THAT'S A NICE CONSOLE YOU HAVE THERE

C’est l’après-midi, il fait beau, il fait chaud et tu te promènes avec un sac d’épicerie plein de glaces à l’eau. T’as la peau moite et ça te dégoute un peu de sentir ton chandail coller à ton corps comme ça. Tu te sens comme un mal propre à vagabonder dans la rue avec tes cheveux en bataille et le front luisant. T’aime l’été, mais les journées chaudes comme ça tu t’en passerais. En revenant de l’épicerie, tu croises une tête blonde penchée sur une PSP. Ta victime préférée : le gamin qui attend le bus tous les jours devant chez toi. T’as l’habitude de passer près de lui, de secouer ses cheveux et de lui pomper toute sa batterie de sa console. Ça te fait bien marrer et t’as une base d’électricité pour aller te promener. Sauf qu’aujourd’hui ta démarche est plus lente, plus molle. T’as la flemme de la vie à cause du chaud : t’aurais pas pu avoir un corps de glace au lieu d’absorber l’électricité, nan ? Boarf. T’auras qu’à shooter l’électricité de sa PSP dans ton air conditionnée en arrivant à la maison. Ton appart te coûte tellement cher à cause de tout tes bidules électriques dans la maison que t’essaie de tout laisser le plus de trucs débranchés. Sauf que voilà maintenant il fait chaud et c’est chiant d’avoir une clim qui fonctionne pas.

Tu passes donc près du blond, avec toute la paresse du monde et tu lui ébouriffe les cheveux en posant ta main sur sa console. T’es un beau connard en fait Hirose, t’as l’air bien gentil avec ton sourire bizarre et tes grands yeux de débile. Mais au fond t’es qu’un petit con qui se moque constamment des autres. Le jeune là, il t’a rien fait, et toi tu t’entête à le faire chier tous les jours en lui vidant toute sa console de jeux. Le pauvre gamin, et toi t’as aucun scrupule.

Tu lui fais un beau grand sourire d’imbécile : ceux que tu fais le mieux, tu sais?

THAT'S A NICE CONSOLE YOU HAVE THERE

Hirose repartait toujours les doigts engourdis par l’électricité et avec un sourire sur les lèvres lorsqu’il s’acharnait à faire chier le petit blond. Mais c’était probablement la première fois qu’il allait rentrer chez lui avec un énorme bleu sur le tibia. Hirose n’avait pas vraiment prévu de se faire attaquer aujourd’hui : en fait pour lui le blond de l’arrêt de bus était une créature inoffensive amusante à tyranniser. Jamais il ne se serait attendu à ce qu’il s’énerve et qu’il se venge physiquement. Le petit avait peut-être pas la force de dix hommes, mais Hirose avait ressenti le coup de pieds dans sa jambe jusqu’au plus profond de son être. Comme un pincement au cœur quand vous vous faites soudainement mal. Il en était presque tombé à la renverse, tant à cause de l’impact qu’à cause du choc : c’était la première fois qu’on l’agressait comme ça. Si ça avait pas été un gamin, Hirose lui aurait probablement relancé toute l’énergie de sa PSP à la figure. Par contre, Hiro était peut-être un vrai de vrai chieur, mais il était pas vraiment foncièrement méchant.

Bon Hirose s’était peut-être un peu emporté et il beuglait comme un con dans la rue. Il avait pas l’habitude de se faire frapper le pauvre. D’autant plus que pour lui il avait rien fait de mal. M’enfin la vision des choses d’Hirose et celle des autres c’était pas totalement la même chose. Il s’était laissé tomber sur le banc de l’arrêt de bus, en grognant son mécontentement et en fusillant le blondinet du regard.