LOOK EVERYONE THIS IS WHAT HATRED LOOKS LIKE WHAT IT DOES WHEN IT CATCHES A HOLD ON YOU IT'S EATING ME ALIVE & FEAR AND ANGER ONLY MAKE IT GROW FASTER
« Ne bouge pas Traü, je n’arrive pas à dessiner ton nez. » marmonnais-je, la gomme prestement cloîtrée entre mes lippes figées en une grimace concentrée. Mon crayon griffonnait des esquisses discontinues sur le papier laiteux, tentant de reproduire avec exactitude le profil courroucé de l'éphèbe. Quoique je fasse, je ne parvenais pas à retracer avec perfection l’aura ténébreuse que ma muse dégageait aussi naturellement. Mes traits de crayon s’en voyaient frustrés, manquant de déchirer la feuille qui servait à mon art.
Échappant une exhalation spoliée, je reposais mon crayon pour lever un regard frustré sur mon égérie. J’aurais voulu l’apposer directement sur mon papier, au moins mes dessins ne manqueraient en rien d’une précision qui fuyait inlassablement mes ébauches.
« Bon après l’effort, le réconfort. J’viens d’acquérir un coke miraculeuse, ça te dit de te prendre quelques rails ou tu dois bosser et aller baiser des petits vieux pour entretenir l’amour de ta vie qui te sert de partenaire dans ton groupe de psychopathes ? »
Ouch.
Je le savais aussi farouche qu’agressif et mes mots n’avaient pas été des plus judicieux bien qu’empreints d’une véracité incontestable. Mais comme disait l’adage « Il n’y a que la vérité qui blesse », sauf que dans ce cas-là, j’endosserais très certainement le rôle de l’accidenté.
Gêné, c'est le mot. Je suis gêné. Je n'aime pas ça, arrête. C'est comme prendre des photos, tu me captures mon âme, arrête ça bordel. Mais je ne dis rien. Comme d'habitude. Les gens ont l'habitude que je ne dise rien. Du coup ça les surprend quand j'ouvre grand ma gueule avec mes deux yeux braqués sur eux et des cauchemars qui sortent par tous les orifices de ma face. Vision d'horreur, je pince les lèvres à nouveau. Il faut que je me débarasse de ce tic, btw.
Il me regarde, frustré. Je le regardé, blasé. J'ai l'impression d'être Edward Cullen devant une foutue groupie. Être un connard ténébreux parfois c'est vraiment, vraiment, vraiment difficile. Toujours un con pour venir essayer de nous capturer et nous foutre sur papier. Nous emprisonner.
« Fallait faire de la photo mon connard, t'aurais eu moins de mal à me reproduire. »
Non, c'est faux, je suis juste un mauvais modèle, ou un modèle trop rapide et trop changeant pour Ren. C'est ce qu'on appelle un mauvais modèle. Il soupire et cesse. Je finis par me détendre et basculer ma tête en arrière sur le dossier du fauteuil en soupirant. J'écoute ses conneries et... je relève la tête. Il déconne là. Ma face blanche confondue de cheveux prend une moue désespérément vexée. Je croise les bras. "Ouuh, il est pas content le TRAÜMA". Oui, bah oui. Je suis trop épuisé pour le frapper cela dit. Je me contenterai de le baiser si l'occasion se présente.
« Et ta mère ? Pff... »
Je me lève, tirant sur une mèche de cheveux pour constater sa longueur, avant de me traîner jusqu'au frigo tout en parlant.
« C'est pas mon trip, la blanche. Si tu veux en laisser pour Rei, justement (regard appuyé), tu peux. Ce serait cool même. Et je fais rien ce soir. »
Mes dextres cherchent aléatoirement quelque chose à manger. Un bout de chocolat vient se caler entre mes dents, et je ferme la porte, appuyant mon dos contre celle-ci pour mieux fixer Ren et ses cheveux, Ren et ses mains de connard.
Spoiler:
pardon pour le retard amour. (et pardon pour l'image aussi ahahahah mais ça m'a fait trop rire)
informations
Invité
Invité
Ven 4 Juil - 22:15
Il faut être toujours ivre, tout est là. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! - Baudelaire
Parfait.
La désinvolture de sa posture captive et enchante mes traits de crayons immodérés. Trauma se dessine sur ma feuille : son regard sauvage, retranscrit sur le papier, vient transcender mon âme. Son visage captivant vient enchanter mon calepin. Il est beau. Il est là.
Une fois la dernière esquisse tracée, je me redresse, réjoui en contemplant l’homme qui s’impose à ma feuille. Le charisme, l’attitude, le mystère habite le moindre de ses traits. Traüma vit sur mon papier.
Je venais d’abréger de longues semaines de dessins en parachevant l’esquisse qu’arborerait ma page de couverture. Être fier n’aurait été qu’un piètre euphémisme pour ce que je ressentais en ce moment.
Rendu allègre par mes accomplissements, je me redressais et m’approchais de ma muse toujours prostrée contre le frigo. Le contentement me poussa à l’audace. Je me collais totalement contre lui, plongeant mon visage dans sa gorge, je frôlais sa jugulaire de mes lèvres charnues, les remontant ensuite à son oreille pour y murmurer d’une voix suave.
« Pousse toi, j’ai soif. »
Je me reculais afin qu’il se pousse et ouvrait le congélateur pour sortir plusieurs bouteilles d’alcool et avec elles la promesse d’une nuit de débauche.
De nouveau assis à même la moquette, j’enfilais les verres et approvisionnais Traüma avec autant d'eau-de-vie. Il buvait. Inlassablement. Sa ténacité était impressionnante.
Quand l’alcool ne me permit plus d’ingurgiter le moindre verre, je repoussais la bouteille vers ma muse. Le monde tournait et m’emportait avec lui. Les objets se dédoublaient, m’assaillant de doute sur l’exactitude du décor qui m’entourait.
Mais Traüma, lui, était seul, sans double et terriblement tangible. Combattant une gravité égoïste qui tentait de me garder à terre, je me redressais en titubant.
« Putain. Ta maison s’est transformée en bateau Traüma. HISSE ET HAUT. À L’ABORDAGE. »
L’alcool me soutirait toutes inhibitions, et c’est sans doute en quête d’un trésor pirate que je me jetais sur Traüma. Je le renversais et m’asseyais à même son bassin, mes yeux dilatés et incertains le contemplant intensément.
« C’toi le trésor pirate. Genre, piouf. T’as l’air d’un con. Non en faite. T’es un vrai connard mais pourtant on te veut. Tout le monde te veut. Tu marches dans la rue. Meufs comme mecs se retournent parce que tu es la. BOOM. Traüma est la avec sa gueule de beau mec, sa taille de girafe, sa prestance de malade. J’t’ai vu. J’t’ai voulu. Et j’te veux. Et c’est pour ça que je te dessine. Parce que je te veux. Bon t’as la classe aussi mais la classe c’est quoi. C’est rien. J’suis rien. T’es beau. Arrête. »
Je ne me souviendrais probablement pas de mes élucubrations d’ivrogne, ni de mon index qui retraçait lascivement le moindre trait du visage de Traüma. J’étais ivre. Et cette ivresse avait soutiré tout sens de retenue, elle avait oblitéré le filtre mental que je m’imposais, surtout autour du Shangri-La.
Accueil 
