Cassandra était assise à son bureau, le regard plongé sur l’écran de son ordinateur. Elle lisait ses mails l’air absorbé par l’un d’entre eux. On lui demandait des explications sur le mauvais travail d’un employé de Color Street. Que pouvait-elle répondre ? Elle n’était pas du tout au courant de cette histoire. La DRH soupira, puis commença à taper quelques mots, ensuite elle s’arrêta. Le début de sa réponse se trouvait être une excuse, mais on ne lui avait pas expliqué les détails. Peut-être que l’employé en question n’était pas fautif. Elle demanda alors à ce client ce qui était arrivé, et elle en ferait de même avec la personne concernée. Si les deux versions concordaient, elle ferait des excuses, sinon elle serait obligée de mener son enquête. Tout ceci l’ennuyait déjà. Malheureusement, c’était les inconvénients de ce poste, elle ne devait pas se plaindre. Seulement assumer sa place et les obligations qui venaient avec. Il était bientôt 16h et la jeune femme souhaitait faire une pause. Elle avait bossé toute la matinée et avait réduit son temps de déjeuné pour pouvoir avancer. Maintenant qu’il ne lui restait pas grand-chose à faire, elle s’ennuyait. Un peu.

La rousse se leva doucement de son siège, s’étira et fit le tour de son bureau. N’y avait-il pas d’autres dossiers qui trainaient quelque part ? Elle ouvrit chaque tiroirs, contrôla que tout était bien rangé et surtout bien fait, cependant, elle ne trouva pas de quoi s’occuper. Revenant à son bureau, elle chercha sur son ordinateur si quelques mails n’étaient pas arrivés pendant les quelques minutes qui s’étaient écroulées depuis sa dernière vérification. Ce n’était pas le cas. Nouveau soupire. Prenant un stylo entre ses doigts, elle le fit tourner en les claquants. Elle fit cela un petit moment, puis elle se décida enfin à sortir de son bureau. Son sac sur l’épaule gauche, elle se balada demandant en passant vers chaque pièce si l’on n’avait pas besoin d’un coup de main. Les employés de Color Street avaient l’habitude de cette situation et ils savaient qu’elle ne pouvait pas tenir en place sans rien faire. L’un d’eux s’adressa à elle.

- Mademoiselle Davis, pourquoi n’allez-vous pas boire un café quelque part ? Peut-être que si vous revenez dans une heure ou une heure et demi vous aurez une bonne surprise. Et puis, le big boss n’est pas là, il ne peut rien vous dire.

Le jeune homme lui fit un clin d’œil. Cassandra était obligée de le reconnaître, c’était une bonne idée. Mais, elle ne voulait pas s’absenter aussi longtemps. Et si quelqu’un la dénonçait, que ferait-elle ? Bah, au pire des cas, monsieur Byakuya savait qu’elle faisait du bon travail. De toute façon, elle avait accompli tout le travail qu’on lui avait confié et ce, pour le jour même et le jour d’après. La demoiselle lui sourit finalement et lui souffla un « merci » silencieux.


La rousse venait d’entrer dans le Mutan Café qui était situé dans la grand-rue de Shibuya. Sa façade de style victorienne aux grandes fenêtres en demi-lune aux volets noirs ouverts et aux rideaux de tulle rouge vaporeux comme de la mousse (merci le c/c) lui donnait un air accueillant et un peu rural. C’était le genre d’endroit où Cassandra aimait venir pour être au calme et ne penser à rien. Surtout pas au travail. Elle commanda un macchiato et alla se poser près d’une fenêtre. Dehors il ne faisait pas spécialement beau, cependant elle aimait regarder le mouvement des gens qui se promenaient dans la rue. Elle balaya du regard le café, il n’y avait que deux-trois personnes. Il n’était que seize heures quarante-cinq, donc c’était normal. Peu de gens finissaient aussi tôt de travailler et surtout peu pouvaient aussi prendre une pause comme elle le faisait en ce moment. Elle était venue jusqu’à Shibuya pour être le plus loin possible du boulot, sinon elle n’allait faire qu’y penser. Mais n’était-ce pas ce qu’elle était entrain de faire à l’instant ? Enfin. La porte du café s’ouvrit, elle ne fit pas attention à la personne qui venait d’entrer, pourtant c’était quelqu’un qu’elle connaissait. Seulement, elle n’avait pas levé le visage du macchiato qu’on venait de lui apporter.

Jin Murakami venait de faire son entrée dans le café et elle était venue se poster à côté de Cassandra. La DRH de Paris Avenue arborait de belles cernes et une mine fatiguée. Qu’est-ce qui pouvait bien l’avoir mis dans cet état ? Était-ce le trop plein de travail qu’ils avaient dans l’entreprise ou alors était-ce le séisme de magnitude 6,7 qui avait fait trembler toute la région, et surtout qui avait empêché un grand nombre de personnes de trouver le sommeil ces derniers jours ? Cela pouvait tout aussi bien être les deux. La rousse n’osa pas aborder le sujet tout de suite, il valait mieux engager la conversation avant de poser ce genre de question. Et c’est ce que fit la noiraude qui se trouvait à sa gauche. Elle lui demanda si elle pouvait s’asseoir à côté d’elle, cependant la suite de ses paroles interpella un peu la jeune femme.

- Jin ! Bien sûr que tu peux. Qu’est-ce qu’il ne va pas ? Racontes-moi tout. Si c’est le boulot, tu sais que tu as le droit de te plaindre auprès de monsieur Winchester ou de Fée quelques fois.

Cassis connaissait bien la baisse de moral que l’on pouvait ressentir de temps en temps lorsqu’on occupait un poste aussi important que le leur. Certes, ce n’était pas du niveau de la pression de leur directeur, mais cela s’en rapprochait fortement. La demoiselle leva un bras, faisant signe à la serveuse pour qu’elle vienne vers elles.

- Tu veux boire un truc ? Je te l’offre.

La rousse lui sourit gentiment et bu une gorgée de son café. Cela lui faisait bizarre de voir Jin dans cet état. Ce n’était pas dans ses habitudes d’avoir l’air complètement ailleurs et le teint aussi pâle. Parce que oui, la demoiselle ressemblait presque à un mort-vivant. La comparaison n’était pas très avantageuse, pourtant, c’était la vérité. C’est aussi ce qui inquiéta l’employée de Color Street. Elle espérait que rien de grave n’était arrivé. Peut-être que quelqu’un de sa famille avait été blessé lors du séisme qui avait frappé la capitale ? Il y avait eût dix-sept blessés et ce n’était que des personnes âgées d’après ce qu’elle se rappelait avoir entendu. Mais les journalistes avaient-ils eût toutes les informations ? Il fallait voir si la noiraude allait en parler d’elle-même ou si Cassandra allait devoir poser quelques questions.

Jin commanda un cappuccino et elle lui raconta ce qui la tracassait. Elle n’arrivait plus à dormir à cause du séisme. Alors c’était bien ça. Cassandra ne pouvait que comprendre ce qui arrivait à la jeune femme, il y avait eût tellement de personnes à qui cela avait flanqué la frousse. Apparemment son appartement était devenu un vrai foutoir. C’était pareil pour elle, cependant elle l’avait rangé directement après la fin des secousses. Elle n’aimait pas vraiment le bordel et dans l’immédiat, elle n’avait pas réalisé ce qu’il s’était passé. Elle n’avait réaliser qu’après avoir ranger le dernier livre sur son étagère et elle s’était assise sur son canapé sans bouger pendant une vingtaine de minutes.

- Oui, je sais ce que c’est. J’étais sur le chemin pour rentrer quand c’est arrivé. Comme n’importe qui, j’ai eu très peur. Mais ça va maintenant, dis-toi que c’est passé. Elle fit une pose. Tu sais quoi, j’ai une idée. Tu veux venir chez moi jusqu’à vendredi ? Comme ça ta voisine pourra profiter pleinement de sa douche. Et puis, peut-être que si tu n’es pas toute seule, tu retrouveras le sommeil plus facilement. Et aussi, je peux venir t’aider à ranger tes affaires si tu veux.

Elle lui fit un sourire rassurant. Tout allait bien se passer, elle n’avait plus à s’en faire. Cassandra était très protectrice envers les gens qu’elle appréciait et Jin était une des rares personnes qu’elle appréciait à Paris Avenue. Et surtout, c’était l’une de ses seules amies. La rousse mit un peu de lait dans son macchiato, le mélangea avec une cuillère et elle porta doucement la tasse à ses lèvres.

- Tu n’as vraiment pas à t’inquiéter Jin, un tremblement de cette amplitude, ça n’arrive pas souvent. Presque jamais même. Alors ne te préoccupe pas de ça. Si vraiment ça ne passe pas, sache que je serai là pour t’aider.

La DRH de Color Street prit la main de la noiraude et la serra un peu pour appuyer ce qu’elle venait de lui dire.

Retirant sa main et prenant une gorgée de sa boisson chaude, Cassandra écouta la réponse de Jin. Elle la remercia de la proposition, puis elle refusa. Être un boulet ? La jeune rousse savait que cela n’allait pas être le cas, mais comme elle se doutait que ce n’était pas que ça qui embêtait la DRH de Paris Avenue, elle ne voulut pas lui forcer la main.

- Tu sais très bien que tu ne seras jamais un poids pour quiconque Jin. M’enfin, je respecte ta décision. Si tu ne veux pas, et bien je n’aurais plus qu’à proposer à quelqu’un d’autre. Elle lui fit un clin d’œil, puis elle émit un petit rire. Dans tous les cas, si tu as besoin de quelque chose ou si tu changes d’avis, tu as mon numéro.

La demoiselle s’étira un peu, puis elle regarda les gens passer par la fenêtre. Tout semblait si habituel, comme si rien ne s’était passé. De là où elle se trouvait, elle ne pouvait pas apercevoir les quelques dégâts du tremblement de terre qui étaient toujours présent. Cela ressemblait un peu à un rêve. Enfin un rêve qui avait quand même empêché pas mal de personnes de trouver le sommeil pendant un bout de temps. Son visage se tourna vers Jin.

- Sinon, il y a quelque chose dont tu aimerais parler ? Je sais pas moi, les amours ça va ?

Voilà, elle voulait détendre l’atmosphère pour que la noiraude oublie ce fichu séisme. Mais est-ce que cela allait fonctionner ? Et surtout, était-ce une bonne idée de choisir l’amour comme sujet ? Aussi, Jin et elle n’étaient pas si proches que ça pour en parler aussi librement. M’enfin, cela faisait quand même un moment qu’elles se connaissaient et ce n’était pas la première fois qu’elles allaient parler de quelque chose de privé. Ou si ? Cassandra eût beau chercher un peu au fond de sa mémoire, ça ne lui revint pas en tête. Tant pis, au pire des cas elle pourrait juste s’excuser de son impolitesse et de sa curiosité.

Lorsque Jin entendu la question, elle failli se renverser son deuxième cappuccino. Alors c’était vraiment un sujet tabou ?! Cassandra l’observa un instant pour voir si les traits de son visage avaient changés. Et c’était le cas, elle riait, mais pas d’un rire drôle. C’était autre chose, peut-être de l’amusement au sens ironique du terme. Pendant quelques secondes, elle regretta d’avoir posé la question, puis voyant que la jeune noiraude s’apprêtait à lui répondre, elle se dit que ce n’était peut-être pas si grave que ça. Cependant, en écoutant sa réponse, elle ne put s’empêcher de penser qu’effectivement, elle aurait dû se taire. Premièrement parce qu’apparemment l’amour et elle n’étaient pas de grandes amies et deuxièmement, parce que celle-ci venait de lui retourner la question. La rousse était un peu gênée, mais elle essaya de ne pas le montrer, puis elle prit une légère inspiration et répondit.

- Je suis désolée d’avoir posé la question alors, j’avoue que ce n’était peut-être pas la meilleure chose que je pouvais demander. Et en ce qui me concerne, disons que c’est un peu compliqué. Il y a bien quelqu’un qui me trotte dans la tête, mais j’ai des doutes au sujet de mes sentiments et… de toute façon il est déjà accompagné.

La demoiselle lui fit un petit sourire navré qui disait « hé oui, c’est la vie ». Ses yeux se baissèrent en direction de sa tasse. Elle n’avait jamais été très douée lorsqu’il était question de sentiments amicaux ou amoureux. Alors elle laissait ça en suspend et ça le restera certainement encore longtemps. De toute façon la personne à laquelle elle avait pensé ne lui donnait plus signe de vie depuis un moment et elle ne voulait pas le déranger, surtout maintenant qu’il avait quelqu’un. Cassandra releva la tête et posa une nouvelle question à Jin.

- Et le boulot ça va ? Avec toutes ces mannequins capricieuses auxquelles tu as à faire, je ne sais pas comment tu fais pour les supporter. Je te plains.

Directement la première mannequins capricieuse qui lui vint à l’esprit, c’était Junko. Quelle peste. Rien que de se rappeler ce qu’il s’était passé à Paris Avenue ce jour-là, cela fit resurgir un peu d’énervement chez la jeune femme. Heureusement pour elle, elle n’avait pas eût trop d’ennui à ce sujet. Bon on ne l’avait pas félicitée non plus, mais cela s’était mieux passé que ce qu’elle croyait. Elle ouvrit un sachet de sucre et le déversa dans son café, puis elle mélangea avec une petite cuillère. La rousse était bien contente que Jin se soit joint à elle pour parler un peu, elle se serait ennuyée si elle n’avait pas été là. Et ça lui faisait toujours plaisir de la voir.

Jin semblait être sortie de sa période de tristesse et son visage s’était illuminé. Ce qui fit plaisir à la rousse qui s’en voulait de l’avoir rendue encore moins bien qu’avant avec sa question stupide. L’employée de PA lui expliqua ce qu’il se passait pour elle là-bas. Apparemment ces jeunes femmes étaient vraiment insupportables. Tout cela n’étonna pas Cassandra, elle s’en serait doutée. À chaque fois qu’elle allait là-bas, elle pouvait voir à quel point il fallait vraiment être patient avec les mannequins, que soit les hommes ou les femmes, mais ces dernières étaient vraiment les pires. Lorsque la brune fini de parler, la demoiselle ne put s’empêché d’émettre un petit rire. Ça la rassurait de savoir que ce n’était pas la seule à avoir des problèmes avec les employés quelques fois et puis, c’était amusent de voir le changement d’expression qui s’était fait sur le visage de sa collège DRH.

- Hé oui, malheureusement dans ce métier il n’y a presque que des pestes. Malgré tout ça, t’arrives à garder ton sang-froid ? Je pense qu’à ta place, je ne le supporterais pas longtemps. Déjà que lorsque quelqu’un ne fait pas son travail dans mon département, ils se font engueuler. Tu te rappelles de l’histoire que je t’avais racontée, il y a trois semaines, avec la secrétaire d’un de mes collègues qui s’était trompée quatre fois de dossier ? Elle rit. En plus, hier j’ai appris qu’en fait elle voulait bien faire et qu’elle connaissait ma réputation, ce qui l’a stressée.

Elle n’était pas si méchante que ça. Si ? Enfin, au moins comme ça, il y avait des histoires drôles à raconter. Mais pour revenir à sa réputation, elle se demandait comment elle avait pu évoluer ainsi. Au début cela lui était peut-être arrivé une ou deux fois de s’énerver si le travail n’était vraiment pas bien fait, cependant depuis elle s’était un peu calmée et là tout d’un coup, on lui ressortait ça. Était-ce encore à cause de ce fichu incident à Paris Avenue ? Peut-être. En tout cas, ça ne devait pas être un handicap pour elle.

- Il y a quelque chose de spécial qui t’es arrivé avec une employée ? Pas que je sois la seule à raconter des ragots. Enfin, tu me parlais d’un stagiaire qui regardait une mannequin, comment ça s’est fini ? Ne me dit pas qu’elle a voulu lui faire un procès quand même ?

Ahhh ces madames-je-suis-parfaite-et-je-me-la-pète.Cassandra soupira et commanda encore un café. Si elle en buvait trop, elle serait certainement bientôt entrain de trembler d'excitation. Pourtant comme cette conversation était intéressante et amusante, elle n'y prêta pas attention.

- Figure toi qu'elle a voulu porter plainte, deux fois. Il a fallu qu'on la recadre, moi d'abord, puis Aleksey ensuite pour qu'elle cesse enfin de pleurnicher. Et le pauvre mec, que tout le monde prenait pour un voyeur, avait juste eut le malheur de la regarder passer une fois.

Cassandra réfléchit un instant sur la personne que la demoiselle venait de nommer Aleksey. Elle dû rechercher dans sa mémoire qui cela pouvait bien être. Et d’un coup, cela lui revint. C’était le sous-PDG de Paris Avenue. Elle aurait voulu se mettre une claque pour ne pas s’en être souvenue tout de suite. Seulement son excuse était valable. Elle n’appelait cet homme que par son nom de famille. Elle était en plus majoritairement en contact avec James et n’avait eût affaire à lui que quelques fois lorsque le PDG était en déplacement. La rousse écouta Jin lui dire que certaines personnes la désespéraient. Elle ne put que faire une moue compatissante en réponse à cela. Si seulement ils étaient tous gentils et aimables. Mais ce serait trop leur demander. Elle soupira. La brunette lui annonça ensuite qu’elle ne resterait qu’une quinzaine de minutes et qu’ensuite elle avait rendez-vous avec un chef de chantier.

- J’espère qu’il est mignon au moins pour que tu m’abandonnes à mon misérable sort. Elle lui tira la langue, fière de sa blague qui n’était pas vraiment très drôle. Non, franchement j’espère que les travaux ne vont pas durer des semaines. Tu connais les ouvriers, ils font toujours traîner en longueur pour se faire plus d’argent. Comme si on avait le temps pour ça.

La jeune femme regarda sa montre, cela faisait déjà un bon moment qu’elle était partie du bureau. Peut-être que maintenant une autre pile de dossier étaient apparus magiquement et l’attendaient. Cette pensée la fit sourire, elle avait hâte d’y retourner, même si elle passait un bon moment avec Jin. Il y avait très peu de gens qui aimaient autant leur travail qu’elle et elle était heureuse de faire le métier qu’elle voulait. Ce n’était pas le cas de tout le monde, alors elle en profitait un maximum. Cassandra fit craquer sa nuque, puis elle observa le Café, une seule personne était entrée après la DRH de Paris Avenue. Était-ce l’heure creuse où tout le monde travaillait ? Certainement. Ou alors cet endroit n’était pas très populaire. Ce qui l’étonnerait puisqu’il était extrêmement bien placé dans le quartier, tous ceux qui sortaient de leurs bureaux pouvaient le voir. La rousse repensa à ce qu’il s’était passé à Paris Avenue avec Junko. Elle se demanda pourquoi Jin ne lui en avait pas parlé. Peut-être n’était-elle pas au courant ? Ou alors elle avait dû être trop préoccupée par le séisme pour y penser.

- Dis, tu as entendu parler d’un incident me concernant la semaine passée ?

La DRH de Paris Avenue ne savait pas de quoi Cassandra lui parlait. Ce qui étonna un peu la jeune femme, mais en même temps elle était si préoccupée par quelque chose de plus grave que c'en était presque normal. Ou alors toute l’entreprise n’était pas au courant. Elle ferma les yeux et soupira de soulagement. Après les avoir rouverts, elle réfléchit à la façon de commencer à raconter ce qu’il s’était passé.

- Hé bien, il y a une semaine j’étais venue à PA chercher l’une de mes collègues. Comme elle a terminé un peu plus tard que prévu, j’ai été l’attendre à l’accueil. C’est là qu’a débarqué l’une de vos mannequins. Junko… Elle chercha son nom de famille, mais elle se rappela qu’on ne le lui avait pas communiqué. Bref, elle m’a demandé si j’avais besoin d’un renseignement, je l’ai un peu rembarrée et après c’est un peu partit en vrille. Disons qu’on a voulu jouer à la plus maligne et que c’est elle qui a gagné, puisque j’ai perdu mon sang-froid et que j’ai élevé la voix un peu trop fort. Ensuite, elle a joué la victime, tout le monde à accouru à son secours. Je l’ai prise à part et on a dû continuer notre conversation aux toilettes.

La rousse avait encore parlé de jeu avec la notion de gagner. Était-ce vraiment ce qu’elle pensait ? C’était le cas, apparemment. Cependant, elle avait compris la leçon. Si il y avait une prochaine fois, elle ferait attention à garder son calme et à ne pas chercher la merde comme elle l’avait fait. Peut-être que la fatigue lui avait aussi joué des tours. M’enfin, elle devait passer à autre chose. C’était du passé et tout cela allait bientôt s’apaiser.

- J’en conviens, c’est principalement ma faute. Elle marqua un temps d'arrêt. Mais je me serais certainement excusée si elle n’avait pas feint d’être une jeune fille fragile et sensible. Elle m’a narguée en souriant cette peste et personne n’a rien vu.

La colère commençait à monter, alors elle prit une grande respiration et fit craquer ses doigts. Ces gestes la détendaient. Jin n’avait certainement jamais vu son visage avec des traits aussi énervés. Comment aurait-elle réagit à sa place ? De la même façon ? Pire ? Ou alors, elle, elle se serait peut-être contrôlée. Elle finit d’un coup le reste de son café, puis elle posa sa tête contre sa main, le coude appuyé sur la table. Elle jeta encore une fois un coup d'oeil à sa montre, il ne restait plus beaucoup de temps avant que la brunette ne doive s'en aller.

Alors comme ça Junko n’est pas du genre à être aussi sournoise ? Mouais. Cassandra n’y croyait pas vraiment, la demoiselle avait certainement bien caché son jeu. Peut-être qu’en fin de compte, elle n’avait pas totalement perdu face à elle. Voilà, ça reparlait de jeu. Rien d’autre ne venait à l’esprit de la rousse en repensant à ce qu’il était arrivé à Paris Avenue. Jin devait savoir qu’elle n’était pas non plus du genre à taper un scandale pour rien. M’enfin, elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle aurait fait pareil si l’un ou l’une de ses employés s’était retrouvé dans la même situation. Si la brunette voulait lui demander ce qu’il s’était passé, c’était peine perdue pour Cassis. Pourquoi Junko lui avouerait-elle qu’elle n’est pas ce que tout le monde croit. Ce serait stupide de sa part, mais il faut garder espoir.

- Oui, je veux bien que tu m’en redonnes des nouvelles.

Quelles seront les retombées de cette histoire ? Bonnes ou mauvaises ? Est-ce que même si la mannequin ment à la DRH de PA, elle ne mettra pas en doute ses paroles ? Si, bien sûr que si. Et encore une fois, elle ne pourrait pas lui en vouloir. C’était la parole de tous les employés présents ce jour-là contre la sienne. Ils étaient en majorité, alors pourquoi est-ce que Jin la croirait elle plutôt que tous les autres ? Elle soupira, puis craqua sa nuque. Cela la détendait un peu, même si ce n’était pas très conseillé par les médecins.

- Et de rien, merci à toi de m’avoir écouté et surtout de ne pas t’être mise d’un côté ou d’un autre. Tout le monde le fait en règle générale, heureusement, tu es différente. Je crois que c’est bien pour ça que tu es une de mes rares amies.

Cassandra lui sourit. Ensuite, elle regarda par la fenêtre et se perdu quelques instants dans ses pensées. Il lui en était arrivé de ces choses depuis ces six dernières années. Malheureusement, que les mauvaises choses remontaient à la surface. Même en y réfléchissant bien, il n’y avait que deux choses qu’elle pouvait trouver de positif. Son emploi à Color Street et sa rencontre avec ses deux amies, dont l’un des deux était juste en face d’elle et l’autre devait être quelque part en train de se droguer. Peut-être. Elle espérait que ce ne soit pas le cas, mais rien n'était moins sûr.

Cassandra se tourna vers Jin lorsque celle-ci lui annonça qu’il était temps qu’elle y aille. Déjà ?! Elle regarda sa montre pour vérifier que quinze minutes s’étaient bien écoulées depuis tout à l’heure. C’était bien le cas. La DRH de Paris Avenue lui dit qu’elle l’invitera chez elle une fois les travaux terminés. La rousse était ravie, elle ne s’était jamais faite invitée chez quelqu’un. Elle lui offrit un grand sourire et elle se leva elle aussi pour retourner travailler. La jeune brune lui dit qu’elle lui donnerait des nouvelles au sujet de Junko. Elle soupira.

- Ah, ça j’y compte bien. Ne t’en fais pas pour les cafés, je paie. Tu me revaudras ça une prochaine fois. Elle lui fit un clin d’œil complice. Bon, hé bien à bientôt et passe une bonne journée.

La demoiselle laissa l’argent sur la table, ouvrit la porte devant Jin et la lui tenu jusqu’à ce qu’elle passe devant elle et qu’elle s’en aille dans la direction opposée à la sienne. Ensuite, elle retourna à son bureau où elle eût la bonne surprise de trouver la pile de dossier qu’elle attendait depuis un moment.