, ça serait juste génial. Elle regardait le jeune homme étalé et restait à ses côtés. En aucun cas elle allait fouiller chez lui pour trouver la moindre chose qui pouvait l'aider à se réveiller. Sa maison est un vrai fourre-tout scientifique. Alors Zeroyo se contentait d'attendre, elle faisait des allers et des retours dans la maison et dans le jardin.
Le temps passe, Zeroyo restait dans le jardin, à regarder le ciel clair, l'air perplexe. Les traqueurs, mh ?
Il fallait espérer que la décoction marche. Non, elle devait marcher. Après tout, c'était lui qui l'avait conçue. Si celui capable de faire muter une ville entière était incapable de se soigner d'une simple altération physique, il ne pouvait pas prétendre sauver tous les mutants et les soigner. Le gaz qu'Aoguro avait respiré, qui avait changé son apparence, semblait avoir changé plus que ça. Si conscient, il n'avait pas noté de changement à son comportement, son organisme, bras comme gorge, avait tenté de repousser le liquide, et une fois ingéré, s'était effondré. En lui, il la sentait. La bête dont il avait emprunté la peau, qui dormait. On essayait de la déloger. Il essayait de la déloger, de la renvoyer au Néant. Et elle allait se battre pour rester là où elle était. Le visage du scientifique se crispait, pour se détendre, avant de se plier de douleur à nouveau. La bataille faisait rage dans l'esprit, entre l'animal et le liquide salvateur. Cependant, le changement de couleur de peau ne laissait pas de doute sur l'identité du vainqueur annoncé. Le monstre faisait son baroud d'honneur. Il ne sentit pas qu'on le trainait, et se réveilla bientôt sur un canapé, chz lui, humain à nouveau.
- Je. C'est vous qui m'avez traîné ? Pardonnez-moi, vous auriez du me laisser en place. Enfin au moins j'ai retrouvé ma couleur naturelle. De quoi parlions-nous ?
L'homme se réveillait au bout d'un long moment. Tant mieux, au moins il n'était pas en train de mourir. Zeroyo s'approchait de lui et s'installait sur une chaise juste à côté. Décidément, elle était en train de vivre une drôle de journée. Pas une journée glauque comme elle avait tendance à vivre mais là ... C'était à la fois amusant, surprenant, gênant et drôle.
« De quoi ... Des traqueurs, je pense. »
Mais Zeroyo n'avait plus envie d'en parler. Ça la gênait et elle n'avait pas envie de se répéter. Ce groupe était une grosse menace pour la vie des mutants ... Et pour sa vie. Elle ne voulait pas se confronter à eux. Si quelqu'un savait qu'elle pouvait se transformer en dragon ... Malheur.
« Dites moi, est-ce que vous êtes disponible la semaine prochaine ? »
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