15h05
La porte s'ouvrit dans un grand fracas quand une femme déchaînée fit son apparition
«
Ryuko Satomi ! Il faut qu'on parle !! »
Et voilà c'est reparti. Ne daignant pas même baisser le son du téléviseur la jeune fille gardait les yeux fixés sur l'écran tandis que la silhouette bruyante vint se poster droit devant éteignant au passage l'appareil.
«
J'aurais dû fermer cette foutue porte... »
«
En tant que tutrice légale j'ai le double des clefs je te rappelle. »
«
Ah c'est vrai, celle que je t'ai filée le mois dernier... Quelle hangar ouvre-t-elle déjà ? »
Posant pour la première fois un regard railleur sur les traits décomposés par la haine du ravissant visage de sa mère, elle se leva finalement du canapé pressentant déjà ce qui allait suivre.
«
Sais tu quelle heure il est ?! Plus de quinze heures et encore entrain de traîner devant tes dessins animés en pyjama ! Je me demande si t'étais pas mieux du temps où t'étais incarcérée, moi je... »
Un autre individu entra timidement en frappant à la porte déjà grande ouverte et la jeune fille sauta dans les bras de l'homme qui semblait troublé par l'animosité qui régnait dans la pièce .
«
Ca fait longtemps papa, mais tu sais t'aurais pas dû la ramener avec toi. »
Se doutant bien qu'il n'avait pas eu le choix, devant le visage tourmenté de son père elle soupira, elle préférait écarter le sujet et se rasseyait sur le sofa alors que sa mère fouillait dans les tiroirs avant d'en tirer une belle liasse de billets un air victorieux irradiant tout son visage. Puis comme prise d'un élan d'orgueil la femme ajouta d'une voix dure
«
Je te prends ça, tu me le dois bien... »
«
Et...Au revoir ma chérie je t'aime. »
Fit mine de compléter Ryuko alors qu'elle entendit des pas furieux sortir et la porte claquer avec une violence inouïe. Enfin, d'autre pas plus lents et la voix masculine salua avant de la laisser à son tour.
S'emparant de la télécommande la jeune fille voulu remettre son émission mais c'est devant le générique qu'elle tomba dans un sommeil profond.
01H47
Quand elle se retourna dans l’obscurité une lueur apparu devant ses prunelles ensommeillées. Une impression de déjà vu. Mais qu'est-ce que c'était ? L'instant d'après le décors avait changé.
Un carrelage fissuré, deux sièges occupés un homme et une femme qui discutaient.
La fillette de douze ans contempla la scène curieuse de voir un homme inconnu accompagner sa mère dans la pièce familiale . D'ailleurs où était son père ? Surement encore entrain de bosser il n'était que vingt-deux heures après tout... Camouflée derrière le plan de travail elle regretta d'être descendue en cachette se chercher dans la cuisine des friandises pour la nuit.
Tirée de ses réflexion par quelque chose de soudain et terrifiant, la petite aperçu dans la réflexion de la fenêtre en face d'elle une énorme boule de feu... Provenant de la main de l'inconnu. Un monstre ! Il y avait un démon dans sa cuisine !
- - - - -
Un cri strident retentit dans la petite pièce de nature si conviviale d'habitude. Sa mère se mit à la secouer avec violence tandis que Ryuko contemplait le corps de l'homme pris de spasme dont le sang coulait déjà abondemment sur le carrelage.
«
Qu'as-tu fait Ryuko ?! Seigneur mais qu'as-tu fais ?! »
La gamine contempla le monstre puis sa mère la voix tremblante avant de lâcher le couteau, le tintement métallique fu étouffé par la flaque de sang.
«
Mais maman... Je t'ai sauvée ! Le m... Le monstre allait te brûler et te dévorer toute crue ! »
«
Tu n'es qu'une ignorante, une peste , une imbécile...Il ne faisait que me montrer... »
La femme abattue tomba sur le sol pleurant ce qui s'avérait autrefois être son amant.
Être un mutant.
2H04
Les pleurs avaient cessés, pourtant le vacarme retentissait sans discontinuer.
Le cœur battant Ryuko entendit la sirène qui annonçait le couvre feu puis quelques minutes plus tard elle avait rejoint la cellule qu'on lui avait attribuée dans cette prison pour mineurs dans laquelles on l'avait envoyée. Un frisson la parcouru. Depuis combien de temps elle était enfermée dans ce trou ? Vingt et un mois, vingt-deux mois, qui dit mieux peut-être vingt-trois ? Les dix-huit prochaines années seraient une grosse catastrophe. La jeune fille se laissa glisser contre la paroi froide en repensant au procès. Dire que la plainte venait de sa propre génitrice. Comment pouvait-elle lui infliger ça ? Elle avait voulu la protéger et tiens prends toi ça ! Une erreur de jeunesse, une erreur de jugement. Sous le feu de l'action qui sait de quoi est capable un enfant ? Et maintenant voilà que cette sale garce à su préserver son mariage malgré un amant mutant. Ryuko ferma les yeux continuant de pester intérieurement un bon moment avant qu'un garde vienne la trouver.
- - - - -
Assise dans la salle des visites elle faisait face à un homme d'une trentaine d'années, des lunettes noires, des cheveux bruns gominés il était la chose la plus propre qu'elle n'est vue depuis un bon moment. On lui adressa alors un sourire brillant, un sourire rassurant. Ce genre d'expression qu'on te sers avant de se servir de toi, enfin ça elle ne le comprendrait qu'après. Comme rarement Ryuko s'assit dans le silence presque intimidée. L'homme sortit alors d'une mallette en cuir un document avant de le tendre vers elle avec une confiance écrasante.
«
Vous êtes Ryuko Satomi ? »
Sentant qu'il s'agissait là d'une question rhétorique la jeune fille ne répondit pas se contentant de le regarder attentivement.
«
Est-ce que quand on vous réprimande vous répondez ? Vous êtes du genre à appliquer la mentalité « pas vue, pas prise », vous aimez pas les plans tout fait vous aimez quand l'action s'improvise ? Vous oubliez quasi-instantanément ce que vous racontent les gens? J'ai pu découvrir aussi que vous supportez mal la provocation... Permettez moi de conclure « mademoiselle » Satomi... Vous êtes une loque humaine n'est-ce pas ? »
Oubliant la fascination que cet être impeccable lui procurait elle quitta sa léthargie passagère. Devait-elle sourire ou lui coller un poing dans la figure ? Elle se contenta de rebondir sur sa petite tirade avec un air innocent.
«
Pardonnez moi j'ai décrocher à partir de ''Vous êtes...'' Et puis-je d'ailleurs savoir qui à qui j'ai affaire ? »
Avec un sourire presque las, l'inconnu la contempla d'un air hautain et méprisant. Des gamines comme elle il en avait maté des centaines.
«
Alors maintenant écoute moi bien, je ne suis pas là pour répondre à tes questions ou nouer des relations. Je suis venu m'adresser à la jeune fille qui à commis un homicide contre un mutant il y à bientôt deux ans de cela. Nous regardons régulièrement les nouvelles incarcérations tu sais et on t'observe depuis quelques mois déjà. Ton profil est intéressant et nous sommes venus te proposer un accord. Ryuko que dirais tu de retrouver ta liberté ?»
Les pensées se bousculaient dans le cerveau juvénile qui ne pouvait se focaliser que sur un mot capital «
Liberté ». Cependant Ryuko réussit à regrouper quelques marques de prudence pour faire preuve de méfiance, mais hélas pas de bon sens.
«
Ce '' Nous '' ? De qui s'agit-il ? »
Dans son regard bleu lagon, l'inconnu pu lire qu'il avait obtenu une victoire écrasante sur sa proie et un sourire reptilien s'élargit sur son visage tandis qu'il répliqua d'une voix froide.
«
Nous, Les Traqueurs. »
5H00
La jeune fille se réveilla en sursaut et respira profondément afin de reprendre le contrôle des battements de son cœur. Se levant d'un bond, elle attrapa un paquet de cigarettes au passage et en alluma une tout en quittant son appartement avant de monter les escaliers de secours.
«
Tout va bien, Tout va bien , Tout va bie… »
Elle ouvrit grand la porte et s'installa sur le toit, elle aimait la vue que lui offrait cet immeuble la nuit. Le serpent n'avait pas mentit, elle était «
libre » du moins sur le papier, elle ne manquait pas d'argent, pas de problèmes de logements. Un casier vierge et un job qui lui offrait la sécurité...De l'emploi tout du moins. Un pacte avec le diable qu'elle honorait depuis deux ans déjà, après une formation de deux années elle avait officiellement rejoint le terrain et la traque était devenu son quotidien.
Inspirant une grande goulée de fumée, elle laissa retomber son regard sur les lumières de Tokyo.
Elle était restée une grosse loque, une grande improductive dont le seul maître était la fainéantise et on la laissait continuer tant qu'elle exécutait sa quête sans broncher.
Est-ce qu'elle avait du remord à buter tous ces mutants aux gènes dégénérés ?
Non. Entre leurs vies ou la sienne : le choix était vite fait, alors comment pourrait-elle éprouver de la culpabilité?
Son cœur avait enfoui ce sentiment au plus profond de son être. Elle en avait connu un de ces Traqueurs qui ont mal tournés, un naïf, un modéré. «
Les mutants ne sont pas tous mauvais ! » Haha Surprise ! Devine qui s'est fait démembrer? L'organisation ne permettait pas la moindre faiblesse.
Alors Ryuko s'est trouvée de quoi excuser ses actes avec une logique aussi douteuse qu'inexcusable : Elle se dit que son travail n'a rien de plus cruel ou de plus malsain que celui du fermier du coin! après tout...
«
Déplume, découpe, emballe. Dis...cette question t'as déjà effleurée l'esprit ? Quelle différence entre ceux qui bossent à l'abattoir et les tueurs en série? »