Il était encore tôt, 8:03:53 lorsqu'Aoguro avait décidé qu'il pouvait arrêter de fixer le plafond de sa chambre, et considérer qu'il avait assez dormi. Cela faisait précisément 4 heures, 57 minutes et 36 secondes qu'il avait quitté son horloge des yeux et s'était étendu sur le matelas. Il avait compté chacun des tics, et avait commencé à saturer vers le 1500ème. Depuis qu'il était rentré chez lui, la veille en fin d'après-midi, il n'avait pas quitté le rez-de-chaussée, continuant à faire des expérimentations sur son pouvoir. C'était certes rassurant que chacun de ses résultats soient en accord avec le modèle qu'il avait théorisé, mais il ne gagnait plus que peu d'informations sur ces mutations. Il allait vraiment avoir besoin de trouver des patients à examiner. Enfin, après un temps indéterminé à retirer leurs sens à des souris, des singes et des perroquets, il avait fini par aller dormir. Mais toute l'énergie vitale qu'il avait prise l'en empêchait. Aussi avait-il compté. Enfin ! Il était debout, et une fois passé à la salle de bain, il enfila une chemise, un pardessus et un pantalon noir, avant de se diriger vers son garage. La Toyota l'attendait, sans doute avec joie, et en ce jour il allait aller se promener. Le sachet de croûtons pour les carpes était là, sur le siège passager, immobile depuis la dernière fois qu'il avait pu aller se promener à Rikugi-en. Une fois sur place, 8:40, l'horloge de la voiture était moins précise, il pu se rendre à son endroit favori, un banc, tourné vers un petit lac, dos à un bout du jardin zen. Vu l'heure, encore aucun touriste, c'était parfaitement calme, et il pu s'asseoir, tout en lançant de temps à autre à manger aux poissons qui vivaient dans l'étang. La question était, si l'un d'entre eux, un jour, remontait la petite cascade plus loin au fond de l'étang, se transformerait-il en dragon, comme dans la légende ? Oh, et puis à quoi bon se torturer sur cette question ? Ao n'était pas spécialisé dans l'étude de mythes, mais bien dans l'étude de faits. Bon dieu, c'était bien plus agréable d'être ici que sur ce vieux matelas trop mou.
On ignore pourquoi elle se trouvait ici. On ignore ce qu'elle pourrait faire ici. Personne ne savait pourquoi elle se trouvait là. Pourtant la réponse se trouve être très simple, un peu de repos. Et puis se balader n'est pas un crime, Zeroyo-san ne fait pratiquement rien de ses journées et peu de personnes viennent la rendre visible, ce qui pourrait la peiner. Elle se baladait assez tôt dans cette petite contrée accueillante et charmante. De plus, madame suivait avec cet environnement automnal ; une magnifique robe aux couleurs des feuilles mortes avec par dessus un manteau au couleur des marrons, une écharpe en velours crème et un chapeau de la même couleur que sa robe avec quelques petits papillons dessus d'une couleur crème et marron. Pour éviter d'avoir des mains glacées, elle avait toujours ses gants en cuir et en velours sur elle.
Non loin d'elle se trouvait un homme installé sur un banc. Il était seul et ne savait quoi faire de sa pauvre matinée. Etait-il à plaindre ? Oui. Elle s'approchait de celui-ci avant de s'installer gracieusement sur le banc, fixant les carpes qui réclamaient à manger dans ce petit lac d'une beauté simple.
« Connaissez-vous la légende du Namazu ? »
Comment monsieur ? Est-ce que Damoiselle vous adresse la parole ? Si oui, il serait aimable de se retourner pour pouvoir savoir avec qui vous avez affaire.
Les carpes étaient occupées à gober les petites miettes à la surface de l'eau, provoquant de petites ondes qui atteignaient la rive du lac rapidement, pour s'évanouir avec un petit clapotis fort agréable à entendre. Vouté vers l'étendue d'eau, les coudes sur les genoux, les mains supportant le visage, il se laissait bercer par ces clapotis mélodieux. L'occasion pour lui de se perdre dans ses pensées, de se demander s'ils allaient vraiment réussir à prendre le contrôle du gouvernement de Tokyo, de se demander ce qu'il allait faire avec le déserteur, de se demander ce qu'il allait faire de la capsule qu'il avait chez lui, contenant un concentré du produit à la source de toutes les mutations. Il fut finalement tiré de ses pensées pas si intéressantes par une voix, douce et féminine, lui demandant s'il connaissait la légende du Namazu. Cette voix, il la connaissait. Il l'appréciait. Se redressant, il sourit sans se tourner.
- Je crois que j'ai été bercé par cette légende et d'autres par ma grand-mère durant mon enfance, et c'est quelque chose qui malheureusement se perd.
Finalement, il pivota doucement, puis se déplaça de façon à se trouver en face d'elle, avant de s'incliner.
- Ravi de vous voir ici, Hitotsuyanagi-sama. Vous êtes resplendissante. Partagerez-vous ce banc avec moi ? Qui sait, peut-être aurons-nous la chance d'apercevoir un enfant du Namazu pointer son museau, si je donne assez de nourriture en offrande.
Aoguro retourna s'asseoir, gravant cette nouvelle image de la femme dans sa mémoire, aux côtés des autres. Femme sans âge, femme superbe, femme dotée d'empathie, femme parfaite. Elle tranchait tellement avec celles qu'il côtoyait à Tikal, c'en était presque irréel, du moins amusant.
Un sourire satisfait s'étirait sur ses douces lèvres. Comme quoi sa popularité était toujours au rendez-vous. Elle lâchait un petit rire discret avant de regarder l'horizon mais en tenant compte des gestes de ce jeune homme. Son invitation la faisait rire, un petit peu. Elle fixait les poissons nageant gracieusement dans l'eau. Elle ne répondait pas au jeune homme, restant toujours dans le même sujet.
« Les mythes disparaissent lorsque les humains n'y croient plus. »
C'est un fait, c'est une vérité. Elle posait son regard sur l'homme tout en gardant ce sourire poli.
« Il semblerait qu'à une certaine période datant de plusieurs générations, plus personnes ne croyaient aux mythes ... Depuis, les créatures cessent d'exister »
Elle s'appuyait sur le dossier avant de porter son regard dans son petit sac, elle y sortait un fume-cigarette et l'alluma pour pouvoir manger un peu de cette substance qui pouvait la réduire à n'importe quel moment.
« Cependant, ceux qui peuvent voir ces créatures sont considérés comme des fous. Au moins, ils représentent l'élite qui font encore vivre ces créatures. La science a tout détruit. Cet enfant du Namazu dont vous me parlez ... Croyez-vous en son existence, Basho-san ? »
Ne cherchez pas à comprendre comment elle connait votre nom de famille. Il vaut mieux laisser la logique de côté parfois. Madame adore s'informer de tout et de rien.
Ainsi, selon elle, les créatures existaient dans les temps anciens, mais la perte de crédulité de l'homme les avaient tuées ? Du coup, ne suffisait-il pas que les humains se remettent à croire pour que ces créatures apparaissent à nouveau ? Après tout, ils rêvaient encore la nuit ? Etait-ce si improbable de pouvoir rêver la journée ?
- Ainsi, pour vous, ceux qui sont capables de voir ces créatures seraient une élite ? Parce qu'ils ont reçu ce don. Mais alors, tous ces malheureux, qui reçoivent des dons depuis cette explosion il y a cinq ans, seraient des élus également, en quelque sorte. Et pourtant, c'est cette science, qui a contribué grandement à reléguer au statut de mythes chacune de ces bêtes fantastiques je vous l'accorde, qui est la mère, bien involontaire, de ces nouveaux élus. Elus qui à mes yeux ont bien plus l'air de malheureux frappés d'une nouvelle peste que d'élite...
C'était fou, comme ce qu'il savait de cette femme s'avérait être vérifié. Rien que par sa présence, par ses paroles, elle déliait sa langue et son coeur, l'amenant à confier sa peine pour tous ces gens dont il avait bouleversé le quotidien il y a cinq ans. Encore un peu et il lui confiait l'objet de ses travaux actuels. Heureusement qu'il lui restait un peu de rationalisme.
- Et bien ! Je suis honoré que mon nom soit connu d'une personne telle que vous ! Quant à croire à l'existence de l'enfant du Namazu, bien qu'étant homme de science, mais vous le saviez sans doute déjà, je crois à son existence, ainsi qu'à celles de toutes ces bêtes qui peuplent nos contes. Ou plutôt j'espère qu'elles existent. Le rêve est la matière première de mon travail, et pouvoir ne serait-ce que voir ce rêve, serait, je pense, comme une lumière guidant mon chemin. Mais vous, y croyez-vous ?
Il laissa sa tête tomber en arrière, ses cheveux frôlant le sol, avant de soupirer doucement. A quoi bon chercher le Nirvana, si on est aussi bien sur cette Terre ?
Elle l'écoutait toujours alors que son regard était dirigé vers l'autre côté du lac. Les poissons pataugeaient, réclamant la nourriture tant désirée. Zeroyo n'avait rien à leur donner. Pauvres petites créatures. Ayant l'oreille attentive, les paroles du jeune garçon faisait rire la jeune dame. Elle ne riait pas aux éclats, mais ce n'était pas un rire discret non plus. Moqueur ? Peut-être. Amusée ? Ah ça, oui.
« Haha, mais voyons. Nous ne parlons pas du même type d'élite. Ce phénomène datant d'il y a déjà cinq ans n'est qu'un mensonge, ce ne sont pas des dons qu'ils possèdent là. Il suffit juste de s'exposer dans la zone concernée pour obtenir un pouvoir absurde. Un don ... Le vrai ... Vous l'avez dès votre naissance, Dieu vous a choisi, vous êtes l'élite parmi tant d'autres qui ne sont que des sujets artificiels, des "malheureux" comme vous le dites si bien. Car il faut bien l'avouer, reproduire la substance explosive pour les vendre comme des petits pains aux passants dans la rue ... Cela peut être vraiment bénéfique. Le mot élite n'a plus aucun sens dans ce genre de situation. »
Son regard rubis croisait ceux du jeune homme, un sourire énigmatique s'étirait sur ses lèvres alors qu'elle prenait une nouvelle bouchée de fumée.
« N'est-ce pas ? »
N'êtes vous pas du même avis que moi ?
« J'appelle ça une malédiction, pas un don. Pauvres hommes, ils sont à plaindre. »
Et moi alors ? Elle se redressa légèrement et tapotait sur son fume-cigarette pour y faire tomber les cendres. Voilà qu'elle revenait sur le sujet du Namazu. Si elle croyait à cette légende, à ce personnage qu'elle n'avait jamais vu de sa vie ? Elle laissa un long blanc avant de perdre son sourire et de fixer le ciel d'un gris déprimant.
« Qui sait. »
Elle inspirait sa fumée avant de l'évacuer par ses lèvres et ses narines.
Le vent s'était levé, soufflant doucement dans ses cheveux, tandis qu'il écoutait la voix de Zeroyo. Quand bien même elle blâmait sévèrement la science, acte qu'Aoguro aurait eu du mal à supporter en temps normal, son discours se voulait apaisant. Comme un baume que l'on passe sur les plaies de quelqu'un. Cependant, un petit mot le piqua dans ses propos. Explosif. Il releva donc la tête.
- Heureux de voir que nous nous accordons à propose de la condition de ces gens, affublés d'une mutation contre leur gré. Cependant, il ne suffit pas d'aller sur la zone de l'explosion pour contracter un don, il faut aussi que son code génétique soit compatible avec le produit.
Qu'elle parle ainsi montrait que la dame n'était pas omnisciente. Et c'était fort heureux, autrement elle ne serait sans aucun doute pas resté à côté du trentenaire. C'était plutôt amusant, comme elle entretenait le mystère sur ce qu'elle pensait, tout en déliant la langue de son interlocuteur. Aoguro passa la main dans son sachet de croûtons, et, haussant un sourcil, se leva pour vider les dernières miettes dans le lac, froissant ensuite le sachet dans sa poche. Il avait été trop généreux, un sachet durait en moyenne trois fois. Et le nombre de poissons près de la rive était étonnamment haut. Mais pas encore de poisson chat. Il se rassit donc.
- Et ce produit n'était, je suis désolé que vous puissiez penser ça, pas explosif du tout.
Zeroyo n'était en aucun cas une spécialiste des sciences. Elle ne s'attardait que sur les faits qu'elle ait pu voir ou entendu. Par conséquence, l'explosion du bâtiment qui contenait les produits chimiques ... Beaucoup de personne lui avait dit que cette substance était explosive. Et puis bon, dans le fond, ça ne regardait pas la jeune dame, du moins pas totalement.
« Veuillez pardonner mes idées reçues. »
Zeroyo avait vraiment du mal à apprécier les mutants, pour quelles raisons ? Ah ça ... Cependant, cet homme l'intéressait énormément. Elle se retourna légèrement pour être un peu plus face à celui-ci, posant son regard rubis sur les siens.
« Que voulez-vous dire par rapport au fait que le produit doit être compatible avec notre code génétique ? Je suis très curieuse sur ce sujet. »
Mince. Il avait trop parlé. Peut-être avait-elle perdu un proche dans l'explosion, ou bien même à cause d'un rejet de mutation. Lui indiquer qu'il était seul survivant de l'équipe de chercheurs ayant mis au point le mutagène n'était vraiment pas une bonne idée. Il fallait rester aussi général que possible. Mais après tout, c'était de cette femme dont on parlait. Peut-être savait-elle exactement qui il était, peut-être était-elle sur ce banc en ce moment avec la volonté de l'entendre confesser toutes ses angoisses. Mais non, ça n'arriverait pas. Pas ce matin.
- Même quelqu'un comme vous ne peut tout savoir, je ne vois pas de raison de vous en vouloir pour un petit raccourci si facile à faire. Même la presse a présenté l'explosion comme causée par ces produits. Pour ce qui est de la compatibilité génétique, j'ai eu l'occasion, par le passé, de jeter un oeil sur la formule du composé qui cause tous ces soucis. Et il n'était pas prêt à être inoculé à n'importe qui, était sujet à des phénomènes de rejets, bien que l'équipe travaillant dessus ait fait d'énormes progrès dans la réduction de tels phénomènes. En bref, l'exposition aux vapeurs dudit produit, je crois que le nom était HPR, entraînent des mutations uniquement sur les porteurs de certains gènes, mais je ne vais pas vous faire un exposé de génétique, ça serait vraiment déplacé, vu le lieu.
Et voilà, son regard l'avait complètement troublé, il en avait trop dit. S'il s'en était tenu à "j'ai eu accès à la formule", pourquoi pas, mais là, il donnait trop de détail. Hésitant, il contempla la fumée quelques instants.
- Vous ne devriez pas fumer. C'est vraiment mauvais pour la santé, la votre comme celle de votre entourage. Il ajouta, dans sa barbe, même si je n'ai pas besoin de respirer. Ca serait idiot de gâcher une si jolie face. Oh seigneur, un poisson chat !
Bondissant presque de son banc, il se hâta vers la rive. Un poisson chat venait de pointer le bout de ses barbillons.
- Venez donc voir, et constater si l'enfant du Namazu existe réellement !
Les bouts de l'écharpe et les chaussures en cuir prennent l'eau ? C'est pas grave, il y a plus important, s'émerveiller comme un enfant.
Elle l'avait écouté attentivement. Elle n'avait rien à dire de plus. Lorsque Aoguro s'exclamait sur la fumée qui régnait autour de la jeune femme, elle ne pouvait s'empêcher de rigoler. Rire sincère ou moqueur ? Difficile à dire.
« Mauvais pour ma santé ? Ha ha. Vous me faites rire. »
Un petit sourire s'étirait sur ses lèvres tendit qu'elle inspirait une nouvelle fois dans son petit bijou. Et si elle était à l'origine de cette fumée et non cette cigarette ? Dragon cracheur de feu et de fumée. Ca ne pourra jamais la nuire, son pouvoir le lui interdisait. Voilà que cet homme s'exclamait sur un poisson-chat se trouvant près d'eux. Il avait l'air tellement enfantin, Zeroyo ne savait pas si elle devait trouver ça pathétique ou mignon à en crever. Seul un sourire répondait à Aoguro, cependant cette expression ne restait pas longtemps sur son visage, elle reculait doucement avant d'écraser son mégot sur le banc.
« Basho-san, existe-il un moyen de stopper tout ça ? »
Elle se tournait vers cet homme, plus sérieuse que jamais.
« Existe-il un moyen de supprimer l'existence de ces pouvoirs sans en invoquer la mort ? »
Etait-ce une haine qu'elle avait pour ces mutants, ou bien voulait-elle se débarrasser à tout prix de ce qu'elle était à présent ... ?
Aoguro était passionné ou presque par le poisson chat qui semblait imperméable à sa présence, nageant presque contre lui, comme un chat qui se frotterait contre les jambes d'un homme qui ne lui veut aucun mal. Il ne s'alarmait pas du rire de la femme, et ne lui prêtait qu'une attention distante. Jusqu'à ce qu'elle prononce ces mots. Qu'elle pose cette question. Visiblement, plus qu'un petit poisson chat, il avait dans ses filets un morceau bien plus intéressant. Se redressant doucement, il recula, avant de pivoter, se retrouvant face à face avec Zeroyo. Il la fixa, ses yeux tentant de lire dans les siens. Tout l'éclat brillant et enfantin qu'avaient ses yeux avait disparu, laissant place à une froideur triste dans son regard. Bon dieu qu'il était mauvais à ça, il n'arrivait jamais à deviner les pensées d'autrui en les fixant. Finalement il cligna des yeux, avant de prendre la parole.
- Hitotsuyanagi-sama. Y'aurait-il quelqu'un qui vous soit cher, qui ait été frappé par ce maux ? Ou bien est-ce uniquement par altruisme ? Quoiqu'il en soit, si un homme peut stopper une de ses mutations sans tuer celui qui en est victime, c'est moi.
Il marqua une pause, soupira, puis se rassit à côté d'elle.
- Cependant je ne suis pas magicien. C'est en étudiant l'ADN du mutant en question que je pourrai trouver une solution à son problème. Dites à vôtre ami de venir un jour chez moi, je l'examinerai. Enfin, plus tôt j'aurai connaissance de sa nature, plus tôt je pourrai envisager un remède.
Aoguro ne pouvait exclure que la femme parlait pour elle. Et il en avait de plus en plus, des petits clients qui venaient le voir pour qu'il supprime leur pouvoir temporairement. Cependant celle-ci était la première à qui il donnait la possibilité de venir chez lui, de voir son installation. Trop tard pour ravaler ces mots, sans doute encore cette influence que la femme avait sur son entourage.
Il ne savait plus où se mettre le pauvre, la jeune femme ne pouvait s'empêcher de sourire. Pourtant ses paroles avaient l'air plus que sincère, alors le sourire de Zeroyo disparu.
« Quelqu'un qui me soit cher ... Oui et non. Mais si vous pouviez faire quelque chose pour elle. »
Elle, oui pour elle. Zeroyo-san, une jeune femme qui ne peut supporter ce qu'elle est vraiment, cette chose qu'elle ne contrôle pas vraiment, elle aimerait par moment rester humaine. Juste humaine. Mais voilà, il y avait des conséquences, peut-être qu'il ne savait pas vraiment supprimer cette maladie mais juste la stopper durant un court instant. Dommage, mais Zeroyo ne va pas s'arrêter là.
« Il n'y aura pas de problème, voici mon numéro. »
Sortant de son petit sac une carte de visite, elle le tendait à Basho-san avant de se frotter les mains rapidement. Un petit coup de stress et d'énervement ? Sûrement. Croisant ses jambes et ses bras, Zeroyo fixait le ciel avec un petit sourire aux lèvres. Un sourire tendre et affectueux, celui qui ne veut que du bien.
« Aimez-vous les dragons ? »
Elle passait une main dans ses cheveux qui flottaient dans le vent avant de poser ses pupilles sur ceux de monsieur scientifique.
Et bien, la matinée avait été productive. Il avait bien fait d'arrêter de compter dans son lit, de se lever et d'aller donner du pain aux poissons. Rencontrer Zeroyo était déjà un honneur, alors lui rendre service, à elle qui était plutôt celle qui rendait service d'habitude. Enfin, à une de ses amies, mais c'était bien pareil. D'ailleurs, c'était étonnant qu'elle n'aide pas son amie elle-même. Après tout, c'était son travail non ? Il récupéra la carte.
- Une seconde, je vous appelle pour que vous ayez le mien.
Aoguro sorti une antiquité, un vieux Nokia, composa le numéro sur la carte, appela, raccrocha. Puis il rendit la carte. Après tout, il n'en avait plus besoin.Il s'apprêtait à s'incliner pour la remercier de lui faire confiance, lorsqu'elle éveilla toute sa curiosité.
- V...Vous avez dit un dragon ? Votre amie. Peut. En dragon. Seigneur, c'est magnifique. Il faut absolument que je la vois, que je puisse étudier son ADN? Un dragon... Vous rendez-vous compte ? Votre amie est un être de légende. Je l'aiderai. Je vous promets qu'elle n'aura pas à craindre cette part d'elle-même. Un dragon...
Il n'en revenait pas. Sa théorie, qui jusqu'alors s'était plus ou moins vérifiée, était que les mutations répondaient aux besoins profonds de l'individu mutant. De quoi pouvait avoir besoin quelqu'un qui se muait en dragon... Ca ravivait le feu de sa curiosité. Il avait hâte de pouvoir examiner cette personne, oh oui.
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