Je le sens mal, très mal, vachement mal. Vraiment mal quoi. Je regarde toujours la tronche du mec que je ne supporte pas me filer une de mes missions qui elles sont biens plus intéressantes. Il va me dire un truc qui me déplaira encore plus que d'habitude, je le vois à sa tronche d'abruti qui a l'air de dire déso... « Tu as de la compagnie cette fois-ci, Aru. Tu vas initier une nouvelle au braquage chez les particuliers.» Putain de bordel de merde. D'ailleurs, pourquoi je le pense si bas. « Mais bordel mec tu sais très bien que je suis solo, connard. Une fille en plus? Je peux la laisser la, la pendre, la faire exploser avec la baraque? » Je crache mon venin d'un air coléreux. Il fronce les sourcils. Je fronce les sourcils. Il croise les bras. Je croise les bras. Non je ne l'imite pas, c'est lui le connard qui anticipe tous mes gestes. Un jour je lui casserais bien la gueule. Un léger regard à l'assistance. Bien sur qu'on nous regarde. Je parle assez fort, l'autre con aussi. « Fais ça et je t'envoie les meilleurs combattants t'arracher les tripes.» Je souris en coin, provocateur. Je m'apprête à répliquer, mais quand j'ouvre la bouche, il me coupe la parole. « Arrête de râler comme un gamin et prend ta putain de mission, tu vas être en retard. Fais pas chier et dégage, Aru. » Bon, j'attrape le papier qu'il me tend avec les instructions. Je ricane en lisant

L'usage d'explosifs pour détruite la maison est INTERDITE cette fois-ci.

C'est même pas drôle. Je chiffonne le papier et le fourre dans ma poche arrière. J'ai encore pris du matériel pour rien. Je ramasse mon sac, j'enfile mon masque à gaz mais le garde autour de mon cou. Cette fois-ci, il est noir et ne couvre que ma bouche. Il y a juste des éclaboussures de peintures vertes fluo's dessus. Je taguais avant. Je tag toujours parfois mais faire des trous dans des murs est bien plus amusant en fin de compte. Bon, je dois y aller, là. Je prends mon vieux sac à dos pour les adolescents qui vont en cours, et je démarre. Je connais la ville comme ma poche, je sais parfaitement où je dois y aller. Par contre ce n'est pas une raison pour me presser. Elle attendra et point. Je n'aime pas les femmes, ce sont des êtres corrompus et fais pour corrompre. Je grogne, enchaînant les rues, mes pieds nus engloutissent les kilomètres. Enfin, ce n'est pas très loin en fait. Je devais arriver à l'heure je crois, j'ai pas envie. J'ai pas eu envie. Va te faire foutre, la ponctualité. « Kojiki Aru? » Je m'arrête, je tique. Mon nom complet, je déteste quand on m'appelle comme ça. Surtout Kojiki. J'ai l'impression qu'on m'insulte tout le temps. Je baisse enfin les yeux, l'air entre énervé et neutre. Elle me veut quoi la gamine? Je vais lui mettre un pain moi. « Tu sais quel maison est notre cible ou pas ? Sinon je suis Noriko Nagoshi, mais tu peux m'appeler Noriko. » Je ne t’appellerai pas Noriko, non mais. Nagoshi c'est très bien. Je crache par terre. Elle a l'air jeune, j'ai pas l'air d'un putain de professeur, j'ai pas envie d'utiliser les vieilles méthodes. Restons calme, c'est pas grave. Allez, on se motive le mendiant.

Je prends une inspiration. « Tu m'appelles Aru, pas Kojiki, déjà. Tu fermes ta bouche pendant le trajet, tu m'écoutes et tu fais pas chier. J'en ai rien à foutre de ta vie et de faire connaissance avec toi. » J'ai limite un air blasé. Comme si j'étais fatigué de tout cela. Mais c'est vrai. Ça me fatigue cette putain de mission. Je me mets en marche sans en dire plus. Il pouvait pas la filer à quelqu'un d'autres cette mission stupide ou il faut plus de voleur solo efficace? Je m'en branle en fait. Autant finir ça au plus vite. Je ne la regarde pas, je m'allume juste une clope pour me détendre pendant le trajet. Il ne dure même pas longtemps, et j'ai pas le temps de finir ma barre de nicotine. Je grommelle, nous arrivons devant une grande villa protégée d'un portique en métal, sous commande vocale. Un grand jardin, des volets. Le mec est en vacances, évidement. C'est pour ça qu'on est là en plein jours. Je regarde à gauche à droite. On nous regarde, bien sur, on me connait, je fais chier tout le monde ici. On est pas discret. Va falloir faire un limite de plan et lui expliquer. Je pointe la ville du menton.
« C'là. Mais on y va pas d'suite. D'abord faut analyser et trouver une bonne stratégie. Capiche? Maintenant tu t'ramènes par ici. » Je n'attends aucune réponse, ou je ne l'écoute pas, et je file dans une ruelle non loin, isolée, avec des poubelles et des détritus partout. Je m'assieds sur une poubelle, souris en coin, provocateur. Je tire sur ma clope, l'enfumant un peu plus, mes yeux dorés par la mutation la transperce froidement et de manière hautaine.
« Alors, des idées, gamine? J't'écoute, t'as d'la chance. »